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Côte d’Ivoire : Comment désarmer le référendum ?

Publié le vendredi 10 décembre 2004 à 10h14min

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Que se passe-t-il dans la tête d’un président de la république dont la moitié du pays est sous contrôle et à qui la communauté internationale impose l’application d’accords qu’il a signés malgré lui ? Pas besoin de sortir de sciences-Po pour trouver la réponse. Il cherche à gagner du temps et tous les coups sont bons pour retarder l’échéance.

On se doutait bien que Gbagbo allait rebondir d’une façon ou d’une autre, après que l’armée française a détruit ses avions de guerre. Affaibli militairement, l’homme vient de sortir une nouvelle carte de ses manches. Il accepte la révision de l’article 35, source de la crise et véritable noeud gordien.

Mbeki dont le style de médiation avait séduit plus d’un a-t-il crié victoire très tôt ? En tous cas, Gbagbo tout en acceptant le principe de la révision de l’article, voudrait le sanctionner par un référendum en total contradiction avec les souhaits et les recommandations d’Accra III et de Marcoussis. Le président ivoirien y tient absolument au nom d’un principe difficilement acceptable dans les conditions actuelles où le recensement n’est pas effectué et où les listes électorales seraient à établir. Il le sait mieux que quiconque, qu’un référendum dans un pays aussi divisé que le sien est pratiquement impossible.

Pour tenir le pari du référendum, il faudrait unifier le pays et ça, Gbagbo a montré son incapacité à le faire militairement. Pourquoi s’entête-t-il alors à organiser un tel référendum ? Le veut-il uniquement dans la zone sous son contrôle ? Si tel est son dessein, les jeux sont désormais clairs. Le président veut utiliser le résultat du scrutin comme arme politique pour légitimer la partition de son pays et régner sur la Côte d’Ivoire dite utile.

Dans l’autre cas, cet acharnement à vouloir cette consultation populaire autour d’un sujet aussi controversé, voudrait dire que l’homme d’Abidjan est absolument sûr de l’issue du scrutin. Pour cela, il a déjà une machine à mobiliser que sont les "Patriotes" et il dispose des finances publiques pour battre campagne comme il les a utilisées pour financer la guerre.

Tout compte fait, l’organisation d’une telle consultation n’est possible que s’il existe des institutions électorales crédibles et qui font l’unanimité. Or, ce n’est pas encore le cas. Dans ce tableau assez brouillé, on se demande bien où va Gbagbo ? Politiquement, il voudrait faire adopter le principe du vote référendaire et obliger ainsi la communauté internationale à faire le travail de réunification pour lui.

Dans cette perspective, l’opération de désarmement des rebelles se ferait avant le référendum.
Malheureusement pour lui, cette position ne fait pas l’unanimité. Elle a cependant l’effet de retarder l’application des accords. Peut-être ne veut-il pas porter la responsabilité d’une révision constitutionnelle par décret et qui, en sus ne l’arrange pas à priori ? Pour quelqu’un qui n’a pas su éviter la guerre, la partition de son pays, les charniers, et les escadrons de la mort et leur cortège d’assassinats ciblés, y a-t-il responsabilité plus lourde ?

Les accords d’ Accra III recommandent au président de la république d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour amender la constitution par voie de décret. C’est ce que la communauté internationale attend de lui.
Tout laisse croire que le juridisme dont fait preuve le camp du président ivoirien est un artifice de plus pour bloquer le processus de réconciliation nationale.

La balle est désormais dans le camp du médiateur Thabo Mbeki dont nous avons salué le style. S’il est très écouté par les deux partis, n’empêche qu’il doit redoubler de vigilance. L’application des accords de Marcoussis et d’Accra III doit aboutir à la réunification du pays et à une élection présidentielle en 2005.

C’est cela l’objectif de la feuille de route. La révision de l’article 35 est en cela une étape décisive. Reste maintenant que l’ONU prenne les dispositions qui s’imposent en cas d’entrave à la mise en oeuvre des accords tels que négociés par le médiateur. Manifestement la balle est dans le camp de Gbagbo et seules des sanctions appliquées fermement pourraient le faire plier. L’ONU est donc interpellée.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 11 décembre 2004 à 00:37, par jean_paul Dorval de Londres En réponse à : > Côte d’Ivoire : Comment désarmer le référendum ?

    Je pense que vous etes simplement des incultes au Burkina, du moins les sympatisans de blaise compaore au point de vous battre contre la consultation du peuple via le Referendum. Vous pensez que tout se regle avec les fusils comme votre president.

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