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Autant le dire… : « Vous avez dit la proportionnelle au plus fort quoi ? »

Publié le jeudi 6 décembre 2012 à 00h35min

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Dans un état-major de parti politique. Juste après les votes et le décompte des voix, le système de calcul des voix est vite mis en place. Au fur et à mesure que les résultats des bureaux de vote parviennent, on procède à leur introduction. Le même système permet de faire la synthèse de tous ces résultats et donne ainsi les résultats finaux. Ces résultats environ 22 000 voix pour le parti politique qui arrive en première position.

Le suivant obtient lui un peu plus de 6 000 voix. On procède donc par la méthode de calcul au plus fort reste. Ce calcul est si complexe que très peu de membres de l’équipe technique le maîtrisent. Alors que dans le camp du premier parti on se congratulait déjà, on va vite déchanté. Le reste ne plus permet pas d’obtenir le deuxième siège. Naturellement, celui-ci revient au second parti. Personne n’a rien compris si bien que quelqu’un s’est interrogé dans le groupe en ces termes : « vous avez dit la proportionnelle au plus fort quoi ? ». « Au plus fort reste », lui a réponde un autre membre. On lui explique en vain le procédé.

Le voici ce procédé. Supposons que quatre partis sont en compétition pour cinq sièges de députés à pourvoir dans une circonscription donnée. Supposons que le parti A a obtenu 5000 voix, le parti B 2 700 voix, le parti C 1 200 et le parti D 1 100 voix. Admettons que le nombre de suffrages exprimés est : 10 000. Le quotient électoral sera de 2000 voix en divisant 10 000 par 5. C’est-à-dire que 2000 voix donnent droit à un siège de député. Les partis A et B gagent respectivement 2 sièges et un siège. Sur les cinq sièges à pourvoir, trois ont été attribués par la méthode du quotient électoral. Mais il reste encore deux sièges à attribuer. Si on utilise la proportionnelle au plus fort reste cela donne ceci.

Parti A : 5000 – 2X2000 = 1000 (reste). Parti B : 2700-1x2000 = 700 (reste). Parti C : 1200-0X2000 = 1200 (reste). Parti D : 1 100-0x2000= 1 100 (reste). Les partis C et D auront chacun un siège puisqu’ils ont les plus forts reste. Alors qu’en réalité, il ne devrait rien leur rester. Autrement dit, il devrait être en « rouge ». Malheureusement ou heureusement (c’est selon) la méthode du fort reste leur permet d’obtenir un siège chacun. Cette méthode, comme on le dit permet aux petits partis d’obtenir des sièges. Par quoi donc d’ailleurs faut-il comprendre « petits partis » ?

N’est-ce pas contre ces partions qui démultiplient le nombre de partis au Burkina qu’on veut bien lutter afin d’équilibrer et de rendre un peu plus sain le paysage politique ? Nous voyons que les partis A et B qui gagnent 4 à 2 deux fois le nombre de suffrages obtenus par les partis C et D gagnent pratiquement le même nombre de sièges que ces derniers. Ce qui revient à dire qu’autant 2700 à 2500 voix représentent un député, autant 1200 et 1 100 représentent le même député. Quelle incongruité ?

Revenons donc dans notre état-major de parti après avoir ainsi torturé les méninges pour obtenir de tels résultats. Les militants se sont révoltés et certains ont maladroitement proféré des injures contre le parti adverse. Ce qui est condamnable mais compréhensible. Puisque tous les efforts qu’ils ont consentis n’ont servi à rien. Ce qui, si on n’y prend garde, risque d’avoir des conséquences sur la mobilisation et l’intéressement des populations à la chose politique. D’autant plus que du côté des dits petits partis on dit à qui veut l’entendre qu’il suffit d’avoir quelques voix dans une commune, qui n’est même pas une circonscription électorale de député, pour être élu député. Grave, non ?

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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