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Législatives et municipales couplées : En attendant le poids du fichier biométrique

Publié le jeudi 23 août 2012 à 22h42min

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Depuis le jeudi 16 août dernier, la fièvre de l’enrôlement biométrique qui s’était emparée du Faso pendant quelques semaines s’est estompée. Les agents « enrôleurs » ont rangé leurs fameux matériels dont l’acquisition et le fonctionnement ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Bon nombre de politiciens et de « bonnets rouges » ont profité du soleil de l’enrôlement pour prendre un bain médiatique. Même le Blaiso national est sorti de son sommeil légendaire pour se faire photographier la tronche et enregistrer les empreintes digitales.

Ceux qui voulaient simplement se faire enregistrer ou se donner en spectacle ont eu l’occasion de faire leur numéro. Plus de peur que de mal, cette opération inédite dans l’histoire électorale du Burkina s’est achevée sans trop d’accrocs, de fraudes et de dégâts collatéraux. Du moins, l’heure est désormais aux supputations sur le nombre d’électeurs potentiels enrôlés, donc sur le poids du futur fichier électoral.

Dans le landerneau politique, certains n’attendront pas le rapport partiel de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avant d’exiger une prolongation de l’opération. Normal. Quand son parti s’appelle « Le Faso autrement », on ne s’étonne pas de voir Ablass’ Petit Pion voir les choses autrement au point de vouloir devancer l’iguane dans l’eau. Mais au-delà des peurs légitimes d’aboutir à un fichier bien trop maigre pour les ambitions affichées pour les prochaines élections législatives et municipales couplées, force est de reconnaître que ce n’est pas en prolongeant indéfiniment l’enrôlement qu’on va arranger les choses. Ne faut-il pas aller chercher les vrais problèmes ailleurs ?

Comme les hommes politiques évitent soigneusement de le reconnaître, le vrai problème, ce n’est pas le poids du fichier électoral, aussi biométrique soit-il. Le vrai problème, c’est le poids des projets de société qui sous-tendent les projets politiques. Et pour être plus direct : que représentent encore ces députés et conseillers municipaux qui iront demander le suffrage des Burkinabè le 2 décembre prochain ? Que vaudront les multiples promesses qu’ils vont faire miroiter pendant la campagne électorale ? Que vaudra enfin leur engagement pour un Burkina qui vaudra la peine d’être vécu par tous et pour tous ?

C’est bien beau d’élucubrer sur le poids du fichier électoral. Mais l’essentiel est dans la qualité d’une classe politique dont l’électorat a fini par se lasser. Et cela est valable pour tous, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité présidentielle. Les premiers sont toujours empêtrés dans cette guéguerre de leadership où l’on préfère être la tête d’un rat que la queue d’un lion, tandis que les seconds s’accrochent à un pouvoir oxydant pour le renouveau démocratique. A force de se voir servir les mêmes choses, les électeurs potentiels ont fini par se lasser de la chose politique.

Mais l’abstentionnisme ne doit pas être la solution à l’avènement de l’alternance ou d’une nouvelle alternative politique que l’on appelle de tous ses vœux. Il faut oser rompre avec toutes les mauvaises pratiques qui ont fini par ôter à la politique ce qui lui restait encore comme charme au Faso. Tout le monde est coupable du désenchantement, et donc chacun doit faire l’effort de jouer, cette fois, sa partition en toute responsabilité.

Pour la Ceni, qui ne dispose que d’environ 3 mois avant le jour du scrutin prévu pour le 2 décembre, il s’agira d’accélérer le processus de croisement et de tri afin de livrer au plus tôt le vrai poids du nouveau fichier électoral. Ceci devrait permettre aux partis et formations politiques qui se préparent aux élections d’affiner leurs stratégies de conquête de l’électorat. Quoique cette information soit indispensable, ils ne devront pas attendre les derniers jours pour mettre en place leurs « plans d’attaque ». Une formation politique véritable devrait être en permanence en campagne. Malheureusement, c’est ce qui manque le plus ici au Faso où l’activité politique ressemble à une activité de chasse qui s’ouvre et se ferme à des périodes précises.

Or, aussi longtemps que la classe politique va continuer à se comporter de cette façon, elle ne devrait s’attendre à grande prise dans ce Sahel où les gens attendent des solutions réalistes et durables à leurs problèmes, plutôt que des politiciens qui se donnent en spectacle avec des promesses fallacieuses. Il faut donc faire la politique autrement. Et cela passe par ce fichier électoral propre qu’on attend de la Ceni, mais aussi le positionnement des hommes et des femmes qui savent faire autre chose que de nous pomper l’air. L’enregistrement des candidatures de conseillers municipaux et de députés doit être clos, en principe, le 27 septembre prochain, soit 60 jours avant la date du scrutin. Selon les dispositions de la énième révision du Code électoral, la durée de la campagne électorale est ramenée à 2 semaines au lieu de 3. Parallèlement à la campagne proprement dite, il faudrait aussi expliquer aux électeurs cette nouvelle manière de voter bien et couplé.

Au regard de ces délais visiblement corsés, il est fort à parier que toute modification de ce calendrier électoral plusieurs fois remanié ne peut qu’entraîner un autre report. Ce qui ne sera pas fait pour arranger une situation institutionnelle dans laquelle les mandats des maires et tout récemment des députés sont prorogés au hasard. Il faut mettre un terme à ce bazar qui n’honore pas la démocratie burkinabè et sa classe politique...

F. Quophy

Journal du jeudi

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