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MORALISATION DE LA VIE PUBLIQUE AU BURKINA FASO : La touche révolutionnaire

Publié le mardi 16 octobre 2012 à 07h53min

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MORALISATION DE LA VIE PUBLIQUE AU BURKINA FASO : La touche révolutionnaire

Le Conseil national de la révolution (CNR, 1983-1987) et le Front populaire (FP 1987-1991), ont été marqués par des initiatives poignantes de moralisation de la vie publique. Parmi celles-ci, la déclaration publique des biens des hauts dignitaires du régime de l’époque et les Tribunaux populaires de la révolution (TPR), même si, dans leur approche, ils ont été considérés, par certains, comme des tribunes de règlement de compte politique.

Le 13 septembre 2012, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, a montré sa ferme volonté de « traquer les fossoyeurs de notre économie jusqu’à leur dernier retranchement ».

C’était lors de sa visite à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat, (ASCE), suivie d’une conférence de presse. Depuis sa prise de fonction en avril 2011, le chef du gouvernement a maintes fois affiché sa volonté de lutter contre la corruption et la mal gouvernance. Et un début de matérialisation de cette volonté, a pu être observé, à travers la remise, au Premier ministre par l’ASCE, de la liste des personnes épinglées pour mal gouvernance, dans le rapport 2011, de l’institution de contrôle d’Etat. Et l’on attend la suite…

Lors des travaux du conseil consultatif sur les réformes politiques, qui se sont déroulées entre juin et novembre 2011, l’un des points de consensus retenus a été, la déclaration des biens des hautes personnalités nouvellement nommées, avant leur entrée en fonction, comme cela devrait être le cas devant le Conseil constitutionnel. Une approche de la gestion des deniers publics qui rappelle la période révolutionnaire où la moralisation de la vie publique a été au cœur de l’action gouvernementale. De nombreux témoins, auditeurs et autres nostalgiques se souviennent encore des longues séances des assises des Tribunaux populaires de la révolution (TPR), qui se tenaient à la Maison du peuple de Ouagadougou ou délocalisées à Bobo-Dioulasso et retransmises en direct à la Radio nationale.

Créés en octobre 1983, les TPR ont connu leur première audience, le 3 janvier 1984. A l’entame de ces séances de jugements qui sortaient de l’ordinaire, le président Thomas Sankara avait justifié ce type d’assisses criminelles : « La création des TPR se justifie par le fait qu’en lieu et place des tribunaux traditionnels, le peuple voltaïque entend désormais matérialiser, dans tous les domaines, dans tous les secteurs de la société, le principe de la participation effective des classes laborieuses et exploitées à l’administration et à la gestion des affaires de l’Etat ». Les TPR se voulaient des tribunaux d’exception instaurés en lieu et place des tribunaux classiques ou de droit commun. Leur but était de récupérer « aussi intégralement que possible pour le peuple, tous les biens qui ont été détournés, dilapidés, pillés par les dignitaires des régimes réactionnaires et également d’infliger les actions exemplaires et appropriés à ceux qui ont ruiné le peuple ».

La différence fondamentale d’avec les tribunaux classiques se trouve dans cette disposition selon laquelle les TPR siègent sans représentant du ministère public et l’accusé assure, lui-même, sa défense, sans avocat. C’est là, le talon d’Achille des TPR, qui ont été d’ailleurs vus par certains comme un règlement de compte dirigé contre les « réactionnaires ». Au terme d’un an d’existence, le bilan faisait état de 139 personnes jugées en seize (16) audiences, avec 104 condamnations à l’emprisonnement et à des peines pécuniaires. Trente trois (33) personnes ont été relaxées. Et le montant des condamnations pécuniaires s’élevaient à environ 7 milliards de FCFA…

L’une des initiatives fortes de promotion de la bonne gouvernance et de la transparence à cette période est la déclaration des biens des dirigeants. Ainsi, à l’invite de ce qu’on a appelé la Commission du peuple chargée de la prévention contre la corruption (CPPC), en février 1987, des membres du gouvernement révolutionnaire, avec à leur tête son premier responsable, des directeurs généraux de sociétés, des ambassadeurs du Burkina accrédités à l’étranger… sont passés à la « barre », pour déclarer publiquement leurs biens. Si les TPR étaient des organes de jugement des crimes et délits, la CPPC se voulait un instrument « de morale révolutionnaire contre les perversions ».

Gabriel SAMA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 octobre 2012 à 19:40, par Lyrique En réponse à : MORALISATION DE LA VIE PUBLIQUE AU BURKINA FASO : La touche révolutionnaire

    7milliards de recouvrement pour les biens volés au peuple Voltaique a son temps ! j’avoue que s’il y avait encore un TPR ça sera encore plus. Il n’est jamais trop tard , le peuple Burkinabè règlera un jour a l’autre ses comptes avec ces prédateurs d’un temps moderne, ce n’est qu’une question de jours
    Si loin que soit la nuit , le jour se lèvera .!!!!!!

  • Le 18 octobre 2012 à 12:01, par DJELIBA En réponse à : MORALISATION DE LA VIE PUBLIQUE AU BURKINA FASO : La touche révolutionnaire

    Peut-on nous rappeler le nom du ministre en charge de la justice à cette époque-là ? Quelle a été son empreinte sur la réussite ou l’exécution des TPR et son engagement réel ?
    Certainement qu’à cette époque, la sève révolutionnaire coulait encore dans les veines des VOLTAIQUES.Puis vinrent les opportunistes, chargés de créer la zizanie entre les dirigeants, comme cela est encore en train de se dessiner aujourd’hui.Les mêmes appâts sont présentés : femmes teint clair, argent, fortune et puissance.On peut éviter au BURKINA de sombrer par l’application d’une justice révolutionnaire.

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