Quel courage !

La réaction de la quasi-totalité des internautes qui ont lu la lettre de démission de la députée Saran Sérémé, peut se résumer à cette phrase de Maria, « quel courage ! ». Courage, c’est le mot qu’on rencontre le plus en parcourant les commentaires des forumistes. Bon nombre d’entre eux sont comme cet anonyme, qui dit admirer « très sincèrement le courage de cette dame quand bien même je ne l’apprécie pas trop ». Les internautes qui ont rarement vu de telles démissions au sein du parti au pouvoir trouvent en cet acte, cette attitude que Marcellin qualifie de « digne et courageuse ».

Son acte est d’autant plus courageux en ce qu’elle a refusé de faire comme certaines personnes qui ont « reçu des gifles mais, qui à cause de leur manque de personnalité et de grandeur ont préféré se taire et continuer à manger » selon Eric de Kouria. Certains pensent que Madame Sérémé en démissionnant du CDP sait qu’elle va « s’exposer à des représailles de toutes sortes » selon Marcellin et, à en croire Invariable, elle « ne pourra même plus être proposée à un poste de responsabilité ». Malgré tout, elle a pris son « courage à deux mains » pour dénoncer la mauvaise gestion du parti et adressé sa lettre de démission à son Secrétaire exécutif national.

Pour les forumistes comme Nedbala, « c’est çà même qui démontre sa bravoure ». C’est pour cette raison que KGB pense qu’elle « mérite d’être félicitée et respectée pour son courage », pendant que Koumbem Tipousga se voit « obligé de louer la noblesse de l’acte ». Les internautes saluent ainsi l’acte de courage de Madame Séré et restent convaincus que son départ engendra d’autres démissions.

Le début de la déconfiture ?

« C’est vraiment le début de la déconfiture » présume Marcellin, qui est convaincu comme beaucoup d’autres forumistes que la démission de Saran Sérémé n’est que la première d’une longue série qui ne fait que commencer. Yan na mar a une lecture de la situation qui n’est guère différente de celle de Marcellin quand il affirme que « ce n’est là que le début ». Les internautes pensent que la constitution de la liste finale des candidats aux élections couplées du 2 décembre a fait tellement de frustrés qu’il releverait d’un miracle que Saran soit la dernière personne à quitter le navire. C’est ce que pense Akili, pour qui, il est certain que c’est « la première d’une série après le dépôt des listes ».

Selon certains internautes, des militants seraient prêts à partir, mais n’avaient pas le courage. Saran Séré ayant ouvert la voie aujourd’hui, on ne devrait pas être surpris de voir des cascades de démissions les semaines prochaines. Pour eux, les personnes arrivées en tête lors des primaires et qui se retrouvent « virées » de la liste finale prendront le courage de l’honorable Sérémé comme exemple et claqueront la porte. Convaincus qu’il y aura encore des démissions, certains comme Sank se posent déjà cette question : « qui suivra ? ».

Une leçon de courage aux humiliés du parti

KGB en analysant cette démission aboutit à la conclusion selon laquelle, l’honorable Sérémé « donne là une bonne leçon de conscience aux caciques comme, les Roch, les Salif, les Simon qui ne sont plus rien dans le parti, mais qui y restent toujours quand même ». Hamane est du même avis que lui quand il affirme que cette « dame va montrer le chemin aux humiliés permanents du CDP qui n’osent pas quitter le navire ». Pour ces deux, Madame Sérémé a montré que la politique est avant tout un acte de courage et si on devient personna non grata dans un parti, mieux vaut le quitter.

Cet acte est ainsi considéré par les internautes comme une leçon de responsabilité politique adressée à la classe politique burkinabè en général et surtout, « aux caciques » du CDP qui se sentent exclus et qui n’osent broncher. Pour Freedomfighter, ce qu’on peut retenir de cette démission, c’est qu’« elle a montré que les femmes ont plus de dignité que les hommes : Rock, Simon, Salif ».

A coté des laudateurs de cet acte, il y a ceux qui se demandent si la députée était dans le parti parce qu’elle trouvait son compte ou parce qu’elle partageait son idéologie ? Pour ces derniers, le fait d’avoir démissionné parce qu’elle n’est pas en pôle position dans le Sourou traduit un manque de conviction politique.

Manque d’idéal politique

Pour Salif, si l’honorable a démissionné du CDP, c’est parce qu’« elle n’y voit plus ses intérêts. Cela montre qu’elle n’était pas à l’assemblée pour l’intérêt commun comme elle a dit mais pour ses propres intérêts ». Les défenseurs de cette thèse sont convaincus que Madame Sérémé n’était pas au CDP parce qu’elle partageait son idéal politique, mais parce qu’elle trouvait ses intérêts. Elle prêchait donc pour sa propre chapelle et cela « met à nu le fait qu’elle n’était pas une militante engagée pour le parti mais plutôt pour ses intérêts personnels », estime Part de vérité.

Pour certains internautes, les griefs qu’elle dénonce ne sont pas nouveaux mais, pourquoi, c’est à la vielle de la constitution de la liste de candidatures qu’elle les trouve subitement anti-démocratiques à tel point qu’elle ne peut plus rester dans le parti ? « Pourquoi attendre de ne pas être sur la liste du CDP pour démissionner ? », se demande Bourassa. Pour Marcellin, pour comprendre le sens de la démission de Saran Sérémé, il faut répondre à cette question : « Y a-t-il un seul militant du CDP qui y soit pour servir et non pour se servir ? ».

Zakaria Soré
Collaborateur
Lefaso.net