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Editorial de Mutations : Vous avez dit Héros nationaux ?

Publié le mercredi 14 novembre 2012 à 01h16min

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Editorial de Mutations : Vous avez dit Héros nationaux ?

« Notre lutte pour la démocratie et l’émancipation nationale a eu ses précurseurs et je voudrais que dans notre rétrospective commune pour bâtir le futur, nous puissions élever à la dignité de héros nationaux ceux là même qui, aujourd’hui absents, ont lutté pour l’indépendance, la République, la démocratie et pour la Révolution. On peut citer parmi eux Ouezzin Coulibaly, Phillipe Zinda Kaboré, Nazi Boni. Dans la même dynamique, je préconise d’y associer Thomas Sankara qui, au-delà des limites de son action, particulièrement au plan des libertés fondamentales, demeure comme je l’avais souligné dans mon appel du 19 octobre 1987, un camarade de lutte pour l’avènement de la Révolution démocratique et populaire.

En leur souvenir et pour perpétuer l’esprit de notre peuple, nous élèverons un mémorial. » Ainsi parlait le président Blaise Compaoré dans son message à la nation du 11 juin 1991, date de la promulgation de la Constitution qui a instauré la IVe République. Le président Compaoré a désigné pour le Burkina ses héros au nombre de quatre. Le mémorial en question trône à Ouaga 2000.

Certains de ces héros ont donné leur nom à des édifices publics. Mais le sort réservé à l’un de ces héros, en l’occurrence Thomas Sankara, n’est pas de nature à perpétuer sa mémoire et à ancrer ses souvenirs dans l’histoire de notre pays.

Le Héros de la révolution repose toujours au cimetière de Dag noen. Les centaines, voire les milliers de visiteurs qui tiennent chaque année à visiter ce qui fait office de sépulture du président Sankara ne manquent pas de s’étonner de voir que l’homme qui s’est tant donné pour sa patrie et pour la cause des peuples en lutte partout dans le monde ait été enterré dans ces conditions. Outre ce confinement au mépris, il ya que rien ou presque n’est fait pour honorer ces illustres personnalités qui ont pourtant été élevées au panthéon de l’immortalité. Comme si l’élévation à la dignité de héros nationaux n’obéissait qu’à une simple formalité, la République n’entreprend aucune initiative pour justifier sa décision. Jusque là, il faut reconnaitre que certains médias, notamment les médias d’Etat ont du mal à afficher les images de certains héros.

Certaines archives de la révolution et de son leader ont été purement et simplement détruites pour effacer les traces de l’homme.
L’indifférence de l’Etat est si frappante au point qu’on est en droit de se demander à quoi sert d’être reconnu héros au Burkina ? Un « héros national » doit être respecté comme tel. Son image doit être défendue par tous les moyens par l’Etat qui l’a hissé à cette tribune. C’est pourquoi, l’on s’explique difficilement le silence des autorités lors de l’affaire Ismaël Sankara, le prétendu fils de Thomas Sankara.
Un Etat responsable et soucieux de son image et de celle de ses héros aurait pu monter au créneau pour condamner de telles cabales. Mais hélas. Le nom de Sankara reste tabou dans les institutions de la République et ceux qui les représentent.

Pourtant, Sankara fait partie du quotidien des Burkinabè ; il est évoqué dans tous les milieux, y compris dans le milieu des affaires qui ont vu en lui un catalyseur. C’est peut-être trop demander au pouvoir en place. Il ne peut pas avoir dit que la politique de Sankara était mauvaise et en même temps lui tresser des lauriers. La vraie reconnaissance de Sankara se fera après ce régime, quels que soient ses successeurs, sankaristes ou anciens collaborateurs du régime. Ils ne feront que matérialiser ce qui existe déjà dans le cœur de millions de Burkinabè et de personnes à travers le monde.

MUTATIONS N° 15 du 15 octobre 2012. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)

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Vos commentaires

  • Le 14 novembre 2012 à 04:16, par Yan na mar En réponse à : Editorial de Mutations : Vous avez dit Héros nationaux ?

    Si moi, je souhaite depuis longtemps le départ de Blaise du pouvoir, c’est pour que mon pays le Burkina soit libéré de l’opposition interne qui à divisé et ruiné les "Révolutionnaires" d’aout 83 et qui, jusqu’à présent bloque le pays entier et l’empêche de tirer objectivement les leçons de l’aventure révolutionnaire. Mais ces deux camps, et particulièrement celui qui est toujours au pouvoir, se comportent comme si au Faso, on doit nécessaire se déterminer pour ou contre eux. Ce qui manque le plus à la démocratie et à la politique burkinabè, c’est l’objectivité. Ceux qui utilisent le moyens de l’État pour briller au soleil veulent faire passer les autres pour des incapables et des jaloux. Même les morts ne sont pas épargnés et ils n’échappent pas à cette logique absurde. C’est bien pour cela qu’il y a des héros reconnus tels et cependant méprisés et vilipendés par les autorités politiques. Avec un "ego" surdimensionné, ils pensent que seuls eux font le Burkina ! Et d’ailleurs, ces politicards se dépêchent pour donner leurs noms, de leur vivant, à des édifices publics et à des rues de la capitale. LE MÉPRIS DES HÉROS VA AVEC LE CULTE DE LA PERSONNALITÉ ! Qu’est-ce c’est exaspérant ! (j’espère que cette fois le webmaster ne va pas encore bloquer mon commentaire ! ça m’arrive souvent )

  • Le 14 novembre 2012 à 15:11, par Drissa En réponse à : Editorial de Mutations : Vous avez dit Héros nationaux ?

    Très bien Y en a marre. Continue ta lutte et je suis sûr qu’elle va aboutir un jour. Je suis sûr également que même après la fin de ce régime, tu ne pourras pas effacer de la mémoire de tes compatriotes le souvenir d’un des leurs, sinon le plus illustre, Thomas Sankara. C’est une évidence. Donc si tu en a marre aujourd’hui qu’on demande le respect de sa mémoire, demain, ce serait pire parce que le Burkina devra forcément lui reconnaitre sa place en lui conférant, même symboliquement, un certain nombre de reconnaissance à titre posthume. Prend donc ton mal en patience pour.... l’éternité.

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