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Commerçants de Ouagadougou : Quand politique s’en mêle, on s’emmerde

Publié le jeudi 6 septembre 2012 à 23h12min

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Commerçants de Ouagadougou : Quand politique s’en mêle, on s’emmerde

Le jeudi 30 août 2012, une dizaine s’associations de commerçants de Ouagadougou ont tenu une conférence de presse à la maison des jeunes. Dans l’invitation parvenue à notre rédaction, aucun motif, aucun mot sur l’objet de la conférence de presse. Entre journalistes sur place, on se posait des questions avec de multiples hypothèses sur l’objet de la rencontre. Puis, paaf !

Dans les discours d’introduction on est vite situé, mais en partie. La rencontre avec la presse porte sur des difficiles conditions de travail des commerçants, un problème de renouvèlement des structures des commerçants, une anxiété à Rood Woko qui rêve de son rayonnement d’antant, une mauvaise gestion de fonds, une histoire de candidat à la députation… Ce sont, du moins, les problèmes que nous avons notés en écoutant attentivement les discours à l’ouverture de la rencontre. Est-ce, jusqu’à la déclaration luminaire.

Morceaux choisis

“Il nous revient à nous, tous responsables des commerçants à nous retrouver, ce jour 30 août avec les médias pour faire le point de la gestion calamiteuse et gabégique des revenus financier et morale des associations des commerçants dont nous constatons amèrement la profondeur de l’usure causée par Monsieur COMPAORE R Hamidou président actuel de la fédération des marchés et yaars du centre’’.

“Nous voudrions que cette conférence de presse apporte la nécessité de dénoncer clairement non pas dans un esprit belliqueux ou illicite le système de manipulation des intérêts des commerçants et marchands du Burkina, aussi des scissions constatés ça et là ”. Compaoré R Hamidou « a été précédemment en 2000 élu député du Kadiogo grâce aux effets des commerçants et marchands de la région du centre au niveau du parti (CDP) congrès pour la démocratie et le progrès dont la hiérarchie a voulu nous honorer ». « Monsieur Compaoré R Hamidou dans l’esprit malsain veut par tous les moyens s’éterniser aux devants des commerçants ».

A la fin de ce réquisitoire assez surprenant, les associations présentes à la conférence de presse, ont posé trois questions à COMPAORE Hamidou : « Où sont passées les ristournes des cinq pour cent % que le protocole a signée depuis le 06 octobre 1997 ? » « Que voudrait-il réellement dire quand dans ses propos il aime souvent dire que tant que les COMPAORE sont au pouvoir nul ne peut le déchoir de son siège ». « Pour réussir l’enrôlement biométrique la somme de 1 800 000 nous a été affectée mais il se trouve que Mr COMPAORE R Hamidou a remis la somme de 10 000frs à chacune des 72 personnes qui font 720 000, mais ou sont passés le reste, les 780 000, nous exigeons de lui un bilan moral et financier et cela sans attendre… ».

La lettre aux responsables du CDP

Les mêmes récriminations ont été portées au Secrétariat exécutif du CDP par les associations qui sont présentes à la rencontre dans une correspondance signée « Union des commerçants des marchés et yaars du Kadiogo et environnants », le 26 août 2012.

Voici donc les problèmes de gouvernance qui se sont transformés en des questions politiques, sur fond de querelles de leadership. Une des hypothèses que les journalistes se posaient au départ a pris forme.

L’intéressé lui-même, COMPAORE Hamidou, à qui nous avons rendu visite le lendemain n’a pas souhaité s’exprimer sur les récriminations portées contre lui car il pense que le branle bas des « associations » qui ne « font pas partie de la fédération des marchés et yaours » est une machination politique. C’est de la « jalousie ». COMPAORE est parmi les candidats présélectionnés du CDP pour les législatives du 02 décembre 2012. Les notes du collège d’appréciation des candidats lui attribuent 110/141 ; une note assez appréciable comparativement à d’autres.

Dans les faits, il est presque certain que les commerçants qui étaient à la maison de jeunes de Ouagadougou le 30 août 2012, ne veulent pas de Hamidou comme candidat du CDP et cela, au nom des commerçants. Pour sa part, COMPAORE rejette toutes les accusations portées contre lui et explique que les associations qui ne sont pas de la fédération n’ont pas de base légale pour lui demander des comptes ; toujours est-il que, explique-t-il Rood Woko n’a pas voulu faire partie de la fédération (elle a voulu être autonome) et les associations concernées par la fédération dispose de toutes les informations par rapport aux points soulevées.

Les associations de commerçants qui nous ont conviés expliquent que plus jamais, ni le sucre à leur envoyé par le CDP au mois du ramadan, ni les pagnes que le parti leur donne pendant les campagnes électorales ne leur parviennent. Faux ! Rétorque Compaoré qui a pris l’exemple sur le sucre donné aux associations de commerçants cette année : la part de Rood Woko lui a été envoyé. Cela a été confirmé.

Dans cette guéguerre qui fera beaucoup de bruits dans la capitale, certaines questions se posent : pourquoi les commerçants ont-ils attendu la candidature de Compaoré à la députation pour briser le silence ? La fédération des mouvements des commerçants, les autres associations non affiliées à cette fédération sont-elles des mouvements politiques, branches du CDP ? Pourquoi cette bagarre, (du fait de sa connotation plus politique), ne se ferait pas dans le cadre de l’organisation politique des commerçants du Kadiogo(qui est structurée et au sein de laquelle les sensibilités sont représentées) ? Les mélanges de genre ont des conséquences le plus souvent fâcheuses.

Par Michel NANA

Par Bendré

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