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Vision Express sur… : La lutte contre la corruption

Publié le lundi 24 décembre 2012 à 00h29min

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A la faveur des assises nationales sur la corruption, qui ont lieu actuellement dans notre pays, nous revenons sur un sujet que nous avons traité dans notre édition N°3195 du vendredi 13 au dimanche 15 janvier 2012. « Politiques, qu’ils soient de la mouvance présidentielle ou de l’opposition, proclament à qui veut les entendre, mettre la lutte contre ce fléau en première ligne de leur combat », écrivions-nous alors. D’où la création d’une multitude des structures de lutte contre la corruption. Créée le 29 novembre 2007 et placée sous la tutelle administrative du Premier ministère, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE), devait donner du « tonus » à ce combat.

On est en droit de dire qu’elle n’a pas failli à mission. Nos compatriotes accordent vraisemblablement du crédit au travail de cette structure, au point de presser les plus hautes autorités du pays à donner des suites à ses différents rapports. Le 13 septembre 2012, rendant visite au contrôleur général d’Etat, Bruno Bessin et ses camarades, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao l’enjoignait de faire un récapitulatif des structures et personnes soupçonnées de malversations dans les différents rapports.

Cela a été fait avec l’assurance que des sanctions suivraient. C’est dans l’attente de savoir quelles sanctions ont été prises à l’encontre de ces personnes que les Burkinabè, ont été conviés à des « assises nationales » sur la corruption. En a-t-on vraiment besoin ? Pas si sûr ! Il aurait fallu donner de la visibilité aux suites précitées - s’il y en a - et aux recommandations de l’ASCE, pour convaincre les Burkinabè que la volonté politique de lutter contre la corruption dans ce pays est réelle. Or, on semble s’acheminer vers la création d’un autre « machin » de lutte ou de coordination de la lutte contre la corruption. Et si au lieu de tout cela, on travaillait à convaincre les différents acteurs de la lutte contre la corruption de faire leur part du boulot, sans crainte.

Pour ce qui est de la presse, les dernières nouvelles ne sont pas faites pour l’y encourager. En effet, coup sur coup, des organes de presses ont été sévèrement sanctionnés. Le 29 octobre dernier, le Directeur de publication de « L’Ouragan » a été condamné à 12 mois de prison ferme, 6 mois de suspension de publication et 4 millions de FCFA de dommages et intérêts pour « faits de diffamation, d’injures et d’outrages à magistrat par voie de presse ». Plus récemment, c’est le Conseil supérieur de la communication, organe officiel de régulation de la presse, qui suspendait « Le Quotidien », de publication, du 17 au 23 décembre 2012.

La raison invoquée est la diffusion, à répétition, d’images choquantes. Sans vouloir alimenter une quelconque polémique, force est de constater que ces sanctions tombent à un moment où, après la campagne électorale, les populations vont demander des explications aux gouvernants quant à leurs promesses de combattre sans état d’âme le fléau de la corruption. Et dans la dénonciation de la fraude, la presse est forcément en première ligne. Dans le contexte actuel de nos lois et règlements en matière de délits de presse, ces types de décisions à l’encontre des acteurs de médias, laissent penser à une volonté insidieuse de musellement des médias. Nous ne demandons pas l’impunité pour les hommes et femmes de médias que nous sommes, mais de savoir que nous ne sommes pas infaillibles, et nous accorder quelques « dérapages » inhérents à la faiblesse humaine.

Ceci, pour permettre à ces acteurs de jouer, avec sérénité, leur partition dans la lutte contre la corruption, pour la bonne gouvernance et l’affermissement de la démocratie au Burkina Faso.

Aly KONATE (alykonat@yahoo.fr)

L’Express du faso

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Vos commentaires

  • Le 26 décembre 2012 à 09:06, par ORAN En réponse à : Vision Express sur… : La lutte contre la corruption

    Tunisie : qui veut acheter un bien mal acquis de Ben Ali ?
    Le Point 24/12/2012
    Depuis dimanche, près de 12 000 biens ayant appartenu au président déchu et à son épouse sont mis en vente dans la banlieue de Tunis.
    "C’est une voiture joujou-bijou qu’il n’utilisait qu’en août", déclare Mohamed Hamaied, le responsable pour le ministère des Finances de la gestion des voitures confisquées. Il présente ainsi la Maybach du président tunisien déchu Ben Ali. Cette grosse berline allemande, le sixième et dernier mod&e grave ;le au monde, est exposée et mise en vente à l’Espace Cléopâtre à Gammarth, banlieue chic de Tunis.
    Plus de 12 000 articles ayant appartenu à l’ex-président tunisien et à son épouse, qui se sont enfuis de Tunisie le 14 janvier 2011, sont présentés au public durant un mois. Pour le 23 décembre, première journée d’ouverture, le guichet affichait complet malgré un ticket d’entrée à 30 dinars, soit 15 euros.
    Près de cinq cents personnes s’y sont rendues dans le but de faire des affaires. Tous ces biens ont été récupérés dans le palais de Sidi Dhrif, à Sidi Bou Saïd et appartiennent désormais à l’État Tunisien en vertu du décret-loi du 14 mars 2011. Depuis l’Arabie saoudite, o& ugrave ; il a trouvé refuge, Ben Ali a annoncé le 13 janvier 2012 qu’il comptait porter plainte devant le Comité des droits de l’homme de Genève.
    "La voiture de James Bond"
    Parures de diamants, chaussures griffées des plus grandes marques de luxe, mais aussi des sacs à main, des ceintures, des manteaux en fourrure, des tapis, du mobilier, tous les biens à moins de 5 000 dinars pourront s’acquérir directement. Pour les autres, des ventes aux enchères seront organisées. Les riches acheteurs intéressés par les voitures et les bijoux feront, eux, leur offre sous pli cacheté. "Ils feront l’objet d’une enquête pour vérifier qu’ils n’ont pas de liens directs ou indirects avec les Ben Ali-Trabelsi", justifie Mohamed Hamaied.
    Acquise en 2003, la Maybach, une grosse berline alle mande offerte par Muammar Kadhafi, est presque unique au monde. Depuis qu’il a pris son poste en février 2012, Mohamed Hamaied a le privilège de pouvoir la conduire, tout comme la Vanquish Aston Martin de Sakhr el-Materi. "La voiture de James Bond", s’amuse un employé du ministère des Finances.
    Un véhicule "fait main" en Angleterre, comme l’indiquent les deux plaques - chacune d’une valeur de 9 000 euros - posées près de l’assise de ce véhicule spécialement fabriqué pour le gendre de Ben Ali. "C’est une voiture intelligente. Elle peut être commandée à distance. Lorsqu’on l’a récupérée, nous ne pouvions pas l’ouvrir. Il nous arrivait de revenir à la caserne et de voir les vitres baissées, la radio allumée...", s’est rappelé Mohamed Hamaied, lors d’une rencontre en octobre. Ray-Ban vissées sur le nez, costume bleu ciel, il présentait fièrement les quelque 140 véhicules confisqués jusque-là et parqués au sein de la caserne de la garde nationale.
    Patrimoine
    Ferrari, Lamborghini ou encore Porsche, la quarantaine de voitures de grand luxe récupérées par l’État tunisien ont été retrouvées un peu partout dans le territoire tunisien. "Certaines avaient été larguées dans des marécages. D’autres étaient à moitié enterrées dans des hangars souterrains", explique Mohamed Hamaied. Près de 25 000 euros, selon lui, ont été dépensés pour "retaper" les véhicules endommagés après le 14 janvier 2011. Certains bolides, impo rtés en Tunisie par la famille, n’étaient même pas enregistrés dans le registre des douanes, comme la berline de Nesrine Ben Ali. "Elle a été confisquée à un jeune étudiant saoudien qui vivait à Londres", raconte Mohamed Hamaied. Depuis, toutes appartiennent à l’État tunisien.
    Et ce dernier espère retirer 20 millions de dinars, soit 10 millions d’euros, des ventes "pour participer au développement du pays". De son côté, le ministre de la Culture a intimé au gouvernement l’ordre de ne pas céder certains biens. Des tableaux, mais aussi des statuettes en ivoire, en bronze, autant d’objets précieux "considérés comme patrimoine national. Ils ont des valeurs inestimables. Tout cela vient de Ben Ali, cela fait partie de l’histoire, de son é ;poque. Il faut garder des traces pour les générations futures", explique Hafef Douss, la responsable de l’organisation de cette foire.
    "La corruption se trouvait partout"
    Au total, le ministère des Finances assure avoir déniché plus de 45 000 articles. Des découvertes qui ont valu des condamnations à l’encontre du président déchu. En juin 2011, lui et son épouse Leïla Trabelsi ont ainsi écopé chacun de 35 ans de prison pour détournement de fonds publics. Quinze jours plus tard, une peine de 15 ans et demi de prison a été prononcée pour détention d’armes, de stupéfiants et de pièces archéologiques.
    Pendant 23 ans, Ben Ali et son clan, composé de 113 personnes, ont tissé leur toile d’araignée en Tunisie et partout dans le monde à travers des sociétés-écrans ou encore des biens immobiliers. Une toile que s’échine à démêler la commission de confiscation du ministère des Finances tunisien. "Il nous faudra au moins trois ans pour arriver à tout trouver", estime Nejib Hanène, le président de cette commission, créée par le décret-loi du 14 mars 2011. "La corruption se trouvait partout. Tous les ministères ont été touchés."
    Quelque 280 titres fonciers, dont le palais de Sidi Dhrif, 140 véhicules, sur un parc estimé à plus de 200 véhicules, et des participations dans 401 sociétés ont pour l’instant été confisqués. "Les personnes qui ont travaillé avec eux ont reçu un avis en avril 2012 leur demandant de déclarer les biens qu’ils auraient mal acquis." Six participations d’entreprise sont en cours de cession. La dernière en date, les 13 % de capital de la Banque de Tunisie, a été rachetée par la Banque fédérative du Crédit mutuel.
    Reste à récupérer les avoirs à l’étranger. Selon Nejib Hanène, le clan avait des participations dans plusieurs sociétés, mais aussi des biens immobiliers. "Russie, Chine, pays arabes, Europe, même les pays scandinaves sont touchés, énumère Nejib Hanène. Je ne sais pas dans quel pays ils ne sont pas allés."

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