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Coopération - Olonne sur Mer/Gourcy : Un quart de siècle d’amitié

Publié le mercredi 14 novembre 2012 à 01h17min

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Coopération - Olonne sur Mer/Gourcy : Un quart de siècle d’amitié

Depuis 25 ans, la ville d’Olonne/Mer, une ville côtière de de 13 000 âmes en région Vendée, entretient des relations de jumelage avec Gourcy, chef-lieu du Zandoma, dans le nord du Burkina. Des panneaux plantés à l’entrée de la ville, ainsi qu’une place en plein centre-ville dédiée à Gourcy rappellent ces liens d’amitié qui durent maintenant depuis un quart de siècle. Le 7 octobre dernier, de nombreux Olonnais ont participé à une randonnée destinée à récolter des fonds pour financer les activités du Comité de jumelage.

Pour Lefaso.net, son président, André Poupin, un jeune retraité affable, à la bonne humeur très contagieuse, fait le point sur la coopération décentralisée qui existe entre les deux villes et dévoile l’agenda du pour les prochaines années.

Comment s’est déroulée la randonnée du dimanche 7 octobre ?

Très bien ! On a eu beaucoup de chance parce qu’il a plu la veille et après ça s’est arrêté en début de nuit ; donc on a marché sur un sol sec et à la fin, il s’est remis encore à pleuvoir, mais les derniers randonneurs étaient déjà rentrés. Nous avons enregistré à peu près 350 marcheurs, sur 4 parcours au choix : 8, 14, 24 et 27 km ! Après la promenade, nous avons proposé un semblant de repas africain, des bananes Plantin, du riz et du poulet, et nous avons dû servir un peu plus de 200 repas. Cette année, nous avons eu moins de marcheurs que l’année dernière, mais heureusement les élèves d’une classe de 5e avec lesquels nous avons déjà travaillé l’année dernière sur le Burkina et Gourcy ont tenu un stand de ravitaillement tout au long de la marche.

Ils offraient à boire et des remontants aux marcheurs surtout à ceux qui sont sur les grandes distances, les 24 et 27 km. Avec leurs enseignants, ils participent au comité de jumelage et c’est une bonne chose que les jeunes soient présents. Pour le reste de l’année, il nous reste deux marchés de Noël à organiser. Un Super marché nous a ouvert ses portes en nous permettant de nous installer dans l’entrée du magasin pour vendre nos produits, notamment de la confiture et des objets artisanaux. Début janvier 2013, nous aurons notre Assemblée générale, un marché aux puces en février, un autre en juin et deux durant l’Eté.
Ce qui me semble intéressant pour les années à venir, c’est que nous avons pu obtenir un financement assez important auprès d’une chaine de distribution qui nous permettra de construire un collège complet à Gourcy sur les 4 ans.

C’est la famille Mulliez, installée dans le dans le Nord de la France et propriétaire des magasins Auchan, Kiloutou, Décathlon, les Trois Suisses, etc., qui nous accorde ce don d’environ 30 000 euros par an pendant au moins trois ans, à condition de faire quelque chose au profit des enfants. J’ai proposé la construction d’un collège et le financement a été accepté sur au moins les trois premières années. Ce sera une activité à part et qui ne nous empêche nullement de continuer nos activités habituelles notamment dans l’enseignement, l’eau potable ou la santé.
Quels sont les chantiers que vous avez en cours d’exécution ?
Nous avons reçu récemment deux médecins chef de l’hôpital de Gourcy et une infirmière qui sont venus faire un stage à l’hôpital des Sables d’Olonne et ça s’est bien passé. D’après ce que j’ai entendu, c’est que le stage a été bénéfique de part et d’autre.

Eux ont appris beaucoup de choses et du côté des médecins et des infirmiers de l’hôpital des Sables d’Olonne, ils m’ont dit que grâce au stage, ils se sont rendu compte qu’ils étaient tellement dépendants de la technique au point qu’ils avaient perdu le côté humain des soins. Quand le médecin de Gourcy recevait un malade, il parlait avec lui, lui demandait où il avait mal, alors que ses collègues des Sables d’Olonne pensent toute suite à faire des analyses radio, IRM, etc. Ils s’appuient plus sur la technique pour faire le diagnostic alors que ceux de Gourcy dialoguent beaucoup avec le malade et prennent en compte la réaction humaine

Le comité de jumelage existe depuis plus de vingt. Comment appréciez-vous le bilan aujourd’hui ?

Le jumelage qui a exactement 25 ans a commencé entre un collège d’ici, le collège Paul Langevin et une école de Gourcy. Petit à petit, le comité de jumelage a financé une classe tous les ans ou 3 ans et avec le temps, nous sommes parvenus à financer la construction d’un lycée provincial de 19 classes, doté d’un laboratoire, un hangar à tableaux et qui sert aussi d’abri pour les vélos. Nous allons bientôt envoyer des encyclopédies universalistes pour renforcer la bibliothèque de ce lycée qui accueillent 1400 élèves.

Vous avez aussi lancé des projets que vous avez par la suite abandonnés. Pourquoi ?

Bon, c’est le côté un peu regrettable de notre collaboration avec les amis de Gourcy, mais ça fait partie de l’aventure. Nous avons financé la construction d’un four pour potiers en 2010, et la formation complémentaire pour les potières, mais ça n’a pas été un succès. Nous avons connu des déboires parce qu’on s’est rendu compte que les bénéficiaires n’étaient pas capables de bien gérer ces projets économiques et, du coup, on ne financera plus ce type d’activité. Nous avions lancé aussi un projet dans l’élevage en finançant l’élevage d’ovins la première année. Cinq (5) moutons avaient été achetés pour faire de l’embouche pour les revendre soit à la Tabaski, soit au Ramadan.

Le financement était accordé sous forme de prêt, donc remboursable en partie au comité de jumelage de Gourcy, ce qui devait permettre d’acheter à nouveau des moutons pour d’autres bénéficiaires. Malheureusement, nous avons été déçus parce que tout le monde n’a pas remboursé, même si certains ont fait du travail sérieux. L’essentiel est que l’expérience a montré que ce type d’activité était rentable et certains s’y sont lancés, donc par ricochet, on a fait de l’éducation.
Nous avons également tenu une savonnerie à bout de bras pendant 5 ans, et faute de bonne gestion, nous étions obligés de la renflouer sans cesse, et en fin de compte, nous n’avions plus d’argent pour acheter la matière première.

Il y a enfin un Moulin qu’on a installé à Basnam, qui a fonctionné sur une courte période et est tombé après en panne. On nous a dit qu’il avait été installé dans un endroit fréquenté par des esprits, donc que c’était normal que ça ne fonctionne pas. Nous avons alors proposé de le déplacer à un autre endroit, mais on nous a dit que toute façon, ça ne marchera pas ! J’ai eu l’impression que quelque part, les pannes arrangeaient des gens puisque nous avons entendu certains s’interroger : « Mais qu’est-ce que nos femmes vont maintenant faire avec le temps qu’elles vont gagner avec le moulin ? Que feront-elles de ce temps disponible ? » Donc, en quelque sorte, ce n’est pas aussi mal si ça ne fonctionne pas !

Nous avons donc décidé de nous recentrer sur l’éducation qui nous semble être la meilleure garantie du succès d’une opération économique.

Propos recueillis par Joachim Vokouma, Lefaso.net

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