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Lateef Dada, guide touristique professionnel burkinabè : « je voulais être ambassadeur…ou guide touristique »

Publié le jeudi 18 octobre 2012 à 00h02min

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Lateef Dada, guide touristique professionnel burkinabè : « je voulais être ambassadeur…ou guide touristique »

Jimoh Lateef Dada, quarante ans, est l’un de ces guides touristiques professionnels burkinabè qui offrent un service de qualité aux touristes désirant découvrir notre pays. En 2002, après avoir reçu des modules de formation impartis par le Ministère en charge du Tourisme et une autre formation en technique d’accueil et de communication à Ouahigouya, toujours en rapport avec le tourisme, Lateef Dada s’établit à son compte comme guide touristique professionnel. « Quand j’étais petit, je rêvais d’une carrière d’ambassadeur. Ma mère voulait coûte que coûte que je fasse les études de médecine alors que je n’étais pas doué dans les séries scientifiques. Du coup, mon cursus scolaire s’est écourté car je m’intéressais de plus en plus sérieusement à ma deuxième passion : j’accompagnais les touristes blancs partout où ils voulaient aller dans la région des cascades.

Au fait depuis mon tendre enfance, je maitrisais parfaitement et dans les moindres détails tous les sites touristiques de cette région, et c’est avec grand plaisir que je faisais visiter ces endroits fantastiques ».
C’est par ces mots que Lateef entamait une longue et entrecoupée conversation avec nous ; lui qui était chargé de nous « guider » durant tout le SITHO (Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou), nous laissait entrevoir déjà qu’il allait mettre les petits plats dans les grands afin que l’Educ Tour à laquelle nous participions (en préludes au SITHO) soit une réussite. Il y’a des gens qui aiment ce qu’ils font ; ils sont nombreux. Il y’a aussi ceux qui sont passionnés de ce qu’ils font. Parmi ceux-là, il y’a Lateef.

Le guide professionnel qui a dû aller perfectionner son expression anglaise au Ghana pendant de longs mois afin de satisfaire les touristes non francophones : « au fil du temps, je me suis rendu compte que pour mieux faire mon métier, je dois parler aussi l’anglais de façon fluide. Car s’il est vrai que la majorité des touristes qui visitaient notre pays jusque-là était francophone, de plus en plus de touristes viennent d’un peu partout…et même s’ils ne sont pas d’un pays anglophone, en général à défaut du français, ils peuvent s’exprimer en anglais… ». Nous fait savoir Lateef.
Avec Lateef Dada, on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer : tantôt il vous raconte des anecdotes agrémentées au goût de la personne la plus hostile, tantôt il vous embarque dans une session de groupe où tout ce monde hétérogène - formé de Tours opérateurs, de journalistes occidentaux et locaux, d’agents du Ministère en charge du tourisme - se surprend avec un talent d’animateur de groupe.

Cela se passe toujours dans l’autobus qui nous transporte d’un site touristique à un autre. Sacré « ambassadeur culturel », ce Lateef qui sait détendre l’atmosphère lorsqu’il sent des signes de fatigue chez ses « clients », qui trouve réponse à tout et à chaque chose et qui est aussi capable de monter deux fois au sommet du Pic du Nahouri (447m de hauteur) en une matinée juste pour le plaisir des touristes.

Tout ça est bien beau, mais Lateef gagne-t-il bien sa vie comme guide touristique permanent ? ne craint-il pas la concurrence des guides improvisés qu’on aperçoit toujours scotchés aux touristes blancs ? « Non, pas du tout, rétorque Lateef… vous savez, moi par exemple je travaille avec cinq agences de voyages du Burkina et quatre autres du Mali. Toutes ces agences me filent constamment des marchés car ils savent que nous les guides professionnels nous offrons un service de qualité. En plus de ça, lorsque mes clients repartent satisfaits, ils passent mon contact à d’autres qui viennent en tourisme. Vraiment Dieu merci, ça va (…) j’ai près de deux cents clients par an ; mon métier nous fait vivre convenablement moi et ma famille et tous mes enfants sont scolarisés ».

En effet, Lateef Dada a à peine terminer cette phrase qu’un appel téléphonique retenti ; provenant de l’un de ses trois téléphones cellulaires : c’était un « client » qui s’exprimait en anglais et venait de caller un rendez-vous ferme avec lui pour après le SITHO.
Mais même si dans sa modestie Lateef est satisfait de ce qu’il gagne, le guide attitré n’est pas moins conscient de la réduction considérable du nombre de visiteurs de notre pays. Bon nombre de pays occidentaux déconseillent la région du sahel à leurs ressortissants à cause de l’instabilité réelle qui sévit au Mali. Quand on sait que traditionnellement les touristes qui visitent le Mali en profitent pour visiter le Burkina Faso, et vice versa, forcement la destination Burkina en prend un coup.

Et Lateef Dada de lancer un message : « aux autorités de faire la promotion de la Destination en lançant par exemple un message rassurant à l’endroit des pays d’où viennent généralement nos touristes. Aussi, sommes-nous conscients que c’est grâce au Ministère en charge du Tourisme qu’on est reconnu aujourd’hui officiellement et que nous exerçons notre métier avec professionnalisme. C’est pourquoi à notre niveau, dès que nous avons l’occasion, nous ne cessons de faire la promotion de notre pays qui détient quatre zones touristiques toutes dignes d’intérêt » (ndlr : zone du Sahel, zone de l’Est, zone du Centre et zone de l’Ouest).

Enfin Lattef a lâché le mot : promotion du tourisme ; c’est le lieu d’en parler ici. En effet si au niveau international, l’Etat fait déjà ce qu’il peut, à l’échelle nationale, chaque burkinabè qui se sent avec des capacités pourrait jouer sa partition en valorisant nos quatre zones touristiques avant d’aller se pavaner à Accra, Ibiza, ou aux îles Fidji. C’est ça aussi le tourisme solidaire : oublier la commodité de nos villes et aller partager des tranches de vie avec nos « parents » des profondeurs du Burkina Faso. Et tous, nous savons qu’un burkinabè moyen peut aller en vacances une semaine avec sa famille dans une zone touristique. Cela ne coûte pas grand-chose si c’est une fois par an et sa famille lui serait certainement reconnaissante…

Roland Zongo Sanou (correspondant en Espagne)

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