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Tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau : Retour aux « vieilles amours »

Publié le lundi 22 octobre 2012 à 23h34min

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Tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau : Retour aux « vieilles amours »

C’est le contraire qui aurait étonné en Guinée-Bissau ! Sinon, une nouvelle de coup d’Etat à Bissau ne surprend plus personne et ne fait plus émouvoir, même les âmes sensibles. Cela, vu que les tentatives de prise de pouvoir par les armes sont devenues le sport favori pour une certaine catégorie de populations de ce pays, notamment les militaires, complices de quelques intellectuels atteints des vertiges du pouvoir. Mais, enfin, comme ils n’ont pas honte qu’on parle d’eux, disons-en deux mots, eux qui ont battu le record des coups d’Etat ! En effet, depuis son indépendance en 1974, après une guerre de libération contre le Portugal, la Guinée-Bissau a enregistré pas moins de sept putschs (1980, 1998, 2000, 2003, 2009, 2011 et 2012) sans compter les coups de force déjoués et une guerre civile, dans lesquels les forces armées et de sécurité sont impliquées.

Et comme ils ont pour « vieilles amours » les coups d’Etat, il est naturellement difficile d’y résister. Ainsi, la tentation et les habitudes aidant, l’on vient encore d’assister à une énième tentative de coup de force en Guinée-Bissau. Ce qui porte le nombre des coups d’Etat, tentatives et autres coups fourrés dans ce pays, à deux, en 2012 et à 8, de 1980 à nos jours. Coup de bluff ou vraie tentative de coup d’Etat ? L’on n’en sait pas trop pour le moment. Mais, ce qui est connu, c’est que ce coup de folie vient d’emporter, au moins sept personnes, le dimanche 21 octobre 2012, en Guinée-Bissau, dans l’attaque ratée de la caserne d’une unité d’élites de l’armée, les "Bérets rouges", menée par un commando.

Ce qui est écœurant, c’est que ce n’est pas un apprenti putschiste qui serait à la tête de l’opération. C’est un habitué des coups d’Etat. Car, selon ce qui se dit, les assaillants étaient dirigés par le capitaine Pansau N’Tchama, lui-même membre des "Bérets rouges", unité d’élites de l’armée de terre. Il était à la tête du commando qui avait assassiné, en 2009, le président de la République, Joao Bernardo Vieira. En tous les cas, cette fois-ci, l’attaque, qui intervient six mois après un coup d’Etat militaire, le 12 avril 2012, a été repoussée après environ une heure d’échanges de coups de feu. Les soldats putschistes, avec à leur tête le capitaine Pansau N’Tchama qu’on considère comme un proche de l’ex-Premier ministre, Carlos Gomes Junior, dont le nombre reste encore inconnu, ont pu prendre la fuite, selon des témoins. Mais des doigts accusateurs sont déjà pointés.

Et la situation n’est pas loin de provoquer une crise entre la Guinée-Bissau et le Portugal, ancien colonisateur du pays. Le communiqué gouvernemental en dit long : « Le gouvernement considère le Portugal, la Communauté des pays de langue portugaise et Carlos Gomes Junior comme les promoteurs de cette tentative de déstabilisation dont le but et la stratégie sont de renverser le gouvernement de transition ». Le texte ajoute que les objectifs étaient aussi de « mettre en cause tout le processus politique en cours, avec un seul but : faire revenir Carlos Gomes Junior au pouvoir et également de justifier la présence d’une force internationale » de stabilisation en Guinée-Bissau. L’on se souvient que le gouvernement de Carlos Gomes Junior, qui vit en exil au Portugal, a été renversé le 12 avril par un putsch intervenu entre les deux tours de la présidentielle, alors qu’il était arrivé en tête du premier tour.

Les putschistes, dirigés par le chef d’état-major des armées, le général Antonio Indjai, ont rendu le pouvoir à des hommes politiques avec lesquels ils ont signé un accord pour la mise en place d’autorités de transition, dirigées par le président Manuel Serifo Nhamadjo. Cette tentative avortée de coup d’Etat donne raison à ceux qui pensent qu’il faut réformer l’armée bissau-guinéenne, estimant que, non seulement, ses forces sont pléthoriques pour un pays pauvre, mais surtout parce qu’elles sont devenues le facteur principal d’instabilité du pays. La hiérarchie militaire étant considérée comme au centre du trafic de drogue. La réflexion reste donc d’actualité pour faire en sorte que cette armée, forte d’environ 11 000 hommes, revienne à la raison et accepte la réforme qui veut réduire ses effectifs à 4000 hommes en envoyant plus de la moitié à la retraite.

Au demeurant, il est temps que ce pays qu’on qualifie de pauvre et miné par le trafic de drogue et dont l’histoire est jalonnée par la violence politico-militaire depuis son indépendance, prenne ses responsabilités et arrête le désordre afin de penser à son développement. Le plus grand nombre de Bissau-guinéens en a besoin ! Nul doute que rien de grand ne s’est construit dans le désordre, encore moins dans ææla pagaille.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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