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Il faut le dire : Nos joueurs méritent un meilleur traitement dans leurs clubs

Publié le mercredi 26 septembre 2012 à 00h00min

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« La route a encore tué ! », nous sommes-nous exclamés, le lundi 17 septembre 2012, en apprenant l’accident dont a été victime l’équipe du Racing club de Bobo-Dioulasso (RCB). On se rappelle que le même club avait fait un accident en 2009 à l’entrée de Bobo-Dioulasso avec son nouveau car qui venait d’être acheté et qui n’est jamais arrivé à destination. A l’époque, le rapport coût-état du véhicule avait fait des gorges chaudes, mais là n’est pas la question. Le « débat » que suscite donc le dernier accident des joueurs du club, est tout autre.

En effet, la route a certes tué, mais ce drame suscite de nombreuses questions quant aux conditions de vie et de travail des joueurs, de l’encadrement technique, en un mot la rémunération des acteurs du football national.

Si l’on sait que sous nos cieux, les footballeurs particulièrement ne sont pratiquement pas payés, on ne peut qu’avoir des sueurs froides pour leurs familles quand le pire arrive. Avec souvent entre 10 000 et 25 000 F CFA comme prime de match victorieux, ces professionnels n’arrivent même pas à s’acheter une bonne paire de chaussures pour jouer. Dans les clubs les mieux nantis de la ville de Sya par exemple, certains et donc pas tous, sont mensuellement payés avec un salaire atteignant parfois 75 000 F CFA pour les plus brillants.

Pour ceux qui ne vivent qu’au gré de primes hasardeuses ou de salaires payés avec des arriérés innombrables, on imagine comment ces infortunés, au sens propre du terme, arrivent à vivre dans nos villes avec des familles parfois de 10 personnes qui ne comptent que sur lui. Pire, en cas de blessure sur le terrain ou d’accident sur la route, ils ont les premiers soins, mais sont vite oubliés, abandonnés à leur sort, sans espoir de bien se soigner pour réintégrer les rangs.
Comment leur demander donc de se donner et d’offrir chaque fois des victoires à leur club, s’ils n’ont même pas de quoi manger avant d’aller aux entraînements ? Combien sont-ils, à aller aux entraînements à vélos, ou à pied, sans oublier ceux qui n’ont pas de quoi acheter du carburant pour mettre dans leur motocyclette. Cette situation corrobore l’adage qui dit que « La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a ».

Si dans de telles conditions la plupart des clubs ne disposent pas de cars pour transporter leurs joueurs lors des matchs, il est néanmoins souhaitable qu’ils louent des véhiculent de bonne qualité. Alors pensons-nous, les joueurs pourront donner le meilleur d’eux-mêmes et intéresser les clubs plus nantis, mieux organisés et plus offrants.
L’actuelle galère est à la charge de tous les acteurs du ballon rond. A commencer par les structures en charge du football, notamment le ministère et la fédération. Sinon, comment comprendre que certains clubs qui prennent part aux compétitions officielles, ne disposent pas d’un minimum de fonds dans leur caisse pour pouvoir compétir ?

Il y a aussi que des responsables de clubs n’attendent que le financement de la fédération pour le disséquer, faisant prester les joueurs dans les pires conditions. Sans médecin soignant, ni boîte à pharmacie minimum, les joueurs sont livrés à eux-mêmes, sans hygiène alimentaire adaptée au sport qu’ils pratiquent. Il faut donc que le ministère et la fédération aient un regard plus pointu sur cet aspect des choses, en plus de la gestion des financements octroyés et celle des transferts et vente des joueurs.

L’autre fautif est et reste les supporters. Toujours prêts à critiquer, à insulter et à dénoncer, ils sont ceux qui rechignent à mettre la main à la poche. Si l’on sait que les fans de notre football disent bouder les gradins parce que la qualité des matchs est nulle, on se demande comment les clubs pourront améliorer leurs prestations s’ils ne disposent pas de fonds, constitués en partie des droits d’entrée au stade. Ces drôles de supporters veulent pourtant des jeux dignes de ceux de Barcelone, Chelsea ou tout au moins Marseille, Africa sport ou du Tout-puissant Mazembé ! Cependant, ils ne font rien pour contribuer financièrement à la vie de nos équipes de football.
C’est donc logique, que nos « enfants » ne ratent pas la toute première occasion de rejoindre les 4e divisions de certains pays qui pour le moins, leur garantissent un salaire et des primes de match conséquents.

Il faut le dire, tout un chacun doit se remette en cause pour donner au football national ses lettres de noblesses. Ainsi, nous verrons nos clubs participer aux compétitions sous-régionales, africaines et internationales. Les autres le font avec des joueurs ayant une tête et deux pieds comme nos joueurs. Seulement côté financier, ils n’envient pas les nôtres, et c’est ce qui fait la différence.

Jean-Marie TOE (jmt16j@yahoo.fr)

Sidwaya

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