Il y a au total 74 partis politiques qui sont en compétition pour les élections couplées législatives/municipales du 2 décembre 2012. Après la validation des listes par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le vendredi 5 octobre dernier, l’heure est maintenant au peaufinage des stratégies de campagne au niveau des états-majors des partis. Le moins que l’on puisse dire est que ces élections simultanées, une première dans notre pays, sont celles de toutes les inconnues pour les 74 partis en lice sans exception. Tous semblent bien mesurer l’enjeu de ces élections si fait que nombre d’entre eux ont dû attendre la dernière minute pour déposer leurs listes auprès de la CENI. Cela certainement pour éviter la transhumance des « non retenus ».

On ne le dira jamais assez, une élection se gagne, en partie, à partir de la confection des listes de candidature. Pour ces élections, il est évident que bon nombre de partis politiques ont trimé pour recruter des candidats « volontaires ».

Cela ne pouvait être autrement quand on sait qu’ils sont en nombre impressionnant au Burkina les partis qui n’existent que pour les élections et d’ailleurs pas dans le but de conquérir les voix ; mais pour les subsides qu’on y gagne à savoir les financements publics. Par ailleurs, et c’est le lieu de le dire, de par le passé de nombreux leaders de partis espéraient dénicher « l’oiseau migrateur » venant du CDP dont des militants recalés feraient leur affaire. Ce qui n’était pas sans dommage pour ce parti qui a souvent vu certaines de ses circonscriptions électorales conquises par d’autres. Pour les dernières législatives de 2007 par exemple, on estime à une dizaine, le nombre de députés transfuges du parti au pouvoir qui se sont faits élire sous les couleurs d’autres formations politiques.

Cet état de fait pourrait expliquer la prudence avec laquelle le Secrétariat exécutif national du CDP a géré ses listes de candidatures jusqu’au dépôt à la CENI. Ce qui n’aurait donné aucune chance à ses rivaux de lui débaucher certains de ses candidats recalés.

Cas de Ouagadougou, Ouahigouya, Dori et Banfora

Les listes étant déjà validées par la CENI, reste la bataille de la conquête des voix qui sera pour le moins assez ardue. On le sait, sous nos tropiques, les partis politiques ne sont pas pour la plupart solidement ancrés dans la population. Si fait que les électeurs sont généralement plus partisans des candidats que du parti. Les scrutins du 2 décembre 2012 seront donc dans cette optique âprement disputés au regard de certaines forces en présence. Faisons le tour de certaines zones où la pêche aux voix sera un combat de titans. Tout d’abord dans le Kadiogo qui est la circonscription électorale la plus disputée avec 48 partis sur les 74 en compétition.

Le CDP est certes donné favori avec de grosses pointures comme son secrétaire à la mobilisation des mouvements associatifs, François COMPAORE, le ministre Arthur KANFANDO, le Larlé Naba Tigré ou Salif TIEMTORE. Mais, en face de lui, il y aura quelques poids lourds de l’opposition tels que le chef de l’UPC, Zépherin DIABRE, Valentine BESSIN de l’UNIR/PS, Yacouba SAVADOGO de l’ADF/RDA. Si le premier cité est à son baptême de feu sous l’étiquette de son propre parti, les deux autres connaissent bien le terrain pour avoir réussi à se faire élire aux législatives de 2007.Arba Hama DIALLO, tête de liste PDS/METBA-Séno
Le Yatenga pourrait être également une zone chaude. Traditionnellement disputée entre le CDP et l’ADF/RDA, la bataille électorale promet d’être rude dans la cité de Naba Kango. Certes, le CDP a remporté le tiers des sièges dans cette province aux élections de 2007.

Mais cette année, il doit d’abord réussir à contenir les bisbilles entre les candidats retenus et ceux recalés pour éviter que le camp d’en face mette à son profit cette situation pour pêcher certaines de ses voix. Le premier dirigeant de l’ADF/RDA, Gilbert Noël OUEDRAOGO, bien qu’il se présente encore sur la liste nationale, va sans aucun doute jeter tout son dévolu dans la circonscription du Yatenga où son épouse, Myriam OUEDRAOGO, tient la deuxième position sur la liste de son parti conduite par le député Sidiki BELEM. Ce qui veut dire qu’on assistera à une campagne aussi bouillante comme en 2007 du côté du Yatenga.
Dans la province du Seno, il y a 12 partis en lice. Mais les mastodontes sont le CDP et le PDS/METBA.

La compétition promet d’être âpre. La liste du parti majoritaire est dirigée par le ministre de la Culture, Baba HAMA qui fait ses premiers pas de candidat à la députation. Et il aura en face de lui celui-là même qui est blanchi sous le harnais, le député-maire Hama Arba DIALLO, qui conduit la liste du PDS/METBA. Un dernier cas. Celui de la Comoé. La liste du CDP est conduite par l’ancien banquier Léonce KONE qui doit batailler dur avec son équipe pour arracher les deux sièges à pourvoir et qui sont convoités par une vingtaine de partis politiques. Dans cette circonscription électorale, le parti majoritaire et le RDB avaient divisé la poire en deux aux législatives passées. Le piquant cette année est que le maire de Banfora, Souleymane SOULAMA, un des ténors du RDB a rejoint le CDP.

Toutefois, semble-t-il, sans pouvoir amener avec lui grand monde. Ce qui veut dire que dans la Comoé, le RDB reste le redoutable adversaire du CDP qui vient de connaître certaines défections en son sein.
Il faut dire qu’à ces élections, les jeux sont ouverts et, comme c’est généralement le cas en politique, la vérité d’hier peut ne pas être celle d’aujourd’hui. A chacun de mouiller le maillot à partir du 18 novembre prochain, date d’ouverture de la campagne électorale, pour espérer tirer son épingle du jeu électoral.

Drissa TRAORE

L’Opinion