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Il faut le dire : La ville de Sya a mal à son cadre de vie

Publié le mardi 30 octobre 2012 à 23h39min

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Au Burkina Faso, les maladies liées au manque d’hygiène et d’assainissement, et les maladies d’origine hydrique constituent 22,1% des motifs de consultations. Une réalité qu’il ne faudra pas perdre de vue, surtout au moment des opérations de lotissements, quand on doit prévoir des ouvrages d’assainissement commodes. Tout comme la quasi-totalité des villes du Burkina Faso, Bobo-Dioulasso n’échappe pas aux différentes menaces de déchets liquides et solides. La ville ne dispose pas d’une bonne politique d’évacuation des eaux usées et excrétas, et d’ordures ménagères. Comme conséquences, des tas d’immondices se dressent partout, dans les marchés, au niveau des caniveaux jusqu’aux abords des voies où ils obstruent parfois le passage.

30 octobre 2012, par Webmaster

A cela s’ajoutent malheureusement, les eaux usées des douches qui se déversent dans la rue, sans oublier les excrétas tirés des fosses sceptiques et qui côtoient quelquefois les « grains de thé » par la force des choses. Personne ne s’en inquiète et tous semblent se familiariser à ce genre de pratiques aux conséquences multiples. Or beaucoup souffrent des effets de ces incommodités. Sur cette base, la direction générale de l’assainissement des eaux usées et excrétas (DGAEUE) classe les maladies par ordre d’importance de victimes : le paludisme suivi des infections respiratoires aigües, les diarrhées non sanglantes, les affections de la peau, les parasitoses intestinales, entre autres, qui sont les causes de consultations.

Pourtant, ces pratiques très peu orthodoxes, même si elles ne sont pas l’œuvre de tous, bénéficient du silence coupable ou complice ainsi que de l’ignorance ou de la négligence des populations, et continuent hélas, leur bonhomme de chemin avec leur lot de malheurs et de victimes. Par-dessus tout, cette situation est aussi encouragée, dira-t-on, par l’indifférence des autorités qui ne se soucient presque guère de soigner l’image de leur « belle cité de Sya », qu’elles crient pourtant haut et fort lors des cérémonies. Comparaison n’est certes pas raison, mais force est de constater que sur ce point, des exemples de combats contre l’insalubrité, l’hygiène et l’assainissement existent ailleurs.

Et la ville de Ouagadougou en est un exemple patent, elle qui a plusieurs fois été lauréate au niveau national et international pour sa propreté, même si là aussi, des défis restent à relever. Alors, ayons le courage et la bonne foi de lever les yeux pour voir. Concernant l’évacuation des eaux usées et excrétas, l’enquête menée par la DGAEUE révèle que 96% des ménages utilisent des latrines du type traditionnel, c’est-à-dire non améliorée. La direction met en exergue cinq types de latrines dites améliorées dont elle fait la promotion. Il s’agit des latrines Sanplat améliorées, les VIP double fosse avec tuyau ventilé, les toilettes à chasse d’eau manuelle et mécanique, et les latrines Ecosan.

Même si le Houet est la 2e province où la défécation dans la nature est moins répandue, il ne dispose que seulement de 6% des latrines améliorées composées des cinq ci-dessus citées. Le Houet occupe ainsi la 22e place dans l’ensemble des 45 provinces.

En somme, le taux d’accès à des latrines améliorées dans la province est de 6,4% en milieu urbain et 0,2% en milieu rural, et l’ensemble pour 3,3%. Malgré cette bonne position et les avantages dont Bobo-Dioulasso bénéficie en tant que seconde ville du pays, il y a péril en la demeure au regard des résultats de l’enquête. Les différents taux ressortis sont en deçà des attentes du pays qui s’est engagé à réduire de moitié d’ici à 2015, le nombre de ménages ne disposant pas d’un accès durable et adéquat à l’eau potable et à l’assainissement. Les ouvrages existants, du fait de l’incivisme et de l’ignorance des populations, sont mal entretenus et donc délaissés par le fait qu’ils dégagent des odeurs nauséabondes. Finalement, que ce soit en ville ou en campagne, l’enquête indique bien que l’inobservance des bonnes pratiques d’hygiène et assainissement résulte du poids des habitudes socioculturelles, et de la précarité de nos familles.

Pour sortir de ce bourbier, le combat que l’on doit mener dans les villes tout comme dans les villages, doit prendre en compte les ménages, les écoles et marchés, les lieux de cultes et les formations sanitaires, où les ouvrages souffrent du manque d’entretien. Il s’agira donc de promouvoir une saine évacuation des eaux et excrétas, et les bonnes pratiques pour réduire sensiblement les causes de consultation des maladies liées au manque d’hygiène et d’assainissement, qui se situe autour de 80%, selon la DGAEUE au niveau national.

Tielmè Innocent KAMBIRE

Sidwaya

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