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Poulets à Ouaga : Des recettes vairées pour des noms exotiques

Publié le mardi 14 décembre 2004 à 07h05min

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La dénomination "Rues poulets" n’est nulle part consacrée dans la capitale. Mais l’activité qui se mène sur ces différentes voies de circulation, confirme à les considérer comme telles. Surtout à la diversité de recettes se collent des noms exotiques, et grilleurs et consommateurs semblent chacun tirer bénéfice de cette activité.

Poulets "Rabilé", "grillé", "roti", "DG", "télévisé"...C’est selon les goûts. Ouaga, la belle offre une gamme de spécialités gastronomiques de viande de volaille. Des spécialités très prisées du consommateur de la capitale. Les Ouagalais en raffolent donc. Une consommation que l’on pourrait estimer à des milliers de poulets/jour. Un record ! Et les rues sont inondées de poulets "prêts-à-manger". En sortie comme à domicile, autour d’un pot, les Ouagalais ne s’en privent pas du tout. Bien au contraire. Mardi 07 décembre 2004.

Nous sommes à "la rue poulets" de Kamsaongin (secteur 6). 18 heures, c’est la descente du boulot. Les travailleurs après une journée de "bosse" rejoignent précipitamment leurs pénates. Sur l’Avenue Bassawarga, dense est la circulation. Les vrombissements des voitures, ainsi que le bruit des moteurs attirent l’attention ; de plus d’un spectacle particulier règne sur la terre "paisible" de notre capitale. Nuisance sonore par-ci par-là. Fumées par-çi. Et que sais-je ?

A Rimnooma, l’ambiance est aux préparatifs. Les vendeurs s’activent par satisfaire la clientèle du soir. Etablissement spécialisé dans la vente du poulet , Rimnooma jouxte l’Avenue Bassawarga, sis en face du palais du Moogho Naaba. A vue d’œil, les poulets de Rimnooma suscitent l’admiration et l’envie d’en consommer. Grillés, les poulets remplissent des bassines attendant d’éventuels clients. A côté, par contre, d’autres sont au four pour la cuisson. Certains encore vivants attendent d’être égorgés. On se déploie à accomplir au mieux sa tâche. Rimnooma emploi une dizaine de personnes. Certains préparent la vinaigrette.

Debout ou assis, d’autres veillent à la bonne cuisson des poulets. D’autres encore servent les premiers clients. Michel Compaoré, responsable de l’établissement veille au grain. Il coordonne, surveille les activités. Arrêté, comme pour s’assurer de la bonne exécution des travaux, l’homme, robuste à l’image d’un sportif aguerri, invite à découvrir son job. "Je fais déplumer d’abord les poulets à l’eau chaude. Ensuite, ils sont aspergés d’huile et de sel avant d’être mis au feu. C’est simple. En principe, chaque poulet est accompagné de vinaigrette ou de l’ail... ça dépend du client", nous confie-t-il, très détendu.

Des prix à la portée de tous

Ouaga excelle par la qualité de ses poulets grillées. En groupe, en amoureux, en famille, les Ouagalais n’hésitent pas à se faire plaisir gastronomiquement parlant. Et le poulet marche bien ! A la descente, on s’en procure pour la ration du soir. Devant un goût prononcé pour les poulets, les vendeurs naissent comme des champignons. Et chacun tire son épingle du jeu. Dans la capitale, les prix varient entre 1300F et 2000F. Ça dépend ! Dépenser une telle somme pour stopper une envie "folle", les Ouagalais s’y a donnent à cœur joie. De 11 heures du matin à 24 heures du soir et même souvent au-delà, le poulet est servi.

Un bon palliatif

Le poulet est prisé dans la ville de Simon Compaoré. Il est désormais entré dans les habitudes alimentaires. Chacun y va de ses commentaires "A la descente, je suis fatiguée. Je n’ai pas le temps de préparer. Alors, je viens payer régulièrement le poulet...", avoue une cliente, Mme Adoubé. En habituée, elle se précipite d’un air joyeuse vers la bassine contenant le poulet. "Oh ! M. je veux un poulet !" Et c’est fait. Mme Adoubé repart toute satisfaite d’avoir acheté un "bon" poulet. C’est gagné. Comme elle, d’autres préférent la volaille à cause de ces vertus sanitaires. J’aime le poulet. "C’est une viande saine et moins coûteuse quand j’ai de l’argent, je ne m’en prive pas du tout. C’est pour le plaisir". D’ailleurs, les Ouagalais consomment beaucoup cette viande (poulet grillé)", reconnaît M. Zongo Paul. Lui qui vient de s’offrir un poulet bissimilaye sur l’Avenue Babanguiba.

Un secteur fructueux

En général, les vendeurs de poulets s’approvisionnent dans les yaars ou même dans les villages environnants : Baskuy, Gounghin... sont autant de lieu de vente de poulets destinés à la consommation. Des exploits existent. Michel Compaoré, 30 ans d’expérience dans le domaine. Rimnooma ? "Parce qu’au départ nous étions au bar Rimnooma. C’est l’un des premiers coins de vente de poulets à Ouaga. Nous vendons en moyenne une centaine de poulets par jour", nous explique t-il en souriant. Des bénéfices ? "Oui, ça marche. Je suis satisfait.

Mais, je n’aimerais pas parler de chiffres en l’absence de mon père", a-t-il ajouté. Le vente de poulets relève donc d’une affaire familiale. Elle s’exerce de père en fils. Puis soudain, la conversation s’interrompt. "J’ai un client", note le jeune Compaoré. Il vient d’encaisser 3400f CFA. Une bonne affaire ! La vente de poulets, fait vivre des milliers de personnes ; des fournisseurs en passant par les vendeurs aux patrons, chacun tire son épingle du jeu. Michel Compaoré de Rimnooma, se dit satisfait. "Je vis décemment de la vente des poulets". De véritables "petites entreprises" se sont érigées dans le domaine. Rimnooma, Bissimilaye, Neb noma... autant de points de vente qui font le bonheur du consommateur. Point besoin de parcourir une grande distance pour se procurer du poulet grillé.

Même Si Vincent n’a qu’un seul vœu : "devenir un jour son propre patron". "Nous, les apprentis, nous ne gagnons pas grand-chose. Si j’avais les moyens, je m’installerai à mon propre compte", a t-il martelé, préoccupé par ses affaires. A l’instar de Vincent, Noufou Lingani, lui, n’est pas satisfait de son métier. "Ça fait 11 ans que je vends les poulets avec mon patron. Mais je n’ai même pas un moyen de déplacement", a confié le vieil homme. Ce sont donc les "gourous" qui tirent le maximum de profit de ce commerce.

Griller du poulet, au-delà de l’emploi, offre aux acteurs de belles opportunités d’affaires, surtout pour les patrons. Au delà des vicissitudes, le secteur nourrit son homme. Ibrahim Ouédraogo, propriétaire de Horizon zooo. 10 ans d’activité à la clé. " Ça marche un peu. J’emploie 5 personnes, je vends en moyenne 40 poulets. Rien n’est jamais garanti. Que voulez-vous ? Je m’occupe convenablement de ma famille grâce à ce métier . Dieu, merci, j’ai pu construire une maison. Je dois tout ce que j’ai à la vente des poulets", nous confie M. Ouédraogo.

Des clients satisfaits !

Les Ouagalais raffolent de grillades. Poulets, pintades, pigeons, lièvres grillés, chacun y va de son goût. Des maquis, en passant par les rues aux restaurants..., les grillades font régaler les consommateurs. Eux qui considèrent les viandes grillées de "saines et à peu de frais". "Je préfère la viande de volaille pour son bon goût", nous a soufflé à l’oreille un client qui a requis l’anonymat. Même si certains consommateurs évoquent la poussière comme cause de désagrément. "A cause de la poussière, moi, je préfère préparer mon poulet à la maison. J’ai un coin à Gounghin là-bas, c’est vraiment bien fait a reconnu Mme Hien, assise toute timide sur sa motocyclette. Les appréciations divergent.

Chacun, a son coin donc. C’est selon... Qu’à cela ne tienne. Les vendeurs de poulets sont satisfaits de leur métier. Un métier qui leur permet de vivre convenablement dans un environnement où avoir de l’emploi relève du parcours du combattant. Quoi qu’il en soit, l’activité selon certaines sources générerait plus de 10 millions de F CFA de chiffre d’affaires. Comme quoi, il n’existe pas de sot métier !

Nadoun S. COULIBALY (coubbalynadoun2002@yahoo.fr)
Fatouma Sophie2 OUATTARA (sofifa@yahoo.fr)
Sidwaya

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