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La mauvaise posture du Conseil national de la presse ivoirienne !

Publié le mercredi 19 septembre 2012 à 22h55min

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La mauvaise posture du Conseil national de la presse ivoirienne !

C’est une victoire pour les journaux pro-Gbagbo. Le Conseil national de la presse (CNP) vient de lever, provisoirement, la mesure de leur suspension d’une ou deux semaines de parution. Accusé d’entretenir un climat malsain et de faire perdurer la crise postélectorale, « Le Temps », « Le Quotidien d’Abidjan », « Le Nouveau Courrier », « Lg Infos », « Aujourd’hui », « L’Alternative », ont été autorisés à (réap) paraître dès hier, mardi 18 septembre 2012. C’est une véritable bouffée d’oxygène pour les responsables de la « presse bleue » menacée de sombrer dans un sommeil cataleptique. Les patrons de ces médias, qui grimpent dans l’estime des partisans du Front populaire ivoirien (FPI), peuvent se frotter les mains avec les bonnes affaires qu’ils s’apprêtent à réaliser.

Vu que leur lectorat, impatient, se rongeait nerveusement le doigt, à défaut de consommer la forêt d’informations assaisonnées à la sauce de « Mama » qu’ils affectionnent tant. Tout le plaisir est pour eux maintenant. Pourvu que cela dure. Car les journaux pro-Gbagbo, à l’instar des autres organes de la presse ivoirienne, sont tenus de jouer leur rôle, en contribuant à l’apaisement du climat social et à la construction d’une Côte d’Ivoire qui peine à se rassembler. Le président du CNP, Raphaël Lakpé, l’a réaffirmé : « Nous voulons donner une chance à ces médiations, afin de voir quels sont les engagements que les responsables des journaux sanctionnés ont pris et les garanties qu’ils respecteront ».

C’est tout comme s’il a effectué ce spectaculaire rétropédalage sans même avoir été assuré que « la presse bleue » ne va plus renouer avec les pratiques litigieuses qui ont valu son étouffement. Les faits portent à croire que les journaux proches du « Woody de Mama » vont continuer à publier les photographies de Laurent Gbagbo et ses proches avec des légendes mentionnant les postes ministériels occupés pendant la crise postélectorale. Les patrons de ces journaux, se délectant de la symbolique victoire arrachée par l’entremise du Groupement des éditeurs de Côte d’Ivoire (patronat) et la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), ont affirmé dans un communiqué qu’ils ont obtenu ce qu’ils désiraient. Il s’agit, ni plus, ni moins, que de la désignation des personnalités pro-Gbagbo par leurs supposés titres d’anciens ministres. Or, le Conseil national de la presse prétend que cette attitude donne l’impression qu’il y a deux gouvernements en Côte d’Ivoire.

C’est tout le signe que l’écran de malentendu n’a nullement été gommé. Le cœur humain étant comme un labyrinthe habité par mille et une passions, il va sans dire que les deux parties en contradiction vont se livrer une guerre en sourdine, en vue de prendre la main, une fois pour de bon. Les journalistes pro-Gbagbo se sont déjà engagés dans cette voie. Ils comptent profiter du frémissement favorable. La preuve, ils ne sont pas allés du dos de la cuillère, pour demander, par la voix de César Etou, la démission du président du CNP, Raphaël Lakpé et la reconstitution du collège des membres du CNP pour qu’il « reflète la diversité des lignes éditoriales ». Non content de cela, ils ont décidé de porter plainte devant la chambre administrative de la Cour suprême contre le comportement qu’ils qualifient de partisan et sélectif de M. Lakpé.

En montant ainsi sur leurs grands chevaux, ces journalistes visent à assurer une meilleure défense, en acculant leurs présumés détracteurs. Avec ça, ils comptent gagner du répit et poursuivre leur travail sans encombrement. Autrement dit, en conservant leurs habitudes. Il faut compter avec eux. Ils ont du « culot » et du charisme. Ils l’ont démontré en faisant un front commun qu’ils entendent poursuivre aussi longtemps sans faille. A cette allure, ce sont les autorités du CNP qui seront obligées d’infléchir une fois de plus leurs positions pour éviter d’envenimer une situation explosive entretenue par une suspicion généralisée. De reculade en reculade, au nom de la réconciliation nationale, les dirigeants du CNP et Raphaël Lakpé en particulier, pourraient assister impuissants à l’effritement de leur autorité. Si seulement, elle existait encore. Toute chose qui en ouvrirait la voie à tous les excès et poserait du coup, la question de leur légitimité.

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 septembre 2012 à 09:09, par warban En réponse à : La mauvaise posture du Conseil national de la presse ivoirienne !

    En quoi écrire L.G ex président ou ancien président, ou un tel ex-ministre peut constituer une faute si ce n’est la dictature qui commence avec ce pouvoir. La fébrilité,la peur et le manque d’assurance gagnent le régime ADO. Montrez clairement que vous êtes mieux que Gbagbo en matière de droit.

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