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Des signes de maturité politique

Publié le jeudi 22 novembre 2012 à 00h49min

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Des signes de maturité politique

Les partis en lice pour les élections couplées, municipales et législatives de 2012 au Burkina Faso, sont de plain-pied dans la campagne. Les premiers jours de cette opération de deux de « pêche » et de « chasse » aux voix, affichent des signes de maturité des acteurs politiques burkinabè. En tout cas, à regarder les attitudes des différents acteurs, l’on sent qu’il y a eu du progrès. Pour se convaincre, il suffit de regarder dans la rue, comment la campagne électorale se mène, à travers la manière de coller les affiches sur les troncs d’arbres, les murs et aux autres endroits stratégiques de la ville de Ouagadougou.

En effet, sur un même tronc d’arbre ou un même mur, vous verrez des « étoiles », des « cases », des « lions », des « éléphants », des « dabas et des épis de mil », des « pigeons », des « chats », des « œufs », « de l’eau », « des chevaux », etc., symboles de différents partis politiques. Ces partis, d’obédiences diverses, du pouvoir, de la mouvance, centriste, voire de l’opposition radicale, ont leurs spécimens collés, côte-à- côte. Parfois, à des endroits inappropriés et non autorisés. Mais, l’on laisse faire, car, si la commune s’y oppose, l’on pourrait crier au scandale, disant qu’on veut empêcher un parti politique, surtout s’il est de l’opposition, de coller son affiche… Après tout, le fait le plus important, c’est que chacun respecte le spécimen de l’autre ou des autres.

Qui l’eut cru, au Burkina Faso ?

Cela pourrait être considéré comme un acte banal, mais, quand l’on sait qu’il y a moins de 10 ans, ce n’était pas du tout évident, il y a matière à réfléchir. Car, il n’y a pas très longtemps, pour coller de simples spécimens de partis ou de formations politiques, c’était la croix et la bannière. C’était du : « tu affiches ton spécimen, je le déchire et je colle le mien ». Avec une telle mentalité guerrière d’alors, inutile de dire que les activités politiques en période de campagne électorale se passaient dans une atmosphère tendue, de suspicion et de crise. Il arrivait que ceux chargés de coller les affiches s’arment de gourdins, d’armes blanches, voire de fusils, pour s’imposer aux autres. Et même avec tout cela, le lendemain, vous venez trouver les adversaires ont travaillé pendant la nuit, déchirant toutes les affiches.

Au regard de ce qui se passe de nos jours donc, il faut reconnaître qu’il y a eu une avancée qui fait honneur à la démocratie burkinabè et qui mérite d’être encouragée. Cette avancée laisse entrevoir que petit-à-petit, les leaders politiques comprennent que l’essentiel ne réside pas dans la violence, mais dans la méthode utilisée pour faire passer son message. Et qu’après tout, c’est le citoyen, l’électeur, qui demeure le maître du jeu. Pour cela, ça ne devrait pas déranger, si cela est possible, d’afficher les spécimens de 74 partis politiques, à un même endroit. Le dernier mot revenant aux électeurs.

Il y a donc lieu de saluer cette maturité politique des Burkinabè et inviter les uns et les autres à continuer dans cette dynamique. Les leaders des différents partis et formations politiques doivent continuer à sensibiliser leurs bases. Faire comprendre à tous leurs militants que chacun est libre de s’exprimer en respectant l’autre. Aussi, les quelques « têtes brulées » et autres radicaux qui ont encore pion sur rue dans les partis politiques et qui n’ont pas compris « le jeu », doivent changer leurs fusils d’épaule et rentrer dans les rangs, au grand bonheur de tout le Burkina Faso. En tout état de cause, c’est la démocratie burkinabè qui en sortira grandie, avec la paix et la stabilité du pays, à la clé.

En attendant, la campagne électorale se poursuit et chacun y va de ses arguments, pour convaincre les Burkinabè, afin qu’ils adhèrent à son projet de société. Et après cinq jours de campagne, le jeu semble se passer dans de bonnes conditions, dans la tolérance et le respect de l’autre.
Le souhait est qu’on permette à tous les partis politiques, quelques soient leurs tendances, d’aller partout où ils veulent, pour s’exprimer, vendre leurs projets de société. Et qu’au soir du 2 décembre 2012, les résultats montrent que ce sont les meilleurs projets de société qui ont conquis les électeurs.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 novembre 2012 à 11:17, par CHEIKH En réponse à : Des signes de maturité politique

    Hélas ! Des dérapages, il y’en a pourtant.
    L’autre jour, au carrefour de l’école des sapeurs pompiers sise au secteur
    20 de Bobo Dioulasso, il a fallu que je me retienne face à un énergumène, qui m’a aussitôt agressé, en collant son affiche sur la mienne, aussitôt que j’ai tourné dos. Renseignez vous, c’était tout juste au stop du "six mètres" de la petite pompe à essence, non loin de ladite école.
    Et puis lors de notre meeting au soir du 18/11, au secteur 14 de Bobo Dioulasso, nous avons été agressé par un individu à la solde du CDP, qui s’est rué à moto sur les bancs qu’occupait notre auditoire, sous prétexte que nos militants lui barraient la route. Demandez, on vous le confirmera

    • Le 22 novembre 2012 à 15:57, par Esprit En réponse à : Des signes de maturité politique

      C’est vrai peu être ce que vous dites. Mais en règle générale ca va. Vous savez, partout au monde il y a des attardés mentaux. Bravo !

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