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Editorial : Placer l’homme au cœur de la gouvernance

Publié le lundi 8 octobre 2012 à 01h49min

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Le président sénégalais Macky Sall vient de décider de la suppression du Senat au Sénégal. « J’ai décidé que l’Etat va consacrer des ressources substantielles à la recherche de solutions structurelles aux inondations récurrentes qui causent tant de malheurs, de douleurs et de souffrances aux populations ». En prenant cette décision, l’Etat du Sénégal va économiser environ 8 milliards de FCFA par an. Cette économie va incontestablement contribuer à améliorer le quotidien des Sénégalais, eux qui ont encore subi cette année des inondations en série.

Cette option sage et éclairée de ce pays à forte tradition démocratique remet sur la table la question de la pertinence de l’institution du Senat au Burkina. L’on se rappelle que faisant suite aux reformes politiques suggérées par le Conseil consultatif des reformes politiques(CCRP), l’Assemblée nationale a procédé le 11 juin 2012 à la modification de la constitution pour créer le Senat.

Au moment donc où cette institution est devenue obsolète dans les pays qui l’ont expérimenté pendant de longues années, le Burkina Faso vient de la consacrer tout en lui conférant certains pouvoirs. Au terme de la modification de la constitution, n’est-ce pas que c’est le président de cette nouvelle institution qui devient dauphin constitutionnel en cas de vacance du pouvoir ? L’on n’aurait rien dit si ce doublon avec l’Assemblée nationale actuelle garantissait un bonus à notre démocratie et à l’Etat de droit. Mais ce qui est évident, c’est que cette nouvelle institution secrétée par le CCRP va engloutir une importante partie du budget de l’Etat sans donner l’assurance de produire des résultats escomptés.

L’expérience montre à souhait que l’on peut bien se passer de tels attelages surtout dans un contexte où la situation économique du pays n’est pas très reluisante. Il reste entendu que la qualité et la vitalité de la démocratie d’un pays ne se mesurent pas à l’aune du nombre des institutions qui y foisonnent. Elles sont plutôt tributaires de la crédibilité, de la représentativité et de la réactivité de celles-ci. Si tant qu’il ne servira pas à grand-chose de multiplier les organes de l’Etat surtout avec l’incidence financière inéluctable que cet exercice engendre. Le pays supporte déjà difficilement les charges liées au fonctionnement de la présidence, de l’Assemblée nationale, du Conseil économique et social etc. et il est inconcevable d’allonger la liste des institutions budgétivores et non indispensables.

Il est vraiment temps de consacrer les ressources du pays au développement socio-économique des populations tout en travaillant à rendre efficaces et crédibles les institutions existantes. Des pays comme le Sénégal ont certainement compris que les institutions sont faites pour être au service des hommes et des peuples et non le contraire. C’est pour cela que ses autorités refusent de sacrifier le peuple sur l’autel d’une quelconque considération aristocratique ou conventionnelle. C’est une option qui requiert non pas forcement du courage politique mais nécessairement une bonne dose de patriotisme, d’humanisme et de vision. Vivement donc que cet exemple qui place l’épanouissement de l’homme et du peuple au cœur de la gouvernance stimule et inspire !

MUTATIONS N°.13 de septembre 2012, Bimensuel burkinabé paraissant les 1er et 15 du mois (contact : Mutations.bf@gmail.com)

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