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Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

Publié le jeudi 6 décembre 2012 à 00h34min

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Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

Les pays africains aux démocraties balbutiantes sont souvent confrontés à un problème de casting quand ils traversent certaines étapes de leur histoire. Combien de pays ont-ils déjà cherché en vain l’oiseau ou des oiseaux rare (s) consensuels pour gérer des affaires courantes, régler une transition ou pour sortir d’une crise ? Cela témoigne que le personnel peut-être disponible en masse, mais peu répondront au profil requis car c’est en ce moment qu’interviennent les détails.

Il est de l’intérêt de chaque pays ou de chaque groupe de disposer en permanence d’hommes et de femmes capables de rassembler et de mobiliser les énergies pour accomplir des missions précises. Mais cela suppose que ces oiseaux rares conservent de par leurs actes et comportements, l’aura dont ils jouissent pour pouvoir jouer soit le rôle de locomotive ou de tampon selon les circonstances. Mais hélas, certains-par des actes conscients ou inconscients- finissent par vendanger le capital de sympathie dont ils pouvaient se targuer en se livrant corps et âme à la politique politicienne et partisane.

Le Burkina Faso ne fait pas exception à cette règle qui actionne les mécanismes de la compromission des leaders. L’on se souvient qu’en avril 2011, au temps fort de la crise des scolaires et des militaires qui ont secoué le pays, peu d’hommes et de femmes trouvaient grâce aux yeux des Burkinabè pour conduire une quelconque initiative. Le président Compaoré ne disposait pas lui-même d’une longue liste de personnalités qui avaient non seulement de la compétence et surtout du crédit pour assumer certaines responsabilités. C’est dans ce contexte qu’il a rappelé l’actuel premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao, alors ambassadeur du Burkina à Paris, pour lui confier la primature avec pour principale mission de réussir une sortie de crise. Ce dernier avait dû démissionner des instances du CDP pour diriger le Conseil supérieur de la communication (CSC) et depuis lors, il ne faisait guère montre d’un militantisme ostentatoire dans son parti d’origine.

Cette relative neutralité vis-à-vis de la classe politique lui a du reste conféré beaucoup de crédits pour dérouler ses stratégies de sortie de crise en tant que chef du gouvernement.

C’est ainsi qu’avec tact et une bonne dose de communication ajoutée à la compréhension, voire à la coopération des différents acteurs, il a réussi tant bien que mal sa mission. Mais à la surprise générale, le premier ministre Tiao a opté de sauter les pieds joints dans l’arène politique pour afficher son militantisme. Les premiers signes sont apparus lors du congrès du CDP en mars 2012 où il a été affublé du titre de « conseiller » du secrétariat exécutif national de ce parti. Il a franchi un autre palier en prenant part à la compétition électorale en se présentant comme candidat de la province du Sanguié sur la liste du parti au pouvoir.

D’autres comme lui qui ont eu à gérer des postes et des institutions sensibles se sont mouillés avec les eaux du militantisme partisan comme l’ancien président de la Cour des comptes, Boureima Pierre Nébié ou l’actuelle présidente de la Commission de l’Informatique et des libertés (CIL) Mme Dah, tous candidats aux prochaines législatives sous la bannière d’un parti. L’ex-Premier ministre, Tertius Zongo, fait l’exception en la matière, lui qui n’est ni conseiller politique ni candidat à rien.
Cette option « politicienne » a naturellement coûté beaucoup de crédits au premier ministre Tiao. En effet, il n’est point besoin d’être devin pour savoir que le premier ministre a déjà laissé et laissera beaucoup de plumes dans cette élection, ou si vous voulez, dans cette course à la députation.

Des partis concurrents qui l’accusent de mener une concurrence déloyale en utilisant les moyens de l’Etat pour battre sa campagne ne lui ont-ils pas déjà retiré leur confiance tout en l’enjoignant de démissionner ? C’est vrai que le poste de premier ministre est un poste éminemment politique et que la tendance est d’utiliser les postes électifs pour assurer ses arrières. Mais il serait plus recommandable que des personnalités qui ont une certaine dimension se tiennent à équidistance avec l’engagement partisan pour ne pas vandanger leur aura et être exclus de ce fait, de la short liste des hommes « providentiels » quand viendra l’heure des castings pour les ultimes missions.

Mutations

MUTATIONS N° 17 du 15 novembre 2012. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2012 à 09:40, par BEN En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

    je ne fais plus confiance a ce monsieur tiao.
    c’est lui qui reviens attraper guiro pour battre ensemble la campagne. ca fait vraiment honte et pitié a la fois. il nous faut des vrais hommes dans ce pays au lieu des gens qui parlent, parlent, parlent................grandes gueules.

    • Le 6 décembre 2012 à 15:15, par elie de bonyolo En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

      et moi je le fait toujours confiance , je n oublie pas hier ,il a su ramener le calme par son trop parler comme tu le dit . Et quand au dossier guiro ,c est pas TIAO la justice . c est a la justice de conclure le dossier guiro .

  • Le 6 décembre 2012 à 12:35, par topo En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

    Mr BEN,vous faites du pléonasme,ou une pepétition unitile.traiter un journaliste de grande gueules,c est l encensé.Il a apprit cela et c est sa raison de vivre.C est comme si vous disiez à peu près ceci":le marcheur marche"

  • Le 6 décembre 2012 à 15:25 En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

    M. Tiao a beaucoup decu. Il nous a montre son vrai visage mais cela ne saurait dure. Quand Guiro fut arrete avec ces 2 milliards, il est sorti et a condamne energiquement cet acte mais aujourd’hui, il se pavane sans gene pour battre campagne avec le CDP aupres de ce voleur de GUIRO. Mais cela ne saurait dure. Nous irons le cueillir. tous des demagogues !

    • Le 6 décembre 2012 à 18:28, par Evariste Gamelin En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

      Je remarque que personne ne parle de Blaise. C’est lui le premier responsable dans cette affaire Guiro. Il se sert de ses 1ers ministres. Une fois usé, il change et se sert d’un autre sans lui-même se salir. C’est ça la réalité.

  • Le 6 décembre 2012 à 16:28, par Mechtilde GUIRMA En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

    J’avais bien dit au moment de sa nomination qu’il ne fera pas mieux que les autres, et j’avais lancé pour le défier le proverbe moagha qui dit « Yaa faoré né a kalungu » (l’équivalent de bonnet blanc et blanc bonnet). L’homme du reste, je le connais parfaitement. Je ne sais pas s’il se rappelle que lors d’une conférence au Ministère des Affaires Étrangères, il y a de cela quelque 15-20 ans, quand précisément il était au poste du CSI, en substance, il exhortait à l’audace des opinions même vis à vis du pouvoir. Après que je l’eus religieusement écouté, je lui ai lancé en guise de questions deux proverbes issus de mon terroir moagha :
    1) Qui peut accuser la mère du roi de la sorcellerie ? Ce qui sous-entend en quelques mots, que malgré le désir du roi de protéger les enfants de son royaume de ces « man….d’âmes », et ses exhortations à les dénoncer, il ne viendra à l’idée de personne d’aller dénoncer sa propre mère, à lui, qui commet tous ces crimes et méfaits dans la cité. Autrement c’est vous même qui passerez à la potence.
    2) Est-il vraiment indiqué pour le bâton de critiquer la paille parce qu’elle est nouée, autrement dit : lui qui semblait critiquer le pouvoir était-il sûr qu’il l’avait quitté et son parti ?
    Personnellement il y a ce qu’on peut dire au Burkina, une sorte d’entourloupe psychologique et social du pouvoir pour se maintenir, et qui consiste par la manière douce d’infiltration méthodique (dans tous les milieux, même religieux), pour cibler des ennemis potentiels par cas et par catégories afin de soit de les manipuler ou les amener au mieux vers la sortie, sinon les réduire au silence quitte même à les éliminer physiquement sans le moindre soupçon de quelque manière que ce soit. Et tous les moyens sont utilisés. Cela peut passer par le fameux « verdict des urnes » et de sa sœur « transparence électorale » tout en jouant sur les probabilités, les projections, les méthodes d’investigation de « launching » ou ballon d’essai, de manipulations de données ou de partis/et parties entre eux, d’épreuves infligées avant recrutement, d’illusion de masse et j’en passe (dont le grand maître fut Hitler). Thomas Sankara en a payé de sa vie pour sa candeur de St Juste ou de Robespierre. Bref vous les journalistes vous connaissez cela mieux non, puisque vous en payez parfois le prix ? Mais pour rassurer tout de suite, je pense que c’est un système mondial, même de grands pays chantres de la démocratie (l’UMP semble nous en donner l’illustration actuellement) et non propre au Burkina ou même de l’Afrique et je sais de quoi je parle.

  • Le 6 décembre 2012 à 18:01, par Guessad En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

    Cet homme fait parti des grands hommes du Burkina,le pays retiendra son nom dans l’histoire.Que Dieu vous bénisse,Monsieur le Premier Ministre !!!!

  • Le 6 décembre 2012 à 18:29, par Eric de Kouria En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

    Le pouvoir, dit-on est comme une femme. N´y touche pas. Quand on y a touché, on ne peut plus s´en passer. Sous d´autres cieux et dans d´autres cultures, les femmes ont aussi eu cette expression qui en dit long. « Ein Mal Schwarz, Schwarz für immer ». Pour ceux qui ne parlent pas la langue de Goethe, je m´en excuse. Ce Monsieur m´a déçu. Oui il m´a vraiment déçu, mais je ne suis pas surpris, car il fallait s´y attendre. Ainsi est le CDP. Ainsi est le Système Compaoré. Que les gens se détrompent, ils sont peu ces hommes politiques qui pensent vraiment aux préoccupations des Burkinabès. Des Hommes comme Thomas Sankara viennent tous les deux ou trois siècles, et disparaissent aussi rapidement, par notre faute. Si tout le monde pouvait comme un seul homme s´opposer à ce système, nous serions depuis longtemps libérés.

    • Le 7 décembre 2012 à 00:03, par Mechtilde GUIRMA En réponse à : Editorial de Mutations : Le piège du militantisme partisan

      Danke sehr hern KOURIA Eric. Sie haben ya alles erraten. Gucken sie mal, in unsre land scheinen die Leute keine Erinnerungsfäligkeit zu haben. Allerdings, so zu sagen, haben sie keines mehr gutes Gedachnis, und das ist sehr schade.
      Im voraus, wunche ich ihnen, EINES GUTES NEUES YAHR.

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