Mais si cette annonce vise essentiellement à taire les informations, vraies et fausses, sur l’état de santé du président, elle ne rassure pas pour autant sur la véritable nature de ses blessures, encore moins sur la cause de l’attentat sur le chef de l’Etat. Le moins que l’on puisse dire c’est que ces blessures ont dû être assez graves pour nécessiter une hospitalisation de plus d’un mois dans un hôpital militaire en France. En attendant que la fusillade révèle tous ses secrets, la Mauritanie peut au moins revoir son président, dont la longue absence du pays avait commencé à faire des vagues, soulevées notamment par l’opposition mauritanienne.

Cette longue absence avait d’ailleurs marginalisé la Mauritanie dans la recherche globale d’une solution à la crise au Nord-Mali dont elle est un des grands voisins. A présent que Oul Abdel Aziz va retrouver son palais, on espère qu’il aura son mot à dire sur les grands dossiers d’un Sahel qui a plus que jamais besoin de tous ses chefs d’Etat pour panser ses blessures dues au terrorisme que lui imposent les djihadistes qui écument la région.

Mais qui veut la peau de Mohamed Ould Abdel Aziz ? Que le président ait sérieusement été atteint ou que ses blessures soient réellement bénignes, c’est l’attaque-ou attentat ?- contre sa personne qui suscite des inquiétudes autour de lui. Car le premier suspect dans cette affaire n’est autre qu’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) contre qui Aziz, au nom des intérêts occidentaux, avait engagé, la guerre. Si l’acte provient de la nébuleuse Aqmi, ce serait donc un autre front que les islamistes auront ouvert dans le Sahel, en plus du Nord-Mali où ils font la pluie et le beau temps, sur fond de charia. Certes, ce ne serait pas la première fois que les « fous de Dieu » touchent des objectifs en plein cœur de la Mauritanie, mais ce serait bien la première fois que le président Aziz est lui-même pris directement pour cible.

Si l’avertissement est sans frais pour Aziz, si on s’en tient à la voix officielle, il n’en fragilise pas moins la peau du Général putschiste qui a arraché le pouvoir en 2008, avant de se confectionner un costume démocratique en 2009, après élection. Au sein de sa propre armée, Aziz compte de nombreux ennemis. De même, l’homme fort de Nouakchott est l’objet, depuis quelques années, de contestations de rue régulièrement matées par les forces de l’ordre. Les négro-mauritaniens eux dénoncent un système esclavagiste, tandis que la presse, sa frange qui n’est pas tenue en laisse par le pouvoir, réclame plus d’espace de liberté d’expression…Finalement, il semble plus logique de chercher à savoir qui n’en veut pas à Mohamed Ould Abdel Aziz !

Bark Biiga

Fasozine