LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Autant le dire… : Législatives et municipales, est-ce que ces gens-là sont au sérieux ?

Publié le lundi 17 septembre 2012 à 23h25min

PARTAGER :                          

Quand on observe dans certains secteurs et villages comment se font les choix ou les désignations de ceux qui seront probablement les futurs conseillers municipaux et présidents de conseils et députés à l’Assemblée nationale, on s’inquiète. A juste titre car, les méthodes employées non seulement sont bien contraires aux directives des formations politiques, mais elles sont en contradiction profonde et flagrante avec les idéaux de démocratie, de bonne gouvernance et de préservation de la paix sociale.

Quand des candidats achètent (avec de l’argent) les consciences de membres d’un collège de désignation pour, soit être sur les listes ou soit parce qu’ils veulent qu’on élimine un probablement candidats concurrent sérieux, on tombe des nues puisqu’aucun parti politique n’a choisi cette méthode comme mode de désignation de ses candidats ! Puisqu’elle est aussi contraire à tout esprit démocratique. Peut-on dans de tels cas parler de personnes soucieuses de paix, de valeurs démocratiques ou d’intérêt général ?

Quand des candidats, parce qu’ils veulent être sûrs d’être élus très prochainement député ou conseiller municipal suscitent des manifestations ou de la révolte dans leurs propres localités, est-ce qu’on peut dire que de telles personnes se soucient de la paix sociale, de la tranquillité ou encore du bien-être de leurs électeurs véritables ? A supposer qu’en face les candidats « éliminés » dans de telles conditions décident eux aussi de réagir à travers les mêmes comportements ? Qu’en sera-t-il s’il arrivait que pour les mêmes raisons et par les mêmes bêtises des Burkinabé s’affrontent ? Ce qui est encore plus grave et malsain, c’est quand tout cela se passe à l’intérieur d’une même formation politique.

Autrement dit, au lieu que les militants ou « soupirants » du même parti politique se coalisent et se donnent la main pour combattre l’adversaire commun, c’est entre eux qu’ils se battent. Ce qui naturellement les fragilise, et ouvre des brèches dans lesquelles s’engouffrent les adversaires. Et c’est ainsi que par la bêtise des uns, la boulimie des autres, un parti aussi grand soit-il peut perdre des élections.

Dans la même logique, il faut craindre que les prochains conseils municipaux ne soient composés de personnes moins expérimentées et n’ayant aucune connaissance des questions de développement. En effet, tout porte à croire qu’on a fait en sorte, dans certains secteurs ou villages, que tous ceux qui seront élus soient conditionnées à porter leurs voix, en temps opportun, là où il faut. En clair, à travers ces désignations, on prépare déjà les positionnements pour les postes de maires d’arrondissement, de présidents de commissions, de présidents de conseils régionaux, etc.

Ce qui peut paraître normal. Mais, encore faut-il trouver des personnes de qualité car être conseiller municipal, ce n’est pas seulement venir à des sessions, manger des croissants, boire un Fanta, toucher des perdiems, et lever la main quand il le faut et retourner dans son village ou son secteur. Malheureusement, c’est ce à quoi nous risquons d’assister aux prochains mandats.
En effet visiblement, dans certains villages et secteurs, les conseillers municipaux qui pourraient être élus ne sont pas meilleurs que les précédents. Pire, des conseillers municipaux qui ont fait leurs preuves, ont été « écartés » des listes parce qu’ils apparaissent comme des concurrents sérieux.

C’est pourquoi, il faut craindre pour le développement de nos villes et villages. Pendant qu’ailleurs on devient conseiller municipal ou député pour apporter son soutien au développement de sa collectivité parce qu’on a des idées et les moyens de les mettre en œuvre, ici au Faso on court vers le conseil municipal ou la députation parce qu’on manque d’idées et de moyens pour réaliser son propre développement. Les formations politiques doivent définitivement comprendre que pour impulser le développement à la base, il faut nécessairement des gens capables, des gens qui voient un tout petit peu plus loin que le bout de leur nez. Sinon, au rythme où vont les choses (comme on dit), on a l’impression que ces gens-là ne sont pas au sérieux. Ils peuvent alors pour cela compromettre sérieusement notre développement en le retardant.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Fao

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?