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Chef de file de l’opposition : Déclaration sur la situation ivoirienne

Publié le mardi 9 novembre 2004 à 06h44min

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G. Ouédraogo

Depuis le 19 septembre 2002 la Côte d’Ivoire connaît une situation de crise grave. Face à cette situation, la communauté internationale s’est mobilisée en vue de la résolution de cette crise, d’où les Accords de Linas Marcousis, Accra I, Accra II, et Accra III.

Tous ces accords visaient un règlement politique et pacifique par une implication de l’ensemble des acteurs. Les accords d’Accra III, dernier acte en date, avaient même précisé la démarche de sortie de crise notamment par l’adoption d’un chronogramme de mesures à mettre en œuvre :

1-L’adoption de textes législatifs relatifs notamment aux questions de la nationalité et de la reforme agraire ;

2-Ls opérations de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR).

Force est de constater que dans l’esprit et dans la lettre, ce chronogramme n’a pas été respecté. Face à l’échec d’Accra III, l’option de guerre savamment orchestrée par les autorités d’Abidjan s’est au fil du temps confirmée. En effet le Jeudi 04 Novembre 2004, deux aéronefs des forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), ont bombardé la ville de Bouaké et de Korhogo, marquant ainsi la reprise des hostilités. Parallèlement les sièges des partis politiques d’opposition, les domiciles des responsables de ces partis et les locaux des organes de presse proches de l’opposition ont été saccagés et incendiés.

Les jours suivants, les bombardements se sont poursuivis sur plusieurs villes tenues par les forces nouvelles et ont fait des victimes civiles et militaires. Selon le bilan provisoire on dénombre plus d’une dizaine (10) de victimes civiles et 09 militaires Français ainsi que plusieurs dizaines de blessés. Sur ordre de Paris et en réaction aux bombardements des positions Françaises, les forces Françaises de l’opération Licorne ont entrepris l’anéantissement des moyens militaires aériens des FANCI : au total, 08 aéronefs ont été détruits.

Dans le même temps, la ville d’Abidjan, sur instigation des partisans du régime en place, connaît une situation insurrectionnelle grave, comme l’atteste la dernière déclaration du Président du Front Populaire Ivoirien appelant à une guerre contre la France. C’est ainsi que 04 écoles françaises ont été incendiées, des Français malmenés, d’autres élitroyés pour avoir la vie sauve ; le 43 ème Bima qui sert de refuge aux communautés étrangères, est assiégé par des milliers de manifestants.

L’Aéroport Félix Houphouët BOIGNY est fermé.

Face à tout cela, le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient de procéder à une révision du mandat de l’ONUCI et en a fait une force d’interposition avec autorisation d’utiliser la force en cas de nouvelle violation du Cessez -le-feu.

La communauté internationale qui suit très attentivement le déroulement de ces évènements, a de façon unanime adopté une position commune contre la reprise des hostilités et condamné la violation du Cessez-le- feu par le régime ivoirien.

Les Nations Unies ont à leur tour condamné fermement cette violation de Cessez- le-feu et apporté leur soutien à la France.

Le Président en exercice de l’Union Africaine et le Président de la Commission de l’Union Africaine ont tous condamnés cette situation dont ils imputent l’entière responsabilité aux autorités ivoiriennes.

Les chefs d’Etats signataires des Accords d’Accra III ont condamné la violation desdits accords et ont exprimé leur préoccupation au chef de l’Etat Ivoirien.

La France a déclaré tenir le Chef de l’Etat Ivoirien personnellement responsable du maintien de l’ordre public en Côte d’Ivoire.

Bamako promet une riposte immédiate en cas de violation de son espace aérien.

Le gouvernement du Burina Faso, suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire.
Pour ma part et en tant que Chef de file de l’Opposition Burkinabé, tenant compte de la gravité de la situation actuelle nous avons estimé nécessaire de tenir la présente conférence de presse.

Cette situation appelle d’une part les observations suivantes :

1- Nous présentons nos condoléances les plus attristées aux familles éplorées, à la France pour ses soldats qui sont tombés sur le champ de bataille pour la paix ; nos condoléances s’adressent également aux Etats Unis d’Amérique pour la perte d’un de leurs ressortissants ;

2- Nous condamnons sans réserve la violation du Cessez-le-feu par les FANCI ;

3- nous estimons que le Chef de l’Etat Ivoirien et son parti le FPI (Front Populaire Ivoirien) sont entièrement responsables de l’escalade de violence que vit actuellement la Côte d’Ivoire.

4- Nous nous insurgeons contre les violations et autres graves atteintes à la liberté de presse et d’expression ; nous exprimons notre soutien à l’ensemble des formations politiques de l’Opposition Ivoirienne ;

5- Nous apportons notre soutien fraternel et notre solidarité aux populations ivoiriennes et aux communautés étrangères vivant en Côte d’Ivoire.

D’autre part, les recommandations suivantes :

Recommandations

En tant que Chef de file de l’Opposition :

1- Nous réaffirmons que la solution à la crise ivoirienne est avant tout politique ;

2- nous marquons notre totale adhésion pour l’application des accords d’Accra III ;

3- nous invitons la communauté internationale à peser de tout son poids pour l’application stricte desdits accords et a épauler la France dans ses efforts de rétablissement de la paix.

4-Nous interpellons le Chef d’Etat Burkinabé et son ouvernement à prendre toutes les mesures idoines que requiert la situation ;

5-Pour nos compatriotes qui vivent dans la précarité, la peur et l’insécurité dans certains pays et particulièrement en Côte d’Ivoire, depuis la crise que connaît ce pays, nous rappelons au gouvernement qu’il a le devoir de mettre en œuvre des politiques d’insertions économiques et professionnelles, toutes choses qui favorisent le maintien des Burkinabè dans leur pays et engendre une émigration de qualité. Face au nombre sans cesse grandissant de nos compatriotes rapatriés et à l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire ; nous recommandons également la mise en place dans les meilleurs délais d’une structure formelle et autonome chargée de l’accueil et de la réinstallation de ceux qui désirent regagner définitivement le bercail.

6- nous appelons toute la classe politique de notre pays
afin qu’elle se solidarise et dégage une position commune sur le règlement de la crise ivoirienne.

Nous vous remercions.

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