C’est une assertion valable aussi pour la promotion de la femme. Et cela, l’autre moitié du ciel l’a appris à ses dépens, à l’occasion de la confection des listes de candidatures aux élections législatives et municipales de décembre prochain. En effet, l’euphorie générale qui a accueilli l’adoption, en 2008, de la loi sur le quota a fait place à la déception depuis que les partis politiques ont commencé à publier les listes de leurs candidats à la candidature.

De nombreuses formations politiques, y compris les plus représentatives, ont contourné la loi. En tout cas, si on s’en tient aux projets de listes qui sont publiés, ce n’est pas demain la veille que la loi sur le quota genre sera appliquée au Faso. Chose curieuse, même le parti au pouvoir, qui a été l’un des farouches défenseurs du texte de loi, n’a pas pu se détacher du lot. Les femmes n’ont pas eu un traitement particulier. On a l’impression qu’au nom d’un principe de démocratie à la base, le CDP, pour ne pas le nommer, a livré les candidates en pâture. Histoire de dire que chaque élue doit mériter sa place. C’est oublier trop facilement que le contexte national ne se prête pas à un combat égalitaire entre hommes et femmes.

Les premiers partent sociologiquement avec les faveurs des pronostics tandis que les deuxièmes ont toujours besoin d’une discrimination positive pour pouvoir s’affirmer. Le fait pour les leaders politiques de ne pas tenir compte de cette réalité donne raison à ceux qui avaient des appréhensions depuis 2008 en considérant cette loi comme un mirage pour mieux violer les droits des femmes. Avec la configuration des listes à l’heure actuelle, peu de femmes seront présentes sur les bancs de l’Hémicycle. Mais faut-il vraiment plaindre les femmes ? Ne sont-elles pas en partie responsables de ce statu quo ?

En mars 2008, lors de la discussion de la proposition de loi sur le quota, des voix s’étaient élevées pour demander que le quota commence d’abord par la nomination de femmes aux postes importants de l’administration. C’était une manœuvre plus aisée car notre administration regorge de femmes compétentes et capables de donner des résultats satisfaisants. Si le pouvoir et sa majorité avaient accepté ce principe, le “sexe faible” aurait été dans une posture pour s’imposer aux “primaires” des partis politiques. Mais puisqu’il s’est trouvé des femmes pour défendre la thèse des postes électifs au détriment des postes nominatifs, elles ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes.

La minorité chargée de défendre l’intérêt général a, il ne faut pas avoir peur des mots, trahi. Elle a, par son refus d’exiger l’application du quota aux postes nominatifs, préféré s’accrocher à la loi sur le quota électif, juste pour être ou pour rester dans les bonnes grâces du système en place. En tout cas, si au moins 30% des postes nominatifs avaient été donnés aux femmes depuis 2008, on n’en serait certainement pas à ce balbutiement.

Cependant, les femmes détiennent encore un pouvoir de décision, une redoutable arme : le bulletin de vote. Le 2 décembre prochain, elles peuvent punir les grands partis pour le peu de place faite aux femmes. Sauf que là encore, il s’en trouvera des femmes pour défendre les formations politiques fautives. Avec un tel esprit, la loi sur le quota restera une belle intention pour longtemps encore.

Adam Igor

Journal du Jeudi