D’abord la date du 16 août était le dernier jour de l’enrôlement biométrique dans la province du Houet. Nous disons bien dans la province du Houet. Comme indiqué sur tous les supports publicitaires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Et ces supports ont été diffusés partout et par tous les moyens possibles pour les besoins de la cause jusqu’à cette date. Curieusement, le 5 août, soit une dizaine de jours avant cette date, on a décidé d’arrêter l’enrôlement dans l’ensemble des départements de la province, sauf Bobo.

Avec pour argument qu’il serait injuste d’accorder plus de jours à des départements rattachés à la ville de Bobo qu’à des chefs-lieux de région. Ainsi, ce sont de nombreuses personnes qui attendaient les derniers jours pour aller se faire enrôler qui ont été privées de leur droit de participer à la gestion de leur pays. Alors que les communiqués de la CENI sur le vote le 2 décembre invitent les Burkinabè à participer à la gestion de leur pays.

Le deuxième élément qui peut bien expliquer ce qu’on peut qualifier de sabotage est l’enrôlement organisé du chef de canton de Bobo le 16 août, date de clôture de l’opération. Le chef de canton est un leader d’opinion. Son enrôlement peut bien (et pouvait, et c’est ce que nous croyons) emmener des citoyens à aller se faire enrôler. Si la CENI a choisi dans des régions ou dans des provinces, des personnes leaders de cette catégorie pour médiatiser leur enrôlement, on peut bien croire que c’est dans ce sens. Mais dans ce cas précis à Bobo, l’enrôlement du chef de canton à coup de médiatisation le dernier jour de l’opération ne signifie absolument rien. Puisqu’il n’a eu et n’aura aucune incidence sur le taux d’enrôlement. Si tant est que, nous le répétons, l’objectif est de persuader de nombreuses autres personnes à aller se faire enrôler.

Quand on considère par la suite le transport de personnes pour les faire enrôler sur un autre site ou dans un autre arrondissement tardivement dénoncé par la CENI, on est tout de même en droit de croire qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Surtout quand on sait que ce sont des élections de proximité, qui doivent consacrer des personnes proches des préoccupations de populations on comprend difficilement le silence de la CENI. Dont le commissaire à Bobo s’est montré si dynamique à réagir sur tous les toits, sauf là où on l’attend le plus.

Les élections municipales et législatives sont des élections dont la portée est si grande qu’elles doivent être organisées avec la plus grande sérénité et le plus grand sérieux possibles. Il ne sert à rien de confier des responsabilités pour leur faire plaisir quand on sait pertinemment qu’elles sont en deçà de la moyenne escomptée. Il ne serait donc pas tard que les commissaires de la CENI tirent toutes les conclusions de ce qui s’est passé à Bobo et prennent entièrement toutes leurs responsabilités pour organiser et réussir un scrutin transparent et équitable. Gage d’une paix durable au Faso.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso