« Comme vous le savez nous avons pris de nombreuses initiatives pour que ces élections se passent dans la transparence et dans la crédibilité. Nous tenons à observer toutes les règles de prudence pour nous assurer que les résultats sont traités et délivrés dans des conditions absolues de sécurité. Cela nécessite du temps, hélas ! Nous sollicitons donc votre compréhension ».

Pour montrer comment elle fonctionne, l’assemblée plénière de Commission nationale électorale indépendante a exceptionnellement ouvert les portes de sa salle de validation à la presse, l’espace d’une soirée. « Il faut que vous puissiez comprendre pourquoi cela met autant de temps pour divulguer les résultats », explique Me Barthélémy Kéré, le président de la Céni.

Dans la salle où les journalistes pénètrent en cette soirée de mercredi, les membres de la commission plénière ont les yeux rivés sur plusieurs écrans. Ils sont en contact avec les démembrements de la Céni au niveau des provinces. Pour les hommes de médias, c’est Me Kéré qui joue les guides. « Notre rôle est de travailler avec l’ensemble des centres provinciaux de compilation des résultats. De manière à pouvoir valider tous les résultats, d’abord des élections législatives et ensuite des municipales, explique t-il. Nous travaillons à ressembler l’ensemble des résultats de tous les bureaux de vote, pouvoir les classer et parvenir à un certain nombre de constantes à partir desquelles nous déterminons la distribution des voix. »

C’est la province du Sourou qui sera pris comme "cas pratique" pour montrer comment se fait le travail. Dans cette province comptant 221 bureaux de vote, 21 partis se disputent les deux sièges de députés en jeu. Pour savoir à qui ils doivent revenir, la Céni passe en revue l’ensemble des procès verbaux et détermine un quotient électoral tenant compte du nombre d’électeurs, du nombre de votants, du pourcentage de femmes, des suffrages exprimés et de bulletins nuls. Ce quotient, pour le Sourou, est de 19 470. Par application du quotient électoral, le CDP, avec ses 22 774 voix, obtient un siège. L’UPC, avec ses 4 265 voix, s’adjuge le second siège par application du plus fort reste, puisque les voix restantes du CDP (3 304) ne suffisent plus à lui en procurer un.

Puis, grâce à la liaison satellite, l’assemblée plénière et le centre provincial vérifient, ensemble, point par point, ces résultats pour être sûrs qu’ils concordent. « Vous vous imaginez ce que cela représente comme travail ? interroge le président de la Céni. Depuis que nous avons commencé, nous avons examiné 39 procès verbaux. Donc le Sourou est la 39e province validée. Reste à valider six provinces en plus de l’examen de la liste nationale, pour ce qui concerne les élections législatives. Après cela, nous allons nous atteler à la validation des élections municipales. »

Parmi les "retardataires", le Centre provincial de compilation des résultats (CPCR) du Kadiogo, province qui compte 1882 bureaux de vote. Son siège, logé dans les bâtiments du Haut Commissariat de la province, ressemblait à une fourmilière au moment de notre passage ce mercredi soir. Réception des plis des arrondissements et des communes rurales, vérification des scellés, comparaison des feuilles de dépouillement à celles des résultats, saisie, ré-vérification…Me Armand Bouyain, l’un des trois coordonnateurs et son équipe sont sous pression. « Il s’agit de s’assurer que des voix d’un parti ne sont pas affectées à un autre par erreur », explique t-il. Malgré son volume de travail, la CPCR du Kadiogo espère achever le traitement des résultats d’ici demain soir. « Sans être indicatif, nous ferons de notre mieux pour transmettre ces résultats à la Céni », promet Me Armand Bouyain, en prenant soin de rappeler que « ce sont des humains qui font le travail ».

Desire T Sawadogo

Fasozine