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Autant le dire… : Rumeurs, d’autres ont fait des morts

Publié le lundi 3 septembre 2012 à 23h23min

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« L’Express du Faso ! S’il vous plaît, venez vite à l’hôpital Souro Sanou. Des médecins négligents ont laissé un malade mourir sans soin ». Rapidement notre reporteur était sur les lieux. Pour avoir le scoop. Il n’a pas constaté un mort et donc pas de cas de négligence. Le supposé mort est un schizophrène, en mal de vivre. Il s’est retrouvé dans les périphéries de l’hôpital vêtu comme Adam et Eve. Visiblement las, il s’est endormi avant qu’une magnanime ne le protège du regard des passants. Et paf ! Les oiseaux de mauvais augure ont invoqué un cas de négligence pour répandre une information qui aurait pu coûter chère. Certes, entre le destinataire et l’auteur d’un propos, le biais de la communication est quasi-inévitable. Mais, la croyance et la diffusion des rumeurs à Bobo-Dioulasso et un peu partout au Burkina Faso, prennent de plus en plus des proportions inquiétantes. La dernière en date a été l’invitation à boire un jus de tamarin ou de citron pour se prémunir d’un éventuel danger.

Le supposé auteur de cette requête serait l’Imam Siaka Sanou selon les uns et les autres avant qu’un démenti formel ne vient rassurer les Bobolais et la communauté musulmane. D’où est partie l’intoxication ? Qui a imputé l’invite à l’imam Siaka Sanou de la grande mosquée de Bobo-Dioulasso ? Quel était l’objectif recherché ? Autant de questions qui restent sans réponse puisqu’au finish, des pistes font croire que l’information a fait le tour des pays comme le Niger, la Côte d’Ivoire, le Mali avec toujours des raisons et des portées diverses.

C’est connu, la parole trahit la pensée, mais la raison et la foi ne doivent plus être bernées aussi facilement par des propos sans fondement aucun. La rumeur est à Bobo-Dioulasso et au Burkina Faso ce que les « tritologues » sont à Abidjan. Pour peu qu’il n’ait pas de démenti on propage et on prend pour propos d’évangile des aberrations avant de recouvrer la sérénité. Les rumeurs coûtent chères. A tout le monde puisqu’elles peuvent être nuisibles et causé de ce fait des torts graves. Quand elles impliquent des agents et l’autorité de l’Etat dans des cas dramatiques, on en arrive au pire avant de réaliser après les dégâts. C’est déplorable, mais les Burkinabè ont tué, brûlé et cassé sur la base de rumeurs.

On ne remuera pas le couteau dans la plaie pour réveiller les jeunes et vieux démons. Mais force est de reconnaître que la naïveté avérée des adeptes de la rumeur fait des dégâts. A l’envie on invente, on ventile et on nargue la population avec des rumeurs malencontreuses. Pendant qu’on y est, des rumeurs nous font savoir qu’un numéro téléphonique, satanique commençant par le 229 fait des ravages au Nigeria, au Bénin... Pour ne pas être une des victimes, il ne faut surtout pas décrocher votre téléphone à la hâte. Parole de Bouky l’hyène.

Mais tout compte fait, la rumeur fait partie intégrante de notre vécu quotidien. Elle existe partout dans le monde. Mais à Bobo-Dioulasso elle semble de plus en plus développée au regard sans doute de la mentalité des habitants. La seule façon de ne pas en être victime, c’est de chercher à chaque occasion à vérifier. Cela suppose qu’on évite de se précipiter face à ce qui apparaît très souvent comme une « vraie vérité ». Puisqu’il arrive que ceux qui véhiculent ce genre « d’informations » soutiennent qu’ils en ont la preuve. Mais, ils ne vous la présenteront jamais. Avant qu’il ne soit donc trop tard, méfiance.

Ousséni BANCE

L’Express du Faso

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