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Vision Express sur… : Les débiteurs des défunts et vice-versa

Publié le mercredi 26 décembre 2012 à 23h32min

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La confidence était un des ferments des relations humaines en Afrique. Seule la mort pouvait porter certaines confidences à l’oreille « externe ». En tout cas, sous nos cieux autrefois, des engagements financiers entre des personnes ou un groupe ne pouvaient être connus par les autres membres de la communauté qu’à cause de la mort d’une des parties ayant signé l’engagement. Il en était de même pour les autres engagements de type confidentiel. Concernant un engagement financier, le créancier, ou le débiteur (même mort) avait cette opportunité de reconnaitre ou de témoigner de ce qui le liait à telle ou telle personne.

Par exemple, lorsqu’un défunt devait à quelqu’un, avant sa mise dans sa dernière demeure, ses parents demandaient publiquement à l’assemblée. « Autant que nous sommes, nous avons nos confidences. Si notre regretté devait à quelqu’un ou bien si quelqu’un lui devait, c’est le lieu de le dire. Car nous voulons lui dire adieu… ». Connaissant le sens d’un engagement même celui pris avec une personne malheureusement morte, nos parents n’hésitaient pas de dire publiquement leur part des choses. S’il se trouvait que c’est le défunt qui était débiteur, leur créancier le disait soit publiquement, soit à un parent proche.

Et avant la mise du corps dans la tombe, Beaucoup de créanciers laissaient tomber leurs dus, car la mort mettait fin à tout (quand il s’agit de payer une dette) dans nos communautés. Par contre si c’est un vivant qui devait à un mort, la mise dans la tombe du corps était également une occasion pour lui de reconnaître la dette contractée avec le défunt. Dans ce cas, il revenait aux parents du créancier qui n’est plus, de décider de la suite. Sauf si avant de mourir, le créancier avait pris une décision à propos de son dû. Cette façon de faire en Afrique, traduit combien les morts comptent dans le quotidien des Africains. « En Afrique, les morts ne sont pas morts, les morts ne sont pas partis », dit Birago Diop.

Cette considération culturelle des morts en Afrique n’est plus une réalité. C’est pourquoi, des gens ne se gênent plus de taire leurs engagements en cas de mort. Seuls les créanciers des personnes mortes n’hésitent pas à interpeller les parents du regretté pour réclamer leur dû. Sinon le contraire n’est qu’un souvenir sous nos cieux. Pire, des gens n’hésitent pas à dérober les biens des morts si elles en ont l’occasion. Pour quelle que raison soit il, le bien d’un mort est très sacré. Même ses parents ne peuvent s’emparer qu’après des rites qui diffèrent d’une communauté à une autre. Donc reconnaître la dette qui nous lie à un mort, est un acte qui nous grandit. Pour la prochaine vision, nous resterons dans le même registre, pour parler du respect des morts.

Souro DAO (daosouro@yahoo.fr)

L’Express du Faso

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