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Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

Publié le vendredi 17 août 2012 à 00h25min

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Ici au Faso, en particulier à Ouagadougou, s’il y a des gens qui connaissent la signification de la vie chère, ce sont bien les femmes, elles qui sont quotidiennement aux prises avec la réalité du marché, avec les prix des produits qui ne cessent de grimper, pendant que le prix de la popote dans les foyers a du mal à suivre le rythme. De cette ‘’Viim Yakanga’’, l’auteur de l’écrit ci-après en parle, fort de son expérience et victime lui aussi de la situation.

Aujourd’hui j’ai décidé de faire plaisir à ma petite famille, que dis-je à mon cher mari qui trouve qu’on mangeait mal. Alors j’ai décidé de prendre les taureaux par les cornes.

Moi femme, je rentre au marché avec en tête de faire manger à ma famille un bon riz gras comme on l’aime au Faso, munie d’une liste de tous les ingrédients nécessaires : choux, aubergines, carottes etc.
Un samedi matin au marché ; je vous dis pas combien de fois j’ai fait les va-et-vient dans le marché pour avoir les condiments les moins chers en quantité et surtout en qualité.

A force de tourner j’ai commencé à râler, a parler toute seule à croire que je suis devenue folle : impossible d’acheter, les prix des condiments flambent d’une semaine à l’autre au bon vouloir des commerçantes et surtout au détriment des pauvres familles Burkinabé.
D’ailleurs, qu’est ce qui ne flambe pas ?, disait l’autre. Même le prix de la petite « adjoa » qui est passé de 200FCFA à la belle époque à, je ne sais combien, aujourd’hui et elle a préféré jeter l’éponge. Bref, intéressons-nous à mes condiments.

-  Le chou, il n’y a pas de prix fixe. vous choisissez le chou que vous voulez, vous le présentez à la vendeuse et elle vous donne un prix selon le choix : 250 FCFA, 300 FCFA et même 400FCFA l’unité. Et cela de façon aléatoire.

Pour me faire comprendre pourquoi les prix étaient aussi exorbitants la vendeuse m’a confié qu’elle fixait son prix en fonction du poids et aussi en fonction de la tête de la cliente car les riches ont l’argent ; et donc, plus vous présentez bien, plus vous payez cher. C’est ainsi maintenant à Ouaga. Alors chers sœurs et frères, avant d’aller au marché, habillez vous en conséquence.

Le cas le plus flagrant s’est produit quand j’ai voulu acheter le plat de farine de maïs blanc. Savez-vous combien la vendeuse comme prix d’une assiette d’environ 1100 F CFA ? Tenez-vous bien : 1100 FCFA. Furieuse, je me suis dit au fond de moi- même que notre traditionnel to est devenue une affaire de riches. Abattue mais pas vaincue, j’ai poursuivi mon tour du marché pour voir s’il n’y avait pas mieux ailleurs. Et c’est à ma troisième vendeuse qu’on m’avancera 800F CFA comme prix pour la même assiette de farine. C’est là que je me suis fait cette idée : notre vie chère en fait est due à la mauvaise foi de certains commerçants véreux qui pensent plutôt à la maximisation de leurs profits, qu’à la souffrance de la population ; Wendé !!!!!!!! (Dieu)

Que dire de notre Benga-couscous, on ne peut plus y toucher DEH !!! Car, le plat de Benga (haricot en langue mooré) est devenu cheeeeeeeerrrrrrrrrrrr 1200FCFA, non ça c’était la semaine passée. Cette semaine, le prix vient de passer à 1300FCFA, sans parler du couscous ou de l’huile dont le litre est passé à 900 FCFA. C’est fini, le Benga n’est plus une solution de secours pour pauvres en période de soudure. C’est devenu nourriture pour riches. Mais, mangent-ils Benga-couscous ? Non !!!!!!!!!!!!!!! Il faut que les commerçants ouvrent l’œil et surtout le bon car il ya quelque chose qui ne va pas.
Bref, revenons à nos ingrédients de riz gras que je voulais, je dis bien ‘’voulais’’, préparer pour ma famille si adorable car, le dynamisme qui m’animait au départ commence à s’estomper, et au fond de moi-même, j’ai commencé à bouder et tout doucement une idée commence à resurgir.

Est-ce que c’est la peine de faire du riz gras, depuis tout le temps que j’explique à l’autre, oui l’autre mon mari bien sûr, que la popote ne suffit pas et il ne comprend rien. J’aurais voulu qu’il soit là pour constater de visu ce que je vis.

Finalement, est- ce ingénieuse cette idée de préparation de riz gras. Et c’est donc, dans cet élan de découragée finie que je tombe sur ces belles tomates qui ne pouvaient que faire du bien à ma petite famille, en plus les légumes, on le sait, sont bons pour la santé et surtout les tomates sont admirables pour les yeux. C’est cela aussi la femme, on ne sait jamais à l’avance avec une femme tout ce qu’elle va ramener du marché. Quand elle rentre au marché avec une liste, il lui est impossible de finir son marché sans ajouter quelque chose d’autre et c’est d’ailleurs ce qui fait que l’on dure au marché et les hommes ne comprennent rien.

Me voilà donc devant la vendeuse de tomate. A la question, combien coûte le tas de six tomates ?, elle a répondu ‘’200FCFA’’. Bon !!!!!!!! Comme j’ai fait des études, j’ai cru pouvoir embrouiller la vendeuse avec mes longues années de MARKETING puisque le tas de quatre tomates coutent 200FCFA alors je ramasse (03) trois tas de 200 à 500FCFA au lieu de 600FCFA. Je ne vous raconte pas sa réaction et j’avais intérêt à disparaître devant elle comme j’étais venue.
Juste à côté d’elle j’ai trouvé nos traditionnelles feuilles comme l’oseille, les feuilles de haricot, de ‘’Coumba’’ ( feuilles d’aubergine locale en Mooré) et je me suis dit que je change d’avis et je fais un ‘’babemda’’ (en Mooré), non, du ‘’Gonré’’ ( en Mooré), et pourquoi pas du ‘’Gnougou’’ (en Dioula).

Mais là aussi, impossible de payer les feuilles et les vendeuses trouvent que c’est la faute à la pluie car avec ses dernières fortes pluies, toutes les feuilles baignent dans l’eau il faut donc avoir de la chance pour avoir sur tes étales des belles feuilles ; et tout comme elles sont belles, elles sont aussi coûteuses.

Comment on va faire !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Allah prend pitié de nous !
Enfin, je voudrais dire que les prix flambent tellement de nos jours que le Burkinabé, jadis généreux, est devenu maintenant si égoïste et aigri qu’il est incapable de se permettre une famille élargie.

L’étape finale. Car, j’ai fini par acheter mes légumes avec une boule au ventre (car il faudrait que je jongle pour le reste de la semaine sur la popote) : le riz ; Ah mais pas n’importe quel riz, de la « brisure », les habitués savent de quoi je parle, de la vraie brisure car depuis un certain temps des petits filous ont jugé bon de réutiliser le sac de riz brisure pour nous vendre du vieux riz impropre à la consommation et sans vitamine au même prix de 12 500FCFA le sac de 25 kg. Cela uniquement pour gagner de l’argent. Qu’est ce que les commerçants ne font pas pour se faire de sous sur le dos des clients.

C’est pourquoi, je lance un vrai cri de cœur à la SONAGESS afin qu’il fasse connaître ses produits par l’ensemble de la population.
C’est là où je regrette ce temps de la « révolution » qui imposait à tout fonctionnaire des produits locaux (notre cher haricot vert, que dire du bidon de lait qu’on consommait).

Moi j’ai mangé le riz gras avec ma famille toute joviale, mes enfants souriants jusqu’aux oreilles. C’est ce qui manque à beaucoup de familles aujourd’hui au Burkina Faso. Car, nombreuses sont les familles qui ont des difficultés pour assurer « correctement « le quotidien de leur famille ».

Ce sont peut-être toutes ces situations difficiles qui amènent de nombreux chefs de famille à s’adonner à la consommation de boissons frelatées pour oublier leurs soucis
Qu’Allah vienne nous sauver de nos souffrances !!!!

B.

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2012 à 06:48 En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

    vous venez de dire une grande verite ,au temps de la revolution on n’avait pas ce problem,

  • Le 17 août 2012 à 07:13 En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

    Yako !!Trouvons des solutions parce que ça ne peut plus continuer comme ça. La société burkinabè est en pleine mutation, il y a des études et des rapports sur le sujet. Appuyons nous dessus pour sortir de cette crise.

  • Le 17 août 2012 à 10:11 En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

    Même le prix de la petite « adjoa » qui est passé de 200FCFA à la belle époque à, je ne sais combien (tu vas tout dire aujourd’hui là !)

  • Le 17 août 2012 à 14:03, par le visionnaire En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

    le problème au Burkina c’est le suivi des normes. il n’y a aucune vraie politique pour faire respecter toutes les décisions gouvernementales... Tout est reglementé au Faso mais rien ne s’applique rigoureusement...
    l’état a-til jetter l’éponge ? nous avons un taux de chômage qui dépasse le pourcentage...et qui peut être seulement référé en 0/000 (pour mille). le gouvernement pourrait recruter un très grand nombre de jeunes (tous niveaux confondus), les former et les dispacher sur tout l’étendue du territoire. ce serait une BRIGADE DE CONTRÔLE DES PRIX. et ça ne couterait pas bcq à l’État. avec le smic (environ 25000) qu’on leur proposerait comme traitement salarial je puis vous rassurer qu’aucun de ces jeunes desoeuvrés ou exerçant dans l’informel ne refuserait cette offre du gouvernement. et cela reduirait considerablement le desoeuvrement de nos frères et soeurs. ces jeunes auront l’obligation de produire des rapports hebdomadaires... et auront des superviseurs pour les surveiller de près dans leur travail... c’est comme ça qu’on arrive à une bonne gouvernance messieurs du pouvoir !

    • Le 17 août 2012 à 18:30, par Yes En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

      "Le problème au Burkina c’est le suivi des normes. Il n’y a aucune vraie politique pour faire respecter tous les décisions gouvernementales"

      Je partage l’idée contenue dans cette phrase. Et je vais ajouter pour ma part que les représentations que le burkinabè se fait de l’Etat est biaisé. Je pense que depuis quelques années, pour le citoyen, ’l’Etat doit’ mais pas lui. Toute la responsabilité est jetée à l’Etat et tout le monde, ou presque, se considère comme irresponsable.

      Je n’excuse pas du tout l’Etat mais je souligne que l’Etat, c’est nous tous au final. Un seul exemple : par rapport au prix fixé pour le sucre. Si les autorités étatiques décident de fermer des boutiques ou de sanctionner les propriétaires de ces boutiques, vous aurez des marches partout. L’Etat = autorités + citoyens. Mais si les deuxièmes se déresponsabilisent, il n’y a plus d’Etat ; il en est de même pour les premiers. Autrement dit, que chacun fasse ce qu’il attend de l’autre, c’est à dire sa part de responsabilité. C’est tout !

  • Le 17 août 2012 à 15:40 En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

    Le volatilité des prix est du au nombre d’intermédiaires. Avec le chômage beaucoup de gens se sont déguisés en commerçants. si bien que certains produits passent au minimum chez 5 intermédiaires avant le client final. Si chacun met sa marge, vous voyez ce que ça va donner.
    L’arrivée du cellulaire est une autre cause. les producteurs connaissant les prix de vente en ville fixent leur prix en connaissance, si bien même les commerçants sont dans la galère.

  • Le 21 août 2012 à 11:09, par femme sans revenu En réponse à : Se nourrir à Ouaga : Un casse-tête chinois aujourd’hui

    Huuummmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm !!!!

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