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<I>Iles de paix</I> : la microfinance pour lutter contre la pauvreté

Publié le samedi 11 décembre 2004 à 11h23min

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« La pauvreté, source inévitable de conflits, doit être au cœur des préoccupations des États et gouvernements » peut-on lire dans la déclaration de Ouagadougou qui insiste sur une mobilisation de la solidarité francophone pour le développement durable.

En constatant que la mondialisation a creusé des écarts économiques et sociaux et que les pays les moins avancés ne profitent pas de la croissance mondiale, la Francophonie se doit de participer à l’effort général visant à créer les conditions permettant aux populations les plus pauvres de s’insérer dans le système économique mondial.

Le développement économique passe par diverses mesures mais un élément important dans la lutte contre la pauvreté est la microfinance qui contribue à la création et à l’insertion des plus pauvres dans la vie économique et sociale, grâce à l’offre de services financiers adaptés à leurs besoins spécifiques.

Bien que de nombreuses actions aient déjà été entreprises dans ce domaine au sein des pays francophones, « l’échange des expériences et des bonnes pratiques, le soutien mutuel, sont autant d’outils permettant à la Francophonie de favoriser le développement en son sein du microcrédit. »

C’est dans le cadre de cet échange qu’est décrite ci-dessous une expérience menée par l’ONG belge Iles de Paix présente au Burkina Faso. Iles de Paix qui intervient dans le domaine de la sécurité alimentaire en milieu rural auprès des organisations paysannes considère que la microfinance est un outil indispensable.


Article tiré du magazine Transitions (no 57 - Déc 2002) de l’ONG ‘Iles de Paix’

Des paysans sur les traces du crédit

Pas facile pour un petit paysan burkinabé sans moyens d’obtenir auprès d’une banque le crédit nécessaire au développement de ses activités productives. Pour répondre à ce besoin, l’Association Song Taaba (AST) de Tensobentenga a invité ses membres à explorer par eux-mêmes les pistes du crédit. L’ONG Iles de Paix a accompagné ce processus dit de recherche-action.

La recherche-action menée au sein de l’AST sur la question du crédit a constitué une étape très importante de notre première année de collaboration intensive avec cette association. En effet, beaucoup de demandes d’appui qui sont adressées à l’AST dans le cadre de l’objectif d’amélioration du revenu des producteurs relèvent du domaine du crédit : financement de matériel agricole, de semences ou d’engrais, d’opérations d’embouche bovine...

Il s’agit d’initiatives productives appelées à dégager une rentabilité, qui ne peuvent donc faire l’objet d’un subventionnement pur et simple au risque de les rendre totalement artificielles, mais qui méritent cependant d’être vivement encouragées. Jusqu’ici, l’AST ne peut répondre aux très nombreuses sollicitations des paysans car elle ne dispose pas d’un système facilitant l’accès au crédit pour ses membres.

Par ailleurs, les conditions posées par les différents organismes professionnels (caisses populaires ou banques) implantés dans la région sont tellement sévères sur le plan des garanties exigées des emprunteurs qu’il est pour ainsi dire impossible pour un paysan de s’y conformer.

Répondre soi-même à ses propres questions

Pour une association comme l’AST, faciliter l’accès au crédit pour ses membres constitue donc un enjeu majeur. La solution la plus aisée serait de mettre sur pied, en son sein, un système de crédit propre à ses membres. Mais cette démarche, outre le fait qu’elle favorise la mise en place d’un nouveau système à partir de rien, alors que des institutions locales offrent déjà ce type de services, présente des risques financiers importants.

Les responsables de l’AST en sont d’autant plus conscients que les quelques expériences de ce type qu’ils ont tentées par le passé se sont soldées par des échecs et laissent aujourd’hui encore de douloureux souvenirs. Il a donc été décidé d’impliquer l’ensemble des membres de l’association dans une réflexion sur les enjeux du crédit.

Quels sont les besoins des paysans et comment y répondre en partageant les risques avec tous (membres, groupements de producteurs, association, banque) ? Telles étaient les deux questions centrales de la recherche-action qui a été menée par un groupe constitué de membres et de responsables de l’AST.

Cette méthode de recherche-action a été suggérée par Iles de Paix car elle présente l’avantage d’amener les premiers intéressés à se mettre en position de recherche sur eux-mêmes et sur leur environnement pour essayer d’apporter des réponses aux questions qu’ils se posent.

Du crédit, d’accord, mais comment et pour quoi ?

Dans ce travail, Iles de Paix a joué un rôle de guide méthodologique car la recherche-action et le travail en commission ne font pas partie des habitudes locales. Nous avons donc aidé le groupe à décortiquer le problème du crédit et à le décomposer en questions simples auxquelles il fallait répondre en se déplaçant sur le terrain, en menant l’enquête, en rassemblant des informations et des expériences.

Ainsi, au début de la recherche-action, les membres du groupe se posaient une question assez générale : comment faciliter l’accès au crédit pour les membres de l’AST ?

Nous les avons aidés à décomposer ce problème en questions plus simples :
- à quelles demandes de crédit l’AST devrait-elle pouvoir répondre (les besoins réels des membres) ?
- quelle est l’offre de crédit disponible dans la région ?
- quelles sont les conditions d’accès aux différentes banques ?
- quels montages institutionnels sont envisageables entre le demandeur, son groupement, l’association et la banque ?

C’est à ces différentes questions que le groupe s’est ensuite efforcé de répondre en se partageant la tâche et au travers d’un jeu d’allers et venues de la commission au terrain et du terrain à la commission. Un voyage d’étude auprès d’une association de la localité de Piéla qui gère un important programme de crédit a également été organisé pour permettre aux membres du groupe de réflexion de bénéficier d’une expérience vécue.

Un choix très responsable

En définitive, le groupe est arrivé à définir les besoins de l’association et à formuler trois montages institutionnels donnant chacun plus ou moins de responsabilités aux groupements. Ces trois options ont été décrites aux membres de l’association lors d’une assemblée générale extraordinaire et c’est le choix que nous considérons comme le plus raisonnable qui a été arrêté à l’unanimité.

L’option retenue consiste à favoriser la constitution, par chaque groupement, d’un fonds de garantie déposé à la banque. L’AST négocie alors, au nom de tous ses membres, des conditions d’accès identiques. Les fonds de garantie des groupements sont initialement constitués de leur épargne propre (ce qui les responsabilise collégialement vis-à-vis du remboursement des prêts) et seront consolidés par un complément financier émanant des fonds du partenariat Iles de Paix-AST.

Enfin, la banque prendra également un risque en acceptant d’octroyer des crédits pour un montant double des sommes déposées en garantie. De cette façon, toutes les parties seront engagées dans le système et en partageront les risques.

Au cours de l’année à venir, l’AST proposera en comité paritaire AST-IDP un dossier détaillant les modalités d’octroi de crédit. Les différents fonds de garantie seront constitués et nous pourrons ainsi commencer à répondre aux demandes de crédit émanant des membres de l’association.

Iles de Paix

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Vos commentaires

  • Le 17 mai 2015 à 12:27, par anna En réponse à : <I>Iles de paix</I> : la microfinance pour lutter contre la pauvreté

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