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Autant le dire… : Trois morts à Gaoua, des dégâts importants et le problème est plus grave

Publié le vendredi 17 août 2012 à 00h24min

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Gaoua est sous haute tension. Visible ou latente, elle peut prendre des proportions plus importantes, plus dramatiques d’un moment à l’autre. Et ce, suite à la mort suspecte d’un jeune garçon dans des circonstances non encore élucidées. En effet, c’est suite à ce décès que les populations autochtones se sont soulevées pour s’attaquer aux allogènes, notamment mossis et peulhs, qu’elles accusent du meurtre. N’y a-t-il pas eu d’antécédents ? En attendant d’y revenir, il faut tout de suite faire savoir les violentes manifestations, avec pour conséquences des pertes en vies humaines et destructions de bien privés ou publics n’ont jamais et ne seront jamais la solution à un problème donné. Quel qu’il soit. On pourrait tout de suite prendre l’exemple sur ce cas précis de Gaoua.

Certes, le jeune garçon est mort. Mais alors qu’il fallait rechercher le ou les auteurs du forfait, deux autres morts sont venus s’ajouter suite aux affrontements. Là aussi, il faut rechercher les auteurs et les traduire en justice. S’ils sont coupables, ils seront condamnés « conformément à la loi » dans la mesure où les morts sont égales. Et l’Etat dans son « rôle régalien », est obligé de traiter les deux cas de la même manière. Encore, il y a eu des dégâts matériels. Là également, il faut retrouver les auteurs et les conduire devant « qui de droit ». S’ils sont coupables, ils devront répondre de leur forfaiture.

Voilà que d’un seul problème, on en arrive à plusieurs, dont les uns sont aussi graves que les autres. Qui gagne et qui perd dans une telle confusion ? Ni les auteurs des crimes qu’il faut rechercher, ni les parents des personnes assassinées, encore moins les manifestants qui doivent faire face à l’avenir. Car, après tout ce qui s’est passé, il faut savoir et il faut parler, pour « panser les plaies ». Mais avant tout, il faut situer les responsabilités. Une fois de plus, on comprend que la résolution violente d’une question quelconque n’a jamais été une solution aux problèmes.

Revenant à la « vague destructrice » qui a pris aussi vite à Gaoua et qui s’est soldée par deux morts au sein des populations allogènes, cette altercation pose un autre problème, plus profond : il s’agit de celui de la cohabitation entre populations autochtones et allogènes, entre éleveurs et agriculteurs. En clair, tant que ces questions ne seront pas définies par des lois, par des règles strictes que les uns et les autres doivent respecter afin de permettre une cohabitation paisible, on est véritablement en train de tendre vers une situation qui pourrait être beaucoup plus grave.

Il y a seulement quelques deux années, on avait assisté dans la même région à une situation semblable, où la communauté peulhe avait subi de « lourdes pertes », à la fois humaines et matériels. Est-ce qu’une telle situation peut être érigée en règle de comportement dans un pays où nous sommes emmenés à vivre ensemble et partout sur l’étendue du territoire nationale ?
Mais, la résolution d’un tel problème ne doit et ne peut se limiter à la seule responsabilité de l’Etat. Aussi, les ressortissants de la localité ont un grand rôle à y jouer : ils doivent réussir à rassembler leurs parents et à leur expliquer, dans toutes les langues qu’ils comprennent que, quelle que soit la situation, on ne doit jamais « se rendre justice » soi-même.

Car, se rendre justice est aussi une infraction. De surcroît, il faut leur expliquer que nous sommes contraints de vivre ensemble sur la portion de terre qui nous appartient en qualité de Burkinabé, quelles que soient nos différences et nos activités, car, comme dit l’artiste, « nous sommes fait pour nous compléter ».

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2012 à 13:20, par Kabako En réponse à : Autant le dire… : Trois morts à Gaoua, des dégâts importants et le problème est plus grave

    C’est un compte rendu ou un commentaire cet article ?

  • Le 17 août 2012 à 13:57, par Y.Touré En réponse à : Autant le dire… : Trois morts à Gaoua, des dégâts importants et le problème est plus grave

    A ma connaissance Benjamine n’est pa passée au MAEP mais à la CIL. Je suis sûre que ce n’est elle qui vous a raconté tout ce que vous avez écrit. En déformant les faits vous ne lui rendez pas service mais vous lui créez des problèmes. Le journalisme c’est d’abord les faits, encore les faits et toujours les faits. ce n’est pas de la science fiction.

  • Le 17 août 2012 à 16:13, par Ximo En réponse à : Autant le dire… : Trois morts à Gaoua, des dégâts importants et le problème est plus grave

    J’aurai salué votre article si, chère journaliste, vous aviez pris le recul nécessaire pour traiter la question des conflits éléveurs-agriculteurs, à la question que vous posez de savoir si cette situation de Gaoua ne cache pas d’antécédents. Car voyez-vous, l’argent a longtemps fait la règle dans les confins de nos régions ; les préfets(principales autorités administratives d’alors dans ces zones perdues), ayant tellement souillé l’image de la société de justice que l’Etat s’évertuait à instaurer. Si vous avez de bonnes sources, permettez moi alors de vous dire qu’il ne vous sera pas miraculeux d’apprendre que les jugements prefecturaux d’alors, ne manquaient presque jamais l’occasion de créer des frustrations, puisqu’ils condamnaient presque toujours les agriculteurs dont les cultures avaient pourtant été dévastées par les annimaux.
    Sans aucunement encourager le recours systématique à la violence, je voudrais faire remarquer que loin d’en être coresponsable, l’Etat est le premier ferment de ce malaise plus que décénal. Les agants locaux qui par leur cupidité et leur corruptibilité ont créé ces frustrations en rendant des décisions pour le moins contestables, sont en premiers responsables de ce fait. Sinon, si depuis les années 1990 où le préfet était aussi respecté que le Commandant de Cercle ; si donc depuis cette époque là, l’effort avait été fait pour que ne soit dit que le droit, rien que le droit, en totale déconsidération de la capacité financière de l’une ou l’autre partie, je crois qu’à ce jour nous ne connaîtrions pas ces maccabres spectacles.
    Je reste convaincu qu’il n’ya nulle part au Burkina, un peuple qui n’entend vivre qu’avec les siens, proscrivant toute implantation étrangère. J’en veux pour preuve les référents historiques de ces implantations d’éléveurs un peu partout sur le territoire national, qui se sont toujours faites pacifiquement. Tout s’est toujours passé dans les bonnes règles tradionnelles de l’hospitalité ; il faut donc rechercher les causes ailleurs et non plus dans une sombre hystérie des peuples autochtones vis-à-vis des peuples allogènes comme vous semblez l’insinuer. S’est regrettable ce qui se passe mais il n’est pas trop tard !
    L’injustice doit être anihilée dans toute la vie civile au burkina, car même les villes ont leurs démons qui, eux aussi ne dorment pas et nous guettent permanemment !
    Quique Sum !

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