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Amadou Zon (CFD/B) : « Quand on dit qu’un maire s’est envolé avec une urne, ça voudrait tout dire »

Publié le vendredi 7 décembre 2012 à 03h13min

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Amadou Zon (CFD/B) : « Quand on dit qu’un maire s’est envolé avec une urne, ça voudrait tout dire »

Jusque là député pour le compte de l’Union pour la république (UPR), Amadou Zon a rejoint la CFD/B (Convention des forces démocratiques du Burkina) trois mois avant les élections du 02 décembre. Il a implanté ce parti dans la province du Mouhoun et a dirigé la campagne aussi bien aux municipales qu’aux législatives. Certes, il n’a pas réussi à se faire réélire comme député dans cette province mais son « nouveau parti » devra jouer à l’arbitre pour le contrôle de la mairie de Dédougou car ni l’UPR, ni le CDP n’obtient la majorité. Dans l’entretien ci-dessous, il apprécie le déroulement du scrutin et se prononce sur les « tentatives de manipulation » des résultats des urnes à Ouagadougou.

Lefaso.net : Quelle appréciation faites-vous du déroulement des scrutins du 02 décembre dernier ?

Amadou Zon : On peut dire que le scrutin s’est déroulé d’une manière passable. Pas de manière parfaite dans la mesure où il y a eu des petits problèmes d’organisation. Je pense que c’est en cela que nous avions souhaité que ces élections soient repoussées pour permettre à la CENI de prendre toutes les dispositions nécessaires pour une organisation sans reproche de ces élections.

La logique voudrait que chaque parti politique ait un délégué pour suivre le déroulement du scrutin pour lui dans chaque bureau de vote. Il se trouve que c’est à 24 heures des élections qu’on nous appelle pour nous dire qu’il y a deux de la majorité et deux de l’opposition qui seront pris en charge. Nous sommes dans une province (ndlr : Mouhoun) où il y a 18 partis qui partent aux élections législatives, deux de la majorité et deux de l’opposition, on prend qui et on laisse qui ? La logique voudrait qu’on détermine les délégués par parti politique. La CENI s’est laissé aller et on a voulu dire que le CDP doit être partout. Donc, on a voulu associer un parti de la mouvance au CDP, ce qui fait que les autres partis sont restés sur le carreau. C’est déplorable parce que la loi n’a pas dit ça. La loi dit que tous les partis politiques doivent déposer leur liste de délégués à la CENI huit jours avant les élections pour que la CENI puisse la prendre en compte. Nous, dans notre province, on a été les premiers à déposer notre liste et la CECI même n’était pas au courant de cette disposition. Dans la mesure du possible, il va falloir travailler pour améliorer cette situation de telle sorte que les élections se passent très bien afin que les gens soient unanimes quant aux résultats qui en sortiront.

Lefaso.net : Mais, il était possible pour chaque parti d’envoyer son représentant non ? S’il a les moyens…

Amadou Zon :Je crois que c’est sur la prise en charge que la CENI s’est tablée pour prendre cette disposition. Mais lorsqu’il y a prise en charge, il faut le faire pour tout le monde. Ce ne sont pas des élections présidentielles où il y a la majorité et l’opposition. Pour des élections locales, il est difficile de prendre en compte certains partis et laisser d’autres. A ce niveau, ça a été mal réfléchi et je pense qu’il faut revoir les choses. Malgré cela, nous avons dit à la CENI que nous allons envoyer nos délégués dans les bureaux de vote conformément aux dispositions du code électoral. Dans certaines localités, on a été surpris de voir nos représentants dehors soit disant qu’ils n’avaient pas de badge, soit disant que c’est les deux de la majorité et deux de l’opposition qui pouvaient accéder aux bureaux de vote.

Sur le plan provincial, nous n’avons pas pu aller partout mais là où nous sommes allés, on a vu effectivement qu’il y avait des problèmes. On avait du mal joindre les représentants de la CENI et au moment où on arrivait à les joindre, on avait souvent l’impression que les gens avaient des partis pris. Je prends un exemple dans la commune de Konan où notre représentant a déposé notre liste quand le président de la CECI n’était pas là. Celui qui a reçu la liste ne l’a pas transmise au président. C’est la faute de la CECI et non celle de notre parti. Sous le prétexte que le président n’a pas vu la liste, il se cantonne sur cela pour dire que ce n’est pas son problème, nous ne pouvons pas envoyer de délégué.

Lefaso.net : Hormis ces problèmes d’interprétation de certaines dispositions de la loi, peut-on dire que le scrutin a été transparent ?

Amadou Zon :Si vous parlez de transparence, c’est parce que vous avez pu suivre si non vous ne pouvez pas parler de transparence. C’est pour cela qu’il faut relativiser les choses. Nous-mêmes, nous nous sommes déplacés dans des bureaux de vote pour amener des gens à la raison avec le code électoral en main. Il y a des membres de la CENI qui n’ont rien lu dans le code électoral. En ce moment, ça devient compliqué. Je pense qu’on devait prendre des gens qui sont en mesure de comprendre le code électoral et l’appliquer comme tel. Il y a eu des difficultés et il faut qu’on travaille à améliorer les élections à venir.

Lefaso.net : Selon les premières tendances, arrivez-vous à glaner des postes de conseillers et de députés dans la province du Mouhoun où vous étiez candidat aussi bien aux municipales qu’aux législatives ?

Amadou Zon :Nous étions présents sur l’ensemble des 7 communes de la province du Mouhoun. Je dirai qu’aux législatives, nous savons déjà que nous sommes hors course selon les résultats provisoires dont nous disposons. Quant aux municipales, nous avons réussi à avoir une douzaine de conseillers municipaux dans la commune de Dédougou, un dans la commune de Douroula, un ou deux dans la commune de Safané... Pour nous, c’est satisfaisant dans la mesure où nous avons gagné à Dédougou. On dit que Dédougou, c’est les électeurs qui savent pourquoi ils votent. Par conséquent, nous pensons que nous avons fait un travail conséquent. Pour les villages, nous n’avons pas à rougir dans la mesure où nous savons ce qui s’est passé. Là les gens ne savent pas pourquoi et pour qui ils votent. C’est après coup qu’ils regrettent leur acte.

Lefaso.net : En tant que troisième force politique dans la commune de Dédougou, vous allez devoir jouer à l’arbitre entre le CDP et l’UPR pour le contrôle de la mairie. A-t-on commencé à vous faire la cour ?

Amadou Zon :Effectivement, nous avons reçu des appels mais nous ne pensons pas que ce soit le moment pour discuter de ces choses. Dans la mesure où nous n’avons pas les résultats définitifs, nous ne pouvons pas nous tabler sur les tendances de résultats provisoires pour aller en tractation avec certains partis politiques. Nous leur avons dit d’attendre jusqu’à la fin du processus et après nous allons ensemble voir. En tous les cas, nous conseillers municipaux de la CFD/B, nous allons jouer notre partition au sein de cette commune. Par conséquent, nous attendons de voir les résultats définitifs et voir dans quelle mesure nous allons nous positionner pour apporter notre contribution au développement de cette commune.

Lefaso.net : A Ouagadougou, certains partis crient aux fraudes ou tentatives de manipulation des résultats… si des partis déclarés perdant par la CENI venaient à appeler les gens à sortir pour contester les résultats, quelle sera votre réaction ?

Amadou Zon :Les gens vont toujours dire ce qu’ils pensent. Mais, je pense que si effectivement ce qui est dit vrai, c’est grave pour notre processus électoral. Quand on dit qu’un maire s’est envolé avec une urne, ça voudrait tout dire. Mais, nous n’étions pas là et nous ne pouvons pas entrer dans ce débat. Mais, je pense que tous les acteurs politiques doivent travailler pour l’avenir de notre pays. Que ce soit du côté du pouvoir ou du côté de l’opposition, que chacun travaille de telle sorte qu’on respecte le verdict des urnes.

Si non appeler à manifester ? Je pense que nous sommes dans un pays démocratique. Les gens ont des droits et des devoirs mais il faut que les gens aillent dans le sens de l’apaisement afin de permettre à notre pays de rester stable si non aujourd’hui, nous allons faire un recul et cela n’est pas intéressant. Nous avons vu ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire et je ne pense pas qu’ici cela pourrait arriver ici.

Propos recueillis par Moussa Diallo

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