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Autant le dire… : Attaques armées en Côte d’Ivoire : et si Mamadou Koulibaly avait raison

Publié le mardi 21 août 2012 à 22h07min

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Autant le dire… : Attaques armées en Côte d’Ivoire : et si Mamadou Koulibaly avait raison

L’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’ivoire sous le règne de Laurent Gbagbo, fidèle à son franc-parler, n’est pas passé par quatre chemins pour demander, en substance, à Alassane Ouattara et au régime qu’il dirige de s’asseoir un peu en Côte d’Ivoire et de regarder en face la situation sécuritaire du pays. Car pour lui, tant que les miliciens, les combattants de tout bord, pro-Gbagbo ou pro-Ouattara ne seront pas démobilisés, désarmés et réinsérés dans la vie civile ou militaire, la Côte d’Ivoire connaîtra difficilement la paix. Autrement dit, les attaques de casernes, de gendarmeries et de commissariats de police auxquelles on assiste pourraient être la résultante de frustrations diverses de gens qui, après avoir combattu et perdu et/ou porté quelqu’un au pouvoir se retrouvent dans le désœuvrement total. Toujours armés, ces gens pourraient bien se servir de leurs armes pour se « nourrir ».

S’ils ne veulent pas troubler le sommeil de ceux pour qui ils ont combattu. Malheureusement, la situation actuelle en Côte d’Ivoire peut bien être ce dernier exemple. Ne sont-ils pas ces combattants des désillusionnés, d’un côté comme de l’autre, qui sèment la terreur dans les villes en Côte d’Ivoire ?

En effet, de Ouangolo à Abidjan en passant par Korhogo, Bouaké et Yamoussoukro, les miliciens ou combattants des Forces nouvelles font toujours régner la loi. Sans loi et sans pitié, ils dictent à qui veut l’entendre leur règlement. Bigarrés, on les trouve dans pratiquement tous les nombreux postes de contrôle qui jalonnent la route. Ils ne discutent pas. Autrement, « on ne mange pas papier, il faut parler français », semble être leur véritable langage. Quand ils n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins monétaires sur les routes, ils passent à l’action : les attaques à mains armées. Malheureusement sur ce chemin, ils rencontrent les vrais Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) qui ne portent pas de gants pour les « descendre ».

Après le cas de ces miliciens, on a les nombreux chasseurs traditionnels dozos qui ont joué un rôle considérable dans la guerre auprès des Forces nouvelles, mais également dans la prise du palais présidentiel en décembre 2010. A leur tour, ils attendent qu’on leur paie ce à quoi ils ont droit. Car en réalité, personne ne s’est battue pour rien. Il y a ensuite et enfin ces mercenaires qui sont venus de partout et qui voudraient bien qu’à la fin du « contrat » on leur paie ce qui leur revient. Et si toutes ces frustrations s’ajoutent à celles de pro-Gbagbo qui ont perdu le pouvoir, mais pas les armes (qu’ils détiennent par dévers eux), il va falloir presser le pas pour rétablir la sécurité et la paix en Côte d’Ivoire. Les attaques du siège provisoire du Front populaire ivoirien (FPI) et d’un journal proche de l’ex-régime ne sont que des subterfuges pour masquer ce qui apparaît de plus en plus comme une réalité.

Aussi, le régime d’Alassane Ouattara, s’il veut bien réconcilier les Ivoiriens, promouvoir le développement et le bien-être qu’il compte apporter, doit prendre désormais à bras-le-corps la question de la sécurité. Il n’y a pas de faux-fuyants possibles. Il faut s’attaquer directement au problème par la racine. On entre en guerre en un seul jour, mais pour en sortir, cela peut bien prendre du temps, des années. En outre, il faudrait qu’Alassane et ses camarades au pouvoir comprennent qu’en aucun cas, le camp Laurent Gbagbo ne les laissera jamais tranquille gouverner la Côte d’Ivoire. Tant que ses ténors seront toujours en prison. Et les autres dehors.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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