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Editorial de Sidwaya : Missive aux élus nationaux

Publié le lundi 24 décembre 2012 à 00h32min

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Editorial de Sidwaya : Missive aux élus nationaux

Le Parlement burkinabè s’apprête à accueillir les 127 nouveaux députés de la 5e législature. Certains se sont fait élire sans véritablement connaître leur futur rôle au sein de l’auguste Assemblée. L’avènement de cette nouvelle législature nous donne l’opportunité de féliciter les élus nationaux et de dévoiler ce que le citoyen lambda attend d’eux. Aujourd’hui, les Burkinabè sont de plus en plus exigeants vis-à-vis de ceux qui gèrent au quotidien leur destin.
Contrairement aux législatures précédentes où des élus n’ont fait que prolonger leur sieste à l’hémicycle, les nouveaux arrivants doivent s’attendre à un volume de travail assez important.

Le citoyen attend des élus du 2 décembre 2012, plus d’engagement et d’actions concrètes. Il serait souhaitable que chaque élu “mouille le maillot”. Enfin, nos nouveaux élus doivent bien démentir Coluche pour qui : « La chambre des députés, la moitié sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout ».

Au-delà des sessions plénières ouvertes au public et généralement diffusées au profit du contribuable, l’Assemblée gagnerait à jouer mieux son rôle pour convaincre l’homme de la rue.
Le citoyen attend de la représentation nationale, une fois le budget adopté, qu’elle contrôle effectivement l’exécution quant à la mise en pratique de ce budget. Selon le règlement du parlement, la Commission des finances et du budget, tout au long de l’année, peut interpeller n’importe quelle administration ou institution. Mais le fait-elle réellement ? Le citoyen veut se convaincre que le parlement n’est pas une chambre dormante.

En consentant l’impôt et en votant le budget de l’Etat, le parlement doit au bout de la chaîne, contrôler l’utilisation des fonds publics. Si la Cour des comptes, chaque année, à travers ses enquêtes, relève des cas d’irrégularité dans la gestion des finances publiques, c’est la preuve qu’il y a des problèmes à résoudre, du travail à faire. C’est pourquoi, le vote des lois ne doit pas être mécanique, mais bien justifié.

Ce ne serait pas de trop que de rappeler aux honorables députés que le Législatif a aussi pour rôle de contrôler l’Exécutif. Cette mission est l’un des critères essentiels dans la définition de toute assemblée parlementaire. Un des principes de l’Etat de droit, est que le pouvoir de l’Exécutif censé gouverner le pays soit contrôlé. Et ce rôle de contrôle d’ordre politique, revient à l’Assemblée nationale qui peut demander une information ou prendre une décision.

Déjà, les Burkinabè commencent à comprendre que chaque année, le chef du gouvernement a l’obligation d’exposer et de défendre sa politique à l’Assemblée nationale et qu’il doit en outre faire l’état de la Nation une fois par an. Cet exposé qui est suivi de débats semble être apprécié du citoyen. Malheureusement, des questions parfois saugrenues, peu pertinentes, insolites sont posées par ceux qui sont censés représenter la Nation entière. Aussi, l’essentiel des questions relève souvent des préoccupations personnelles, individuelles que nationales. Beaucoup de députés oublient parfois qu’ils ont une dimension nationale et non locale ou régionale, voire régionaliste.

En se faisant élire député, la femme ou l’homme doit être capable d’interpeller le ou les ministres, pour exposer en commission par audition ou devant la plénière, les politiques sectorielles. Les questions spécifiques sur la politique d’ensemble du gouvernement adressées au Premier ministre ont également leur utilité, en ce sens qu’elles permettent aux personnes interpellées d’accomplir leur obligation de rendre compte, leur devoir de redevabilité. La fierté du député ne doit pas se résumer à son salaire, au luxueux véhicule ou à tous les avantages qui vont avec le titre. Non ! La fierté d’être député doit rimer avec un engagement ferme et soutenu à contribuer efficacement à l’approfondissement de la démocratie et au développement du pays.

Chers élus, des outils vous sont offerts, en l’occurrence les questions écrites ou orales, avec ou sans débat, et les questions d’actualité. A chacun de jouer son rôle durant les cinq prochaines années pour qu’à terme, le passage de chaque élu à l’Assemblée ne soit pas un passage à vide.

L’Assemblée a enfin la possibilité de créer par résolution une commission d’enquête parlementaire. Cela lorsqu’elle juge qu’un problème, une situation ou toute autre situation nécessite l’ouverture d’une enquête parlementaire. La commission d’enquête qui comprend en général dix députés fait des investigations. Même si son rapport est destiné prioritairement au président de l’Assemblée nationale et au gouvernement, il convient de trouver des voies et moyens pour rendre publiques les conclusions des enquêtes afin d’éviter les suspicions, la désinformation, les rumeurs, toutes choses qui perturbent la quiétude de la république.

Chaque année, des institutions de lutte anti-corruption mettent à l’index différents corps de l’administration publique, d’autres dénoncent la mauvaise exécution des marchés publics. Le phénomène a toujours pion sur rue. Il y a donc du boulot à faire ! La nouvelle Assemblée aura en son sein, toutes sortes de compétences : experts comptables, policiers, magistrats, journalistes, commerçants, fonctionnaires internationaux… La nouvelle Assemblée nationale avec sa configuration devra donc se battre pour redorer son image. Aussi curieux que cela puisse paraître, il existe toujours au sein des populations des gens qui éprouvent de sérieuses difficultés à avoir une haute idée de cette institution victorieuse.

Nous croyons cependant qu’avec toutes ces compétences enregistrées pour la 5e législature, un changement notable peut et doit s’opérer.

Sans demander à l’Assemblée de voter des motions de censure contre le gouvernement qui peuvent retarder la marche du pays, le citoyen souhaite véritablement sentir le parlement dans son rôle. L’animateur radio et journaliste français, Jacques Mailhot disait : « Chez certains députés, le sommeil est parfois ce qu’il y a de plus profond ». Vivement que les nouveaux locataires de l’hémicycle ne le transforment pas en dortoir et en chambre d’enregistrement. Que nos élus prouvent le contraire à ceux qui pensent comme le Français Marcel Dassault qu’« ...Un député, ça ne sert à rien ». Dans ce vaste chantier du développement, appelé Burkina Faso, un député a un grand rôle à jouer dans la vie de la Nation burkinabè pour une transformation positive de la cité et de la vie de ses concitoyens.

Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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