LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Autant le dire… : C’est cela le problème au Congrès pour la démocratie et le progrès

Publié le dimanche 9 septembre 2012 à 23h43min

PARTAGER :                          

634 candidats à la candidature pour 127 postes de titulaires et autant de suppléants. En clair, le collège de sélection définitive des candidatures du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) aura à retenir 254 candidatures et à rejeter 380 autres. Sentant donc venir les frustrations qui ne manqueront pas, le Secrétariat exécutif national du parti a pris les devants. En rencontrant vendredi dernier tous ceux qui ont déposé une candidature à la candidature, afin de leur faire savoir qu’il y a beaucoup d’appelés, mais qu’au finish, il y aura peu d’élus. Ce qui est tout à fait normal ; le CDP aurait voulu prendre tout le monde qu’il n’y serait pas parvenu, car le nombre de candidats est bien défini et limité.

Aussi, Assimi Kouanda en appelle-t-il à la tolérance de ses camarades afin de mettre l’intérêt du parti au-dessus de toute considération autre.
En effet, si ce nombre de candidatures à la candidature prouve le dynamisme qu’il y a au sein du parti et l’envie pour les uns et les autres de participer à la gestion du pays, il faut cependant que les uns et les autres comprennent que ce n’est pas seulement à un poste de député ou de conseiller municipal, ou encore de maire, de président de conseil régional ou de sénateur qu’on peut servir son pays.

Le producteur d’igname de Nissiéko dans le pays dagara ou la vendeuse de dolo en pays san, ne servent pas moins leur pays le Burkina Faso qu’un Directeur général, ou un député à l’Assemblée nationale, fut-il président de commission ou membre d’un groupe parlementaire. L’opérateur économique, transporteur de personnes ou de marchandises, l’huilier qui transforme le sésame ou les noix d’acajou en huile ou en purée, ne servent pas moins leur pays qu’un Premier ministre ou un quelconque membre du gouvernement. Il en est de même des « pauvre gratte-papier » que nous sommes. Nous ne servons pas moins notre pays que le juge qui nous condamne ou l’avocat qui défend, parfois des causes perdues. L’éleveur et l’agriculteur de Man dans le Tuy, servent tous chacun en sa manière, son pays.

Aussi, il apparaît de plus en plus évident, au regard d’un certain nombre de faits récents et de considérations au quotidien, que chacun doit savoir où il est le plus utile. D’abord pour lui-même, et ensuite pour sa communauté. Quoi qu’on dise et qu’on fasse, tout le monde ne peut être député. Tout le monde ne peut, non plus, être conseiller municipal. Malheureusement, tout se confond et les opérateurs économiques, qui excellent bien dans leur domaine fourrent leur nez dans les affaires des politiciens. Dans le sens contraire, des politiciens tentent de concurrencer des opérateurs économiques sur leur terrain. Ce qui complique la situation pour tout le monde. Même pour ceux qui se comportent ainsi. Quand on observe de près certaines listes des candidats à la candidature, on a tout de suite envie de dire qu’il s’agit de provocation…

Feu le président Mobutu disait dans une de ses interviews qu’il « faut laisser les politiciens faire leur travail, car ils sont payés pour cela. La place de l’armée, c’est dans les casernes ». Pour ne pas parler à proprement dit de catégorisation de la société à travers les fonctions et les activités, il faut tout de même admettre que si nous voulons servir la communauté, que chacun sache la place qui lui revient ou du moins qui lui convient et où il est le plus productif.

La situation actuelle au CDP n’est pas spécifique à ce parti. C’est le comportement général qu’on observe dans tous les compartiments, tant dans l’administration publique que privée, et d’une façon générale dans la vie de tous les jours. L’artiste dit qu’on se complète : le maçon, le menuisier, le cordonnier, le ministre, le couturier, l’éleveur, l’agriculteur, le soudeur, etc. Mais chacun dans son rôle.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?