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Mauritanie : Le lieutenant qui a tiré sur le président Ould Abdelaziz explique son geste

Publié le mardi 23 octobre 2012 à 23h09min

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Mauritanie : Le lieutenant qui a tiré sur le président Ould Abdelaziz explique son geste

Il s’appelle El Hadj Ould H’moudi. Il a 28 ans et est lieutenant de l’armée de l’air mauritanienne. Dans une interview à la télévision nationale, le 21 octobre, il a précisé les circonstances qui l’ont amené à tirer "par erreur" sur le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Voici sa version.

Il s’est enfin dévoilé. Pendant 17 minutes, dans la soirée du 21 octobre, le lieutenant de l’armée de l’air El Hadj Ould H’moudi a raconté à la télévision nationale comment il a tiré « par erreur » sur le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, toujours hospitalisé en France. Le visage grêle, mal rasé, il est intervenu en tenue militaire aux côtés du porte-parole de l’état-major, le colonel Teyib, lors d’une interview qui n’était pas en direct, comme en attestent les nombreuses coupes.

D’emblée, Teyib a précisé que le lieutenant a commis plusieurs infractions, en patrouillant en tenue civile et en roulant dans sa voiture personnelle, immatriculée à l’étranger. Il est alors normal, selon lui, que le président Aziz ne se soit pas arrêté. « Personne ne l’aurait fait. »

El Hadj Ould H’moudi, 28 ans, a expliqué en hassaniya - l’arabe dialectal de Mauritanie - que le soir du 13 octobre, son unité était en entraînement au Nord de Nouakchott. Aussi, il était « en situation de quasi-repos », simplement vêtu d’un treillis et d’une chemise. « Il était un peu plus de 20 heures lorsque j’ai aperçu deux voitures qui roulaient très vite sur la piste, à quelques mètres de notre base, a-t-il raconté, visiblement mal à l’aise. Les passagers étaient enturbannés, je me suis inquiété.

J’ai alors demandé à un sergent de monter avec moi dans ma voiture personnelle, immatriculée à l’étranger, afin de les poursuivre. » Là, ils parviennent à couper la route au premier véhicule, un Toyota V8. Afin de leur faire signe de s’arrêter, il dégaine son arme et tire plusieurs fois en l’air, en vain. La voiture fait mine de s’arrêter mais contre toute attente, redémarre très vite et commence à s’éloigner. Ni une ni deux, Ould H’moudi mitraille le V8 « en visant les pneus. »

"C’est peut-être une attaque"

Soudain, un autre Toyota arrive en trombe, manquant de peu, dit-il, de l’écraser. Le jeune lieutenant tire à nouveau. Il revient alors tranquillement à sa base, afin de rendre compte à son commandement de ce qu’il vient de vivre. « Attention, c’est peut-être une attaque », les prévient-il. Quelques instants après, un autre 4X4 arrive et s’arrête : plusieurs hommes en descendent. Ils l’informent qu’ils appartiennent à la garde présidentielle, mais aussi que le conducteur du premier véhicule n’est autre que Mohamed Ould Abdelaziz et qu’il est « légèrement » blessé.

"Je ne savais pas que j’avais affaire à un cortège présidentiel", a assuré Ould H’moudi, en pleurs.

Une équipe, mise sur pieds dans la foulée, est chargée de reconstituer les faits avec Ould H’moudi. « Je ne savais pas que j’avais affaire à un cortège présidentiel », leur assure-t-il, en pleurs. Contre toute attente, le commandement de l’armée aurait fait preuve de compréhension à son égard. « As-tu été interrogé ou arrêté ? » lui demande alors le journaliste de la télévision nationale. « On m’a simplement demandé de raconter ce qu’il s’est passé et je n’ai été ni arrêté, ni inquiété », lui répond Ould H’moudi.

Le colonel Teyib confirme alors qu’il avait de bonnes intentions, mais qu’au vu de son jeune âge et de son inexpérience, il a manqué de professionnalisme. Aussi, aucune sanction ne sera prise contre lui. Une version qui ne convainc toujours pas les leaders de l’opposition mauritanienne. En partie réunie au sein de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), elle demande toujours l’ouverture d’une enquête.

Par Jeune Afrique

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