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Autant le dire… : Nii waongo*, monsieur le président de la « Concorde »

Publié le lundi 31 décembre 2012 à 01h02min

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Une fois de plus, le président Blaise Compaoré a « trahi » tous les pronostics. Les tapeurs de sable, les jeteurs de cauris et autres regardeurs dans l’eau n’ont pratiquement rien vu venir. Blaise Compaoré lui avait sa carte. Bien en main. En mettant Soungalo Apollinaire Ouattara à la tête de l’Assemblée nationale, il vient de prouver une fois de plus son désir profond de faire participer tous les enfants de la Nation à la construction de la République. Quand bien même le choix de Soungalo Ouattara fait l’unanimité ou presque, il est la preuve que le président Compaoré va chercher les hommes qu’il faut à la place qu’il faut et au moment qu’il faut. Soungalo Ouattara, ci-devant ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale force l’admiration.

Partout où on le met, partout où il entre. Par son engagement, sa rigueur, sa disponibilité, mais surtout par ses innovations à tout point de vue. Soungalo Ouattara, voulait être journaliste. Malheureusement ou heureusement (c’est selon), il est devenu administrateur civil. Sa philosophie non-écrite, c’est de se donner à fond pour être utile partout où on sert son pays pour mériter la confiance en soi placée. Aussi, partout où il est passé, il s’est positivement illustré. De son Koumi natal à l’université de Ouagadougou où il obtient une licence ès-lettres, à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature en passant par l’université de journalisme de Lomé où il s’était inscrit pour faire du journalisme, il a aussi été volontaire entre temps des Nations unies, cet intrépide travailleur, grand commis et serviteur de la nation, ne passe pas inaperçu.

En effet, c’est à l’université de Ouagadougou qu’il s’est inscrit à l’université de Lomé en journalisme suite à des mouvements d’étudiants. Mais contre toute attente, il se retrouve à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature. Il s’adapte très vite en se mettant tout de suite au travail. Il en sort avec le diplôme de cycle supérieur de cette prestigieuse école. Très jeune, il est nommé préfet de Réo, dans le Sanguié. Le jeune fonctionnaire, toujours en jean y travaille avec abnégation et surtout compétence. Il sera tout de suite remarqué. Plus tard, il sera préfet-maire de la même localité. De Réo, il sera affecté à Bogandé.

Soungalo Ouattara, est l’étalon de l’administrateur civil tel qu’on le voudrait. Après sa « tournée » dans les provinces où il a acquis une véritable expérience, il est appelé directement au cabinet du ministre Jean-Léonard Compaoré de l’Administration du territoire en tant que Secrétaire général. De là-bas, il est nommé à la Commission nationale pour la décentralisation. Où il écrit avec son équipe, pratiquement tous les textes qui ont abouti à la mise en place de la décentralisation. Connu pour sa rigueur et le sens élevé de la responsabilisation, le président du Faso lui fait appel pour s’occuper du Secrétariat général de la Présidence. Il y passe 13 ans. Un record.

Ce qui n’est pas rien. Après les municipales de 2006 qui ont consacré la décentralisation intégrale, c’est tout naturellement qu’il a été appelé au gouvernement au ministère délégué chargé des Collectivités locales, puis territoriales. Il retrouve une fois sa passion, mais à un niveau beaucoup plus élevé. Le « ministre des maires » parcourt le Faso. De Tin-akkof à Mangodara, de Médebdo à Gassan, de Manga à Faramanan, il fait construire des sièges à toutes les communes rurales. Au remaniement suivant, il est appelé au ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Soungalo y bouscule toutes les habitudes, ressort les dossiers qui dormaient depuis des années dans les tiroirs et met tout le monde au travail. Lui en tête.

La Fonction publique devient le champ du père de tout le monde. Les fonctionnaires sont désormais fiers de leur statut. Il met en place de grandes innovations : recensement biométrique des fonctionnaires, coupe du fonctionnaire, management directorial des agents nommés en Conseil des ministres, décentralisation/déconcentration des actes administratifs des agents, les reclassements et reconstitutions de carrières sont mis à jour, etc. Les dossiers des agents publics ne doivent plus souffrir. Au niveau des concours de la Fonction publique, des mesures sont prises pour la décentralisation et la rigueur dans l’administration. Puis naît la crise de 2011. On lui ajoute le ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Ce secteur va connaître lui aussi des innovations. Pour la première fois, en 2011, le dialogue gouvernement/syndicats est conclu sur vingt-trois points d’accord.

Sur le plan politique, Soungalo Ouattara a longtemps travaillé dans l’ombre à cause de sa fonction de Secrétaire général qui lui recommandait l’impartialité. Mais, dès qu’il a été nommé ministre, un poste hautement politique, les Burkinabè ont découvert en lui une bête politique. Il est membre du bureau exécutif du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), membre du bureau politique, puis commissaire politique régional des Hauts-Bassins. Aux élections législatives de 2007, il est classé 4e dans sa province, le Houet. Pour capter les voix des électeurs selon certains milieux ; mais pour d’autres, c’était une manière de ne pas le laisser passer député. Peu importe, il s’est battu jusqu’au bout pour son parti. Quand il n’a pas été élu, des militants ont pleuré devant sa porte. Il a dû quitter précipitamment Bobo ce jour-là.

Mais l’homme, comme s’il croyait en son destin, redouble d’efforts. Directeur régional de la campagne présidentielle, directeur provincial de la campagne des élections couplées de 2012, il est élu député. Ces pairs du CDP et une partie de l’opposition lui font confiance. Il est élu président de la représentation nationale. Pour cinq ans. Comme il se définit, il sera le « président de la concorde, de l’humilité », mais surtout de « la loyauté et du travail bien fait ». Pour une Assemblée nationale plus proche des Burkinabè et où, véritablement s’exprime la démocratie.

Dabaoué Audrianne KANI

*Nii waongo : bienvenue en langue nationale mooré

L’Express du Faso

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