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Autant le dire - La mortalité maternelle : Un non événement de la campagne électorale

Publié le lundi 26 novembre 2012 à 01h06min

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Les candidats et les formations politiques en course pour les législatives et les municipales, depuis l’ouverture de la campagne s’échinent tant bien que mal à convaincre l’électorat. L’affaire semble ne pas être mince. Cinq minutes pour convaincre, programmes croisés, messages de campagne à la télévision et dans le quotidien Sidwaya, meeting par ci, meeting par là, chacun dans la mesure du possible tente de séduire les électeurs pour être plébiscité au soir du 02 décembre 2012.

Si certains messages sont vides, faut-il le souligner, d’autres par contre sont acceptables et méritent d’être relayés. Mais de tous les messages véhiculés, aucune formation politique, aucun candidat n’a pour le moment abordé ou du moins priorisé le cas spécifique de la moralité maternelle. La question de la santé est évoquée juste de façon globale au moment où la course aux voix des femmes, la « drague » de l’électorat féminin passe pour être un des enjeux de cette élection couplée. « Nous allons améliorer les prestations en construisant des infrastructures sanitaires », piaillent-ils ! Et le débat est clos !

La question de la mortalité maternelle ne se limite pas à l’amélioration des prestations sanitaires, encore moins à la construction d’infrastructures. La mortalité maternelle est une question transversale. Les obstacles rencontrés par les femmes et les filles résultent souvent des comportements discriminatoires profondément ancrés dans la société et confortés par les institutions au travers de la loi, de politiques et de pratiques. En 2011, ce sont plus de 100 décès maternels qui ont été enregistrés dans la région des Hauts-Bassins. Que dire alors des autres régions. Sous nos cieux, des femmes meurent tous les jours en voulant donner la vie. « L’hôpital, lit-on dans un document produit par Amnesty International, c’est comme la chambre de commerce…

Si vous êtes pauvre, on vous laisse de côté, si vous pouvez payer, on vous soigne. Ma sœur est morte en raison d’un manque de moyens et de traitement adapté ». Pauvreté, manque d’accès aux soins, pressions et certaines croyances sociétales, défaut de sensibilisation, l’éducation des filles, le droit sexuel et reproductif, et pire négligence du personnel sanitaire… et j’en passe, sont entre autres contraintes auxquelles font face nombre de femmes en ville comme en campagne. Elles sont nombreuses, celles qui continuent à accomplir des corvées domestiques souvent exténuantes pendant leur grossesse.

Résultat : des complications lors de l’accouchement avec à la clé la perte de deux vies. Il est encore temps pour ces politiques qui croient changer tout, qui croient rendre le Burkina Faso plus épanoui qu’il ne l’était, à se pencher aussi sur la question de la mortalité maternelle. Les femmes, comme ils le pensent, constituent le « bétail électoral ». Ce sont donc elles qui vous porteront ou vous « déposeront » du pouvoir. On dira oui, elles n’ont pas été nombreuses à s’inscrire sur la liste électorale. Certes ! Malheureusement, elles aussi, semblent, ne pas se rendre compte de la nécessité à trouver une solution à la mortalité maternelle. Lors des meetings, elles se livrent à des shows même au son de kuitata, se ruent sur les tee-shirts…oubliant que leurs semblables sont en train de passer de vie à trépas. Que c’est triste !

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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