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Article 35 : L’Assemblée tranche, Gbagbo crache dessus

Publié le lundi 20 décembre 2004 à 07h23min

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Ce week-end, le bonheur du président en exil du Rassemblement des Républicains (RDR) de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, aura duré seulement quelques heures.

Vu qu’il est interdit depuis 1995 de candidature à la présidentielle ivoirienne par les apprentits sorciers de l’ivoirité, le vote, par deux tiers des députés de l’Assemblée nationale ce vendredi, de la révision de l’article 35 de la Constitution, celui de tous les dangers, paraissait comme un cadeau divin pour lui. Pour la majorité des députés en effet, désormais, pour prétendre à la magistrature suprême, il faut être d’un père ou d’une mère ivoiriens, contrairement à l’ancienne disposition, selon laquelle il fallait être de père et de mère ivoiriens.

La différence est des plus claires, et l’on croyait la classe politique ivoirienne maintenant résolue à appliquer les Accords de Linas- Marcoussis et d’Accra pour sortir enfin de la crise, sous peine d’essuyer le courroux des médiateurs et les sanctions de la communauté internationale. C’était sans compter avec Koudou Laurent Gbagbo, le président ivoirien, qui nous a habitués à marcher à contre-courant de l’histoire.

Et pour ne pas trahir sa réputation, ne voilà-t-il pas que la loi à peine votée, le locataire du palais de Cocody a redit samedi sa volonté inébranlable de soumettre le nouveau texte à référendum ? Contre donc la majorité des députés et toutes les bonnes volontés qui s’investissent depuis le début de la crise pour un retour rapide de la paix sur les bords de la lagune Ebrié.

Si jamais Gbagbo devait être suivi, cela reviendrait à rejeter aux calendes grecques la présidentielle d’octobre 2005. Comment, en effet, organiser un référendum dans un pays divisé, où toutes les têtes d’affiche, au nord comme au sud, jouent les braves ? En fait, la décision du président ivoirien ne surprend guère, et la couleur avait été annoncée dès jeudi à travers le journal français "Le Parisien", à qui il avait accordé une interview.

Répondant à la question de savoir si l’Accord de Marcoussis, signé à Paris, n’était pas censé réconcilier les Ivoiriens, Gbagbo a répondu : "Moi je n’y étais pas. L’Etat ivoirien n’y était pas - Marcoussis était une catastrophe. Mais le temps d’en parler n’est pas encore venu. En attendant, moi j’applique les accords, même si je dis que c’est un mauvais texte - Je fais ma part, les rebelles devront faire la leur".

Mais la font-ils les rebelles ? Réponse du président ivoirien : "Jusqu’à présent, la seule chose qu’ils ont faite, c’est d’accepter d’être ministres ! Aujourd’hui, la seule chose qu’on leur demande, c’est de désarmer. En attendant, le négociateur, à la demande des rebelles, veut me faire voter des lois et je le fais. Mais contrairement à ce que pense la communauté internationale, je ne crois pas qu’ensuite ils déposeront les armes".

Ainsi donc avait parlé Gbagbo, qui sait si bien souffler le chaud et le froid, et qui nous convainc que le respect de la parole d’honneur n’est point dans ses habitudes. Une fois encore, pour la résolution de la crise ivoirienne, Marcoussis, Accra, Abuja, Pretoria et New-York se seraient trompés d’interlocuteur. Et Gbagbo réduirait tous les oiseaux de mauvais augure au silence, en faisant de la voix de l’Assemblée nationale celle du peuple, comme cela devrait l’être. Çe serait vraiment un cadeau royal de fin d’année.

Rabi Mitibkèta
L’Observateur Paalga

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