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Convergence citoyenne et panafricaine : "Nous exigeons la destitution de Laurent Gbagbo"

Publié le jeudi 16 décembre 2004 à 07h16min

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La Convergence citoyenne et panafricaine (CCP) fait une chronique de la crise ivoirienne et égrène des axes pour une sortie de crise.

La sous-région ouest africaine est en proie depuis plus d’une décennie à des convulsions socio-politiques. Ce cycle d’instabilité chronique à eu pour corollaires une crise économique, sécuritaire sur fond de paupérisation grandissante des populations. Dans un environnement plombé, où la plupart des pays de cette sous-région sont inscrits à l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), il convient de mener une analyse étymologique afin de déceler les causes véritables de cette situation, d’en comprendre les enjeux et impacts pour enfin envisager des perspectives à même de remettre nos jeunes Etats sur les rails du développement.

I - Les causes

Cette situation peut avoir pour raisons :
- les perversions et scories de la colonisation ;
- l’échec des programmes et plans de développement des après indépendances ;
* absolutisme des chefs d’Etats (la personnalisation, l’autoritarisme et la théocratisation du pouvoir),
*¨patrimonialisation de l’Etat (la personnalisation des règles de gestion et de la finalité de l’Etat, l’institutionnalisation des détournements des deniers publics, de la corruption et de l’affairisme),
* tribalisation de la société, de la politique de développement et d’aménagement du territoire (l’exclusion et la marginalisation de la majorité des nationaux, tribalisme et sectarisme, fanatisme et terrorisme d’Etat).

No comment ! Dirait-on. Dans le cas particulier de la situation en Côte d’Ivoire dont les effets sont sans précédent sur la stabilité sous-régionale, il convient de faire un bref rappel. En effet, Laurent Gbagbo, favorisé par une constitution explosive, et portée par l’insurrection militaro-civile accouché par l’élection "calamiteuse" d’octobre 2000, s’autoproclame président de la république.

Jubilant sur son 1er charnier, il ne cherchera pas à résoudre les problèmes socio-politiques (mal gouvernance et recul démocratique), mais plutôt à les exacerber par l’élimination physique et radicale de ceux qui en révèlent l’existence. Il n’y a plus de tolérance, plus de possibilité de diversification ni de différenciation des opinions. On assiste à un baillonnement de toute opinion critique, toute la société fonctionne sur le mode d’uniformisation.

La politique de la "pureté citoyenne" engagée, déborde et s’élargit sur le cas de monsieur Alassane Dramane Ouattara, toute sa communauté (les Ivoiriens "douteux") et les étrangers, principalement les ressortissants des pays de l’hinterland. Ce sont ces pulsions, entretenues par Laurent Gbagbo, qui conduiront à la fracture du pays depuis le 19 septembre à une atmosphère sous-régionale quasi explosive tant aux niveaux politiques, sociales, qu’économiques et culturels.

II - Les impacts sur le Burkina Faso

Notre pays le Burkina Faso, vit aux rythmes des bouleversements qui surviennent en Côte d’Ivoire, particulièrement à cause de sa très forte communauté expatriée (elle avoisine dans la région ouest africaine au moins la population résidente) et des liens économiques, financiers et surtout socio-historique qui faisait d’eux des alliés traditionnels, mais qui vont se distendre depuis que ce dernier fait face à une crise interne.

Cela a eu pour effets :
- Sur le plan politique, on assiste à plusieurs incidents diplomatiques qui ont abouti souvent à une rupture de dialogue.
* Chasse aux burkinabè : événements de Taabou, Monokozohui et les tueries de mars 2004..
* Accusations sans preuves et campagnes d’intoxication (complot de la "mercedess noire", lettre à John Kuffor).
* Assassinat de feu Balla Kéïta à Ouagadougou en août 2002.
* Saccages et incendies de consulats et de l’ambassade du Burkina Faso.
* Tentative de putsch au Burkina avec la complicité du régime ivoirien.
* Velléités de déstabilisation du Burkina Faso avec l’axe Abidjan-Conakry-Noukchott.

- Sur le plan social. Les opérations de rapatriement et de retour volontaire de nos compatriotes de la Côte d’Ivoire qui arrivent souvent dépouillés de tous biens suscitent deux grandes inquiétudes.

* Comment faire face au retour de la quinzaine de millions de nos compatriotes vivant en Afrique de l’Ouest si le problème ivoirien n’est solutionné comme il faut ?
* Pendant combien de temps encore nos parents au village, les milliers d’élèves et d’étudiants, se verront priver de l’aide de leurs parents expatriés en Côte d’Ivoire ?
- Sur le plan économique et sécuritaire. Par volonté, notre pays a choisi d’instaurer avec la Côte d’Ivoire un partenariat économique d’envergure. Ce qui n’est pas sans conséquence dans la situation actuelle.
* Nombreuses entraves à la libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services.
* Difficultés d’approvisionnement et de distribution pour le commerce et l’industrie.
Ce qui provoque de nombreuses cessations d’activités donc des licenciements et autres mises en chômage technique.
* Baisse de plusieurs indicateurs, ce qui annihile les performances économiques et les notables avancées sur le plan social.
* La montée fulgurante de l’insécurité à nos frontières et aux alentours des grandes villes.
- Sur le plan culturel et citoyen. Erosion du sentiment citoyen et patriotique.
* Invitations d’artistes xénophobes ivoiriens par les promoteurs de spectacles sans vergogne et autres affairistes.
* Libre commercialisation, consommation et diffusion de musique et d’image xénophobes et haineuses sur des supports cassettes et CD.
* Communications faites au président ivoirien et au secrétaire général de l’ONU respectivement par l’opposant Hermann Yaméogo et les "intellectuels".

III- Les perspectives

Après une analyse froide de la situation, la Convergence Citoyenne et Panafricaine :
- constatant que le très long processus de discussion, de négociation, de persuasion et de concertation, ne fait que prolonger le martyr des populations ivoiriennes et de la sous-région par la seule volonté de Laurent Gbagbo,
- souhaitant la préservation de la solidarité humaine et l’unité en lieu et place des consciences tribales, ethniques et fascistes.
- réaffirme son soutien et sa solidarité à toutes les victimes et ayants droits des victimes, au peuple burkinabè, à son gouvernement et au chef de l’Etat ;
- exige de la communauté internationale la destitution de Laurent Gbagbo et la mise sous tutelle Onusienne du pays. Les accords de Marcoussis peuvent être appliqués sans Gbagbo, il faut oser sacrifier l’individu pour préserver l’espèce ivoirienne et sous-régionale. L’Administrateur nommé prendra toutes les mesures nécessaires pour l’organisation des élections et la mise en place du Tribunal Pénal International pour la Côte d’Ivoire(T.P.I. RCI) ;
- appelle le gouvernement burkinabè à user de tous les moyens d’intervention en cas de démission de la communauté internationale. Il est inacceptable que nos compatriotes, comme de nombreux Ivoiriens innocents soient "les Tutsis de Gbagbo". Jamais !

- appelle les autorités compétentes de prendre toutes les dispositions nécessaires afin de :
* doter notre pays d’un ministère des Burkinabè de l’extérieur,
* réinstaurer le service militaire obligatoire,
* introduire une discipline d’Education Culturelle et citoyenne dès le cours primaire.

- rappelle à l’ensemble des corporations socioprofessionnelles et politiques la nécessité d’oeuvrer au raffermissement de la cohésion, de la paix sociale et de la stabilité. Elle doit permettre, surtout au gouvernement, dans un état d’esprit dégagé de toute pression, de s’investir fermement, efficacement et définitivement à ce qui pourrait être, si on y prend garde, un précédent grave dans l’histoire du Burkina Faso.

Ouagadougou, le 15 décembre 2004

Pour le Bureau Exécutif National

Le Président Okson Idrissa SAWADOGO

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