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Les dérives dans l’application de la charia

Publié le lundi 29 octobre 2012 à 23h31min

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Les dérives dans l’application de la charia

Tout croyant dans sa vie doit se référer à son livre saint en recherchant inlassablement la perfection dans son comportement. La charia, loi canonique de l’islam est considérée comme le fil conducteur de la vie de sa communauté. Les dérives dans son application créent de nos jours un vaste mouvement de critiques acerbes contre l’islam. Qu’en est-il réellement de la charia ?

Pour l’opinion publique, la charia consiste à couper la main du voleur, à lapider l’homme ou la femme marié coupable d’adultère, d’infliger cent coups de fouets au fornicateur. Ce sont des préjugés, une vision étriquée de la loi divine. La charia est un ensemble de règles de conduite applicables aux musulmans. Elle contient des prescriptions relatives à tous les aspects de la vie humaine, qu’ils soient religieux, politiques, sociaux ou privés. C’est également l’ensemble des règles, des préceptes, des enseignements issus de la révélation.

En d’autres termes, la charia consiste à mettre en application la parole de Dieu et de son prophète dans tous les domaines de la vie. La sanction pénale qui constitue une infime partie du Coran (0,7%) défraye la chronique. Son but n’est pas de sévir mais d’organiser la vie pour qu’elle soit la plus vertueuse et utile possible et de préparer les hommes à leur salut.

Quelques sanctions pénales

Le droit musulman prévoit une série de sanctions qui varient selon la gravité des intérêts à préserver. Le coran mentionne entre autres les sanctions suivantes : la crucifixion, la lapidation, la loi du talion, l’amputation d’un membre, la flagellation, la privation du droit de témoigner, l’affranchissement d’un esclave, l’octroi de nourriture et d’habit aux pauvres, l’offrande d’un sacrifice, le jeûne, le bannissement. L’application de ces peines diffère d’une école juridique à une autre.

L’adultère

L’adultère est le fait d’avoir des relations sexuelles avec une femme autre que son conjoint. Le châtiment est la lapidation à mort en public s’il y a quatre personnes qui témoignent qu’il y a eu effectivement pénétration sexuelle ou encore par aveu. Cette sanction doit être faite avec respect sans porter atteinte à la dignité du fautif.

La fornication

La fornication désigne le fait qu’il ait eu un rapport sexuel entre deux célibataires de sexe opposé. La sanction est la flagellation en public s’il y a le témoignage de quatre personnes.

Les relations homosexuelles

Les hommes ayant commis cet acte sont punis voire exécutés. Il y a des divergences sur les sanctions à appliquer. Cela va de 100 coups de fouets à la peine de mort.

L’apostasie

L’apostat est celui qui renie sa foi musulmane et prêt à combattre les musulmans. Il est puni de mort selon toutes les écoles de jurisprudence. Ce délit ne peut faire l’objet de grâce ; seul le repentir peut éviter à l’apostat d’encourir la peine de mort. C’est en vertu de cette norme que Salman Rushdie est condamné à mort après la publication de son livre intitulé "versets sataniques" paru en 1989.

Le blasphème

Celui qui blasphème est punissable mais il n’y a pas de canon à ce sujet sauf s’il s’agit d’une accusation pouvant engendrer une condamnation à mort ; dans ce cas de figure, le coupable est puni par 100 coups de fouet.

Le vol

Le vol est puni par l’amputation de la main. Le vol d’un proche parent et le vol d’un objet de peu de valeur ne sont pas punis.

Selon les rites malikites et chaféites, au premier vol on coupe la main gauche, au deuxième le pied gauche, au troisième la main droite et au quatrième le pied droit. S’il est encore capable de voler et qu’il le fasse, on l’exécute.

Selon les rites hanafites et hanbalites, la main droite est coupée pour le premier vol et le pied gauche au deuxième vol. Au troisième vol, il est emprisonné.


Problème soulevé par l’application de la charia

Pour certains, les peines corporelles en vigueur dans la loi islamique ne correspondent plus depuis longtemps aux réalités du moment. Ils suggèrent alors une adaptation des lois selon les époques et les situations comme nous enseigne l’exemple du Calife Omar qui a refusé l’amputation de la main des voleurs en temps de disette. Selon ces analyses, la doctrine du Coran doit être révisée et interprétée à la lumière de la philosophie et de la logique moderne. Ils considèrent encore que les dispositions de la charia sont devenues caduques du fait de l’évolution de la société, inutile donc de les préserver tel le cas de l’esclavage.

La peine de mort par exemple est radicalement critiquée par la société moderne qui trouve en elle une confiscation de la liberté religieuse et de la liberté d’expression. Tant qu’une personne vit, elle a la possibilité selon ces abolitionnistes de se racheter ; la priver de sa vie, c’est la priver de ce droit. Et tant que cette épée Damoclès est brandie, il ne peut y avoir de démocratie possible, ni d’évolution de la société. La société selon eux doit jouer sa partition au lieu de s’acharner sur des individus très souvent victimes de l’irresponsabilité de ladite société.

Quelques principes de l’application de la charia

L’institutionnalisation de la charia dans un pays exige un certain nombre de conditions à remplir. Vouloir appliquer la charia en commençant par couper les membres des voleurs, par la flagellation, la décapitation, c’est comme le disait un penseur musulman commencer par la fin. La société doit donc créer les conditions nécessaires pour préserver ses membres, pour les empêcher de tomber dans le délit. Dans une société où la population a de la peine à avoir sa pitance quotidienne, dans une société où la nudité des filles est à la mode, il sera inconcevable de couper la main du voleur ou de fouetter un fornicateur pour un délit commis.

Aussi, dans une société multiculturelle ou laïque, il est absurde et même irresponsable de vouloir placer une religion ou une forme de spiritualité comme norme sociale. En ce sens que pour former une société, il faut mettre en place ce qui rassemble et non ce qui divise. Néanmoins, le respect de la croyance d’autrui doit être de rigueur.

KABORE Karim,
Econome CEG de Poura (abdoulkaka@yahoo.fr)

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Vos commentaires

  • Le 29 octobre 2012 à 14:21, par tlemmont En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

    Les dérives dans l’application de la charia par tlemmont

    Trois petites questions :
    1. Veuillez préciser ces conditions nécessaires à l’application de la Charia ( qui pour moi n’existe pas en tant que code). C’est quoi la pitance quotidienne ? C’est quoi la nudité ? Des filles en pantalon ou jeans ( même non serré) avec un foulard sur la tète sont-elles couvertes ?
    2. J’achète une terre, j’y découvre du pétrole , A qui appartient -il ? A moi ? A la communauté musulmane de ma région ? A tous les musulmans ? Avez vous des réponses selon ce que vous appelez la Charia ? Merci de m’éclaircir ?
    3. Merci de préciser clairement ce que dit la ’’ Charia’’ sur le revenu de retraite et sur l’assurance Maladie ? MERCI +++

  • Le 29 octobre 2012 à 15:35, par article 37 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

    Si cette charia devait s’appliquer au Burkina, elle s’aplliquerait à qui ? Que ferait-on de notre constitution. La Charia serait une entrave grave aux valeurs républicaines et traditionnelles.

    Il y a des non dits dans notre pays, je sais qu’il y a des personnes qui aimeraient bien l’appliquer dans ce pays, mais hélà, il y a une majorité silencieuse qui n’en veut pas.

    Que ceux qui la veulent sachent qu’ils trouveront des personnes aussi déterminées que convaincues contre

  • Le 29 octobre 2012 à 16:03 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

    Tchrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
    &%$ :(&
    j’aurai aimé qu’on ne prononce meme pas ce mot au Burkina : ch...ria ? kayssaaa

  • Le 29 octobre 2012 à 16:09, par Alexio En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

    Ces religions etrangeres qu on a adopter est notre malheur en Afrique.L afrique ne doit apprendre vivre comme en arabie saoudite ou les femmes sont en prison,privees de leurs droits elementaires qui en contradiction avec le sens rationel de la pensee humaine.

    • Le 29 octobre 2012 à 17:21 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

      Alexio, je ne suis pas d’accord avec vous. Meme au Burkina quelque soit la confession les femmes sont privées de leurs droits. Pourquoi c’est nos mères qui preparent et pas nos pères. Pourquoi c’est elles qui comme font tout ce qui est salle boulot à la maison et pas nous les hommes (meme le morveux qu’elles ont mis ont monde). Afin nous devons tous reconnaitre que l’article de Mr Karim touche du doit bcp de point meme s’il faut reconnaitre que le temps lui manque de developper les sujets évoqués. Merci à Mr Karim. Bonne journée à tous.

      • Le 29 octobre 2012 à 17:51, par article 37 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

        Ne vous trompez pas, il y a des gens qui pensent qu’ils sont les seuls à savoir ce qui est bon pour les autres et souhaiteraient bien qu’on impose une religion d’état.

        Il ne faudra pas reculer, le jour que des gens le feront savoir, il faut même anticiper en leur faisant comprendre qu’ils trouveront des répondants le jour J.

        Ce sera avec une fermeté hors norme. Au temps de la pénétration des religions importées, accepeter ne voulait pas dire plutard, il fallait outre passer ce qui prévalait avant leur arrivée.

  • Le 29 octobre 2012 à 20:04, par le règlo En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

    Ceux qui prônent l’application de la charia sont atteints d’une sclérose spirituelle. DIEU a-t-il vraiment besoin d’un pécheur pour éliminer un autre pécheur ? Le mot pardon n’existe-t-il donc pas dans le Coran ? Cela m’étonnerait. Ceux qui veulent à tout prix faire appliquer la charia cherchent tout simplement à satisfaire leur impulsion.

    • Le 30 octobre 2012 à 10:05, par Patriote En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

      A chacun sa religion ; tu ne crois pas en ce que je croie et moi je ne crois pas en ce que tu crois. A toi ta religion et à moi ma religion. Lisez les livres saints sans discrimination et vous comprendrez tout.

    • Le 30 octobre 2012 à 10:05 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

      Ces gens là sont très mal fondés pour parler de charia car eux mêmes sont loin d’être des exemples en matière de droiture, des vendeurs de drogue des dealers peuvent ils se constituer en donneurs de leçons, eux mêmes qui méritent d’être passés par les armes dans le cadre de l’assainissement de la société. Ce qui est plus grave est que ces gens là prétendent faire tout ceci au nom de l’islam qui est une religion de fraternité, de paix et de tolérance. Ils sont alors tout sauf musulmans. Puisse Dieu tout puissant sauver l’humanité des dérives de ces malades pour le triomphe de la paix universelle.

  • Le 30 octobre 2012 à 11:49 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

    Je ne comprend pas les internautes, l’auteur a fait juste son article pour eclairer l’opinion sur ce que c’est que la Charia. Car dans la plupart du temps, personne n’a le temps de chercher ce que c’est mais font des speculations. En aucun cas dans l’article, je n’ai vu quelqu’un qui veuille appliquer la Charia au Burkina. les conditions d’applications sont connues par les musulmans du pays, donc même au niveau des musulmans, l’application de certaines sanctions ne sont pas d’actualités. Donc arreter le denigrement en vous appuyant sur les faits et les propos et non vos sentiments anti-islamiques.

    • Le 30 octobre 2012 à 13:51 En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

      Vraiment moi aussi je ne comprends pas les internautes. La charia, c’est une affaire de musulmans. C’est leur règne quotidienne de vie spirituelle, comportementale, sociale politique...
      Où est le problème si on opte volontairement pour ce mode de gestion de la cité dans une cité où de façon démocratique la majorité veut la charia.

      • Le 2 novembre 2012 à 14:06, par Le passiviste En réponse à : Les dérives dans l’application de la charia

        Mon frère , dans l’application de la Charia dans un pays où tout le monde n’est pas mulsulman ne requière point de majorité de mocratique. Il ne faut pas y revêr et faire même encore allusion à une idée aussi perverse que celle que tu tente d’insinuer ou de suggerer au regard du taux de personnes qui se déclarent de confession mulsulmane mais qui rejeteraient sytematiquement une telle loi qui nuirait à leur epanouissement.

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