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Affaire Hermann Yaméogo : "L’opposition doit savoir choisir ses bagarres"

Publié le mercredi 10 novembre 2004 à 07h54min

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Si dans l’affaire Hermann Yaméogo, Paul Wema, dans le présent écrit, estime qu’il y a nécessité de poser la balle à terre, il appelle l’opposition à savoir choisir ses bagarres pour éviter de se mettre à dos le peuple et donner du lustre au blason du pouvoir.

Dans le bras de fer qui oppose actuellement le président de l’UNDD au pouvoir, nous pensons qu’il y a nécessité de poser la balle à terre. Cela grandirait notre pays. Par contre, une levée au pied de son immunité parlementaire afin de pouvoir embastiller Me Hermann Yaméogo nous semble d’une gêne impudique, tant la couverture est de si gros fil blanc.

Si nous ne pouvons être une grande nation, nous pouvons au moins aspirer à être une démocratie, sauf si l’on me dit que les deux vont de pair. Alors qu’en démocratie justement, aller et venir, entrer en contact ou en affaires avec qui l’on veut doit être loisible à tout citoyen, principalement aux leaders politiques.

Chaque système, quels qu’en soient les avantages, a aussi immanquablement ses inconvénients. C’est un tout à prendre dans sa totalité. Il est vrai que l’argument de l’atteinte à la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat est tentant pour régler certains comptes. Mais que l’on se rappelle le récent procès contre Ouali Luther et autre pasteur Israël Paré, où le procureur nous promettait tonnerre et décapitation et l’on s’aperçoit que certaines situations mal ficelées ne servent que le zèle des incompétents ou le génie des intrigants.

On ne le criera jamais assez au moment où le pouvoir montre son impuissance ou sa bienveillance face aux crimes économiques et de sang ou encore face au grand banditisme qui est en passe de ravir le "pays réel" à Halidou Ouédraogo, il est malséant de ne montrer du muscle que lorsqu’il est question de la quiétude des gouvernants.

A l’opposé et à la décharge du pouvoir, il est conseillé à l’opposition de savoir choisir ses bagarres pour éviter de se mettre à dos le peuple et de donner du lustre au blason du pouvoir.

On se rappelle en effet que lorsque le président Blaise Compaoré a fait sa déclaration à Paris sur les exactions subies par nos ressortissants en Côte d’Ivoire, la ville de Ouagadougou lui a réservé un accueil comme il n’en a jamais reçu de retour de voyage. Par contre quant à cette même question, quand certains leaders de l’opposition (dont Me Hermann Yaméogo) ont traité Blaise Compaoré de la même graine, lui déniant le droit de parler au nom des Burkinabé ou dsiant qu’il mérite le même sort que Laurent Gbagbo, c’est à peine si la vindicte populaire ne s’est pas abattue sur eux. Il s’agit assurément là d’un domaine trop sensible.

L’attitude du pouvoir est timorée, voire complaisante

Trop de larmes et trop de sang sont en cause pour que l’on en fasse un thème de politique politicienne. Du reste, les ingérences des Etats dans les affaires intérieures des autres sinon la mainmise sur la totalité de leurs affaires ont toujours été le jeu favori des Etats, peut-être me direz-vous des Etats forts !

Mais ce qu’a fait hier sans partage le président Houphouët sur les pays de la sous- région, ce que fait chaque pays qui se prend pour une puissance régionale ou sous-régionale en Afrique et ailleurs, ce que font outrancièrement les superpuissances sur l’ensemble de la planète pour quelques gallons d’or noir, on ne peut raisonnablement reprocher à Blaise Compaoré de vouloir le faire. De vouloir jouer quelque influence en infléchissant favorablement les choses dans un pays où se joue le drame de millions de Burkinabé, d’Houphouët à Gbagbo en passant par Bédié et Guéi.

Surtout que, si Blaise Compaoré a pu pousser la barque ivoirienne dans les flots tumultueux comme on l’en accuse aujourd’hui, c’est que les Ivoiriens s’y étaient déjà embarqués eux-mêmes et avaient même dû lâcher les amarres. Que l’on ne se leurre pas, le droit n’existe au mieux ne sévit que pour les faibles qu’il s’agisse des individus comme des nations, les exemples sont légions qui choquent la conscience universelle.

Au moment où le petit Rwanda entre et danse dans le ventre du grand Zaïre pour, dit-il, la protection de ses frontières et de sa population, au moment où les soldats américains ou britanniques ou français débarquent plus souvent nombreux que ceux qu’ils sont censés protéger ou exploiter dans le jeu et dans le sang, je trouve, moi, que l’attitude du pouvoir burkinabé est timorée, voire complaisante.

Il faut le dire, ce n’est pas avec ce pouvoir que les malheurs des Burkinabé ont commencé en Côte d’Ivoire. Les humiliations, insultes et brimades, le racket systématique par les forces de l’ordre, l’épineux problème de la carte de séjour n’ont fait que monter crescendo depuis plus de 10 ans.

Il faut aussi le dire, les autorités des deux pays devraient ou auraient dû s’atteler depuis longtemps à trouver des solutions idoines aux nombreux problèmes des Burkinabé ayant franchi le seuil de l’acceptable pendant que des Ivoiriens de plus en plus pauvres mettent la cause de tous leurs malheurs sur le dos des étrangers.

Les causes de la crise sont anciennes, profondes et ont suivi un mûrissement dialectique. Pour tout couronner, il a fallu que de fait et par défaut, un certain Laurent Koudou Gbagbo prenne les rênes de la Côte d’Ivoire.

PAUL WEMA
03 BP : 7011 Ouagadougou 03
Tel. : 50-32-49-05

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