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Solidarité déshumanisée !

Publié le mercredi 22 août 2012 à 23h48min

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Le Burkina Faso a connu une saison des pluies catastrophique, disons-le, l’année dernière. Conséquence, le pays traverse une pénurie alimentaire, aggravée par la crise malienne qui a provoqué de nombreux déplacés au « pays des Hommes intègres ». Cette donne a mis bon nombre de Burkinabè en situation difficile, surtout les pauvres et les personnes vulnérables, envenimant leur cas de personnes déjà démunies, avec le risque de ne plus pouvoir bénéficier d’un repas par jour.

En de pareilles circonstances, il faut un sursaut : il faut que ceux qui ont « un petit trop plein » et ceux qui se sentent plus en mesure de voler au secours de leur grande famille africaine, de leur voisin, village, secteur, pays, agissent. Et la solidarité, pouvant être définie comme un lien d’engagement et de dépendance réciproques entre des personnes ainsi tenues à l’endroit des autres, généralement des membres d’un même groupe liés par une communauté de destin (famille, village, profession, entreprise, nation, etc.), est le concept auquel l’on fait le plus référence pour justifier ces actions.
Dans son acception générale, la solidarité caractérise des personnes qui choisissent ou ressentent une moralité d’assister une autre personne et réciproquement.

C’est dans ce sens que la solidarité se distingue de l’altruisme, car l’altruiste peut souhaiter aider autrui sans pour autant se sentir concerné par ce qui lui arrive, et inversement, on peut se rendre solidaire d’autrui simplement par intérêt bien compris.
C’est de ce type de solidarité qu’il faut se méfier et dénoncer. Malheureusement, après observation et dans ces périodes de précampagne, municipales et législatives du 2 décembre 2012 obligent, c’est cette solidarité « déshumanisée et déshumanisant » qui semble être en vogue. Car, l’on se rend compte que la plupart des actions dites de solidarité à des personnes « vulnérables, des pauvres », sont des occasions pour les donateurs, « les riches », de dire qu’ils sont riches et que grâce à eux, certains ne vont pas mourir de faim. Que grâce à eux, quelques pauvres ne vont plus se promener nus…

Et la manière et la mise en scène sont bien faites pour qu’on sache qu’un « pauvre » a bénéficié de soutien, d’aide humanitaire. Ainsi, par exemple, pour un sac de maïs ou de mil qu’une personne « vulnérable ou pauvre » reçoit, c’est comme une occasion d’humiliation.
Et pour cause, à l’aide de maîtres d’orchestre bien avertis, le « pauvre », quel que soit son état, même s’il se déplace avec des béquilles, est exhibé sur la place publique, sous les flashs des appareils photographiques et autres zooms des caméras, avec un sourire jaune, pour recevoir un sac de riz, de maïs…, avec bonheur et joie, de toutes les façons, il n’a pas le choix ! Et le donateur se débrouille pour bien se faire voir pendant la remise du don. Il sert bien la main du donateur et s’il le faut, il ajoute des accolades. C’est cela la déshumanisation de la solidarité et il faut que cela cesse.

Ces personnes ont-elles choisi d’être vulnérables ou pauvres ? Les exhiber ainsi, n’est-ce pas toucher à leur dignité, leur intimité ? Peut-être qu’il y a là de la matière pour le Conseil supérieur de la communication (CSC) de faire une analyse sur cette question. Pourquoi ? Parce que s’il est malséant, pensons-nous, de montrer, à visage découvert, un délinquant, qui a pu bien faire du mal à autrui, serait-il intéressant de se délecter des images des personnes qui auraient aimé être dans l’anonymat ? Veut-on dire que la personne vulnérable ou le pauvre n’a droit à rien et qu’il peut être utilisé comme un fonds de commerce ?

En tous les cas, il y a lieu de revoir les copies. Aidons nos personnes vulnérables et nos pauvres, dans le silence, la discrétion. Certains le font si bien. Et c’est la bonne façon qui est même recommandée par la Parole de Dieu, quelles que soient la religion, la croyance ou les coutumes.

En agissant ainsi, la solidarité humaine sera vraiment un lien fraternel et une valeur sociale importante qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. En agissant ainsi, l’on confirmera que la solidarité est une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté d’intérêt. Le riche ayant besoin du pauvre et vice versa. Arrêtons donc, la solidarité-spectacle !

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr )

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 23 août 2012 à 11:10, par indigné En réponse à : Solidarité déshumanisée !

    mon frere , je te soutiens pour cet article. Souvent , il ya des dons dont le prix de la propagande (télévisions, journaux, tribunes, parrains...) dépasse le cadeau lui meme. Il ya de ces situations où l’on fait tout cela pour aller donner moins d’une tonne de vivres, jugez en du résultat. C’est bientot la rentrée, les gens vont attendre le mois de mars pour rassembler des enfants dits OEV, pour leur donner des fournitures incompletes et non adaptées aux besoin des bénéficiaires. Ils le font pour le plaisir de justifier leur mendicité et couvrir leur détournement. Dans le meme lancée, ils organisent des coupes de l’unité dont le vainqueur se retrouve avec 15.000f.

  • Le 23 août 2012 à 17:59, par Léopold En réponse à : Solidarité déshumanisée !

    Bravo à vous M. TRAORE pour ce texte bien dit et bien méné ! Courage et bonne suite !

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