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TOGO : Faure démissionnera-t-il ?

Publié le mardi 28 août 2012 à 23h03min

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TOGO : Faure démissionnera-t-il ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le collectif « Sauvons le Togo » trouble le sommeil du président Faure Gnassingbé. Depuis juin 2012, ce regroupement d’organisations de la société civile et de l’opposition s’est « érigé » contre le régime en place pour réclamer plus de démocratie et de justice. Multipliant les marches et meetings pour faire entendre raison au chef de l’Etat et à son entourage. En effet, le collectif, qui fait « trembler » le pouvoir de Faure Gnassingbé, depuis des mois, exige l’abrogation des nouvelles dispositions du Code électoral adoptées par l’Assemblée nationale, sans consensus dans la classe politique.

La révision de la loi fondamentale, consécutive aux recommandations des différentes missions d’observation de l’Union européenne (UE), consacre, entre autres, la création de dix sièges de députés supplémentaires et les modalités d’élection des conseillers régionaux et des sénateurs qui n’existaient pas dans l’ancien texte. Aussi, les animateurs du collectif réclament-ils le report à juin 2013 des élections législatives théoriquement prévues en octobre prochain. Affichant une détermination sans faille, le collectif a donné encore de la voix à travers deux manifestations à Lomé, la semaine écoulée, après avoir mobilisé des citoyens à l’intérieur du pays.

Les deux premières manifestations, tenues les 21 et 22 août 2012, avaient été dispersées à coup de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre qui, par ailleurs, ont interpellé une centaine de personnes. Lesquelles ont été libérées par le gouvernement après vérification de leur identité. Le dernier mouvement d’humeur, organisé le samedi 25 août 2012, sous surveillance des services de sécurité, s’est déroulé sans incidents, à la grande surprise de certains observateurs de la scène politique togolaise qui s’attendaient au pire. Répression ou pas, l’année 2012 a démarré sur des chapeaux de roue au Togo, avec le bras de fer entre le collectif « Sauvons le Togo » et le régime de Faure Gnassingbé.

Et l’atmosphère est tellement délétère, que les femmes du collectif ont appelé les Togolaises à observer une semaine de « grève du sexe », à partir du lundi 27 août 2012. L’objectif de cette opération à faire sourire plus d’un, est d’obliger les hommes à se mobiliser davantage en faveur du report des élections législatives. Il faut le dire, tous les moyens sont mis en œuvre pour faire plier le président Faure Gnassingbé à qui le collectif demande la démission. Appelant les populations alors à la désobéissance civile, face à un régime qui, disent-ils, ne respecte pas la loi, les responsables du mouvement ne veulent plus dialoguer avec les autorités.

Ils ambitionnent casser du Faure ! Ils ne veulent plus voir le fils de feu Gnassingbé Eyadema que l’armée a porté au pouvoir après la mort de son père, en 2005. A la vérité, l’image de Gnassingbé-père colle à la peau de son fils Faure, à travers qui, de nombreux Togolais voient s’installer inexorablement une dynastie. S’appuyant avant tout sur ce cliché, le collectif « Sauvons le Togo » est visiblement passé du stade de revendications ponctuelles à l’appel à la démission du président Faure. Mais comment avoir la peau du « chouchou » de la grande muette togolaise et du vainqueur des élections présidentielles de 2005 et 2010 ? La question a de quoi donner du tournis, puisque le système Faure est tellement assis et renseigné, qu’il n’a pas hésité à faire condamner, courant 2011, son demi-frère, Kpatcha, à 20 ans d’emprisonnement ferme pour un coup d’Etat fomenté contre lui.

Il ne faut surtout pas perdre de vue que l’actuel président togolais a bénéficié des assises et des « puissants » réseaux de son défunt père, qu’il constitue un véritable poil à gratter. Même si la contestation ne faiblit pas, la tâche s’annonce donc difficile pour le collectif qui a entamé un combat qui, à entendre certains, est perdu d’avance. Assistera-t-on à un printemps arabe à la sauce togolaise ? A chacun son commentaire…

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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