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Tahirou Barry, président du PAREN : « Notre Assemblée nationale est gravement malade dans sa représentativité et non dans ses effectifs »

Publié le vendredi 17 août 2012 à 00h26min

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A quelques mois des élections législatives et municipales couplées, c’est la veillée d’armes au sein des états-majors des différents partis politiques au Burkina. Dans cette interview que nous a accordée le président du Parti de la renaissance nationale (PAREN), Tahirou Barry, il est question des préparatifs du double scrutin au sein du parti. Il aborde également des sujets d’actualité nationale et fustige l’augmentation du nombre de députés tout comme le débat sur une éventuelle pension de retraite des députés.

Lefaso.net : Vous avez tenu un congrès extraordinaire le 04 août 2012 dernier, quel était l’objectif de cette rencontre ?

Tahirou Barry : Ce congrès était une opportunité pour nous de faire une revue générale de nos troupes sur le terrain avant l’assaut final vers les élections couplées. Vous savez que pour affronter des échéances aussi importantes, la meilleure arme reste l’organisation et la maîtrise des idéaux du parti. C’est ce qui a retenu l’attention de tous nos congressistes le 04 août dernier.

Lefaso.net : Quel bilan tirez-vous de la rencontre, peut-on dire que les objectifs ont été atteints ?

Tahirou Barry : Le bilan est satisfaisant. Le congrès a permis à nos responsables régionaux et provinciaux de mieux comprendre le PAREN dans sa doctrine, son idéologie et son programme à travers la communication du fondateur Laurent Bado et d’adopter une stratégie électorale pour les élections couplées de 2012 .Il nous a permis également de souder quelques ressorts cassés dans notre machine à travers la restructuration du Bureau Exécutif National ainsi que des structures provinciales du parti.

Lefaso.net : L’enrôlement biométrique des électeurs pour les élections couplées prendra fin le 16 août 2012 (interview réalisé le 15 aout), quelle a été votre contribution en tant que parti politique pour la réussite dans ce processus ?

Tahirou Barry : Nous avons mené une campagne de proximité auprès de nos militants et sympathisants. Le message était clair. Que les citoyens transforment leur colère et frustration légitime en tsunami électoral pour balayer le régime et ses affidés. Si le prochain gouvernement grâce au sursaut collectif de tous les laissés pour compte est dirigé par l’opposition, notre pays renaîtra et cela doit être le combat que chaque citoyen attaché aux valeurs de la république doit s’assigner au regard de la faillite générale des tenants actuels du pouvoir.

Lefaso.net : Peut-on dire que le PAREN est fin prêt pour aborder le scrutin du 02 décembre ?

Tahirou Barry : On n’est jamais fin prêt dans une démocratie comme la nôtre où la compétition électorale se mue très vite en une compétition de moyens et non d’idées et d’idéal. Les vertus ont peu de place dans notre système démocratique et des partis sans moyens comme le PAREN ne doivent pas trop rêver. C’est l’histoire qui nous récompensera un jour et pas les suffrages à venir. Nous nous contenterons de distiller notre message de vérité et de franchise et il appartiendra au peuple de s’assumer.

Lefaso.net : Dans certains partis, on parle de primaires pour désigner les candidats, quel sera le mode opératoire à votre niveau ?

Tahirou Barry : On n’a pas besoin de primaire chez nous. Nous faisons confiance à nos structures qui nous transmettront la liste des candidats à investir selon des critères inscrits dans nos statuts. La guerre de positionnement et de leadership n’aura pas lieu et n’a pas raison d’être dans un parti commis au service des autres et non de l’autre.

Lefaso.net : Le Mali, pays voisin du Burkina traverse une grave crise depuis quelques mois. La CEDEAO a confié au président du Faso, a-t-il des chances de réussir cette mission ou aurait-il dû décliner l’offre ?

Tahirou Barry : Blaise Compaoré a déjà échoué sa mission et doit en tirer toutes les conséquences. La crise au Mali est très complexe et ne saurait se résoudre à travers les gesticulations intéressées de notre président. Ce qui me révolte, c’est le fait qu’il se résolve chaque fois à éteindre les incendie de la sous région alors que son pays est lui-même ravagé par des incendies de problèmes esquivés ou mal réglés.

Lefaso.net : Que pensez vous des récentes reformes dans notre pays comme l’amnistie, la constitutionnalisation de la chefferie coutumière, l’institution du sénat et même l’augmentation du nombre de députés ?

Tahirou Barry : Peut-on parler d’amnistie sans savoir quoi amnistier ? Le PAREN estime que l’amnistie ne doit pas être le produit froid d’un acte législatif mais doit plutôt résulter d’un processus inclusif et franc de réconciliation nationale après un repentir sincère des coupables.
Sur la constitutionnalisation de la chefferie coutumière, pour nous, elle n’a aucun sens si elle ne reconnait pas la place et le rôle irremplaçable des chefs coutumiers dans le passage de la tradition à la modernité et si elle ne les exclut pas, du fait de leur statut particulier, de la politique partisane. Il faut un statut particulier de la chefferie coutumière qui définit sa place et son rôle dans la société en faisant d’elle un acteur privilégié du développement et la gardienne de nos valeurs culturelles.

En outre, pour éviter les conflits fratricides comme ceux de Guenon dans le Nahouri, le PAREN, soucieux de maintenir la paix et la cohésion de nos populations, pense qu’il y a urgence à tenir un forum national aux fins de collecte et d’écriture des procédures et modalités d’intronisation de tous les chefs sans exception sur toute l’étendue du territoire national. Cela permettra à l’administration d’accompagner la chefferie en veillant au respect des procédures établies chaque fois qu’il sera question de procéder à l’installation de chefs coutumiers.

Quant au sénat, il n’a pas sa place dans notre paysage institutionnel. Le bicaméralisme dans des pays de démocratie est le produit de leur histoire et non le résultat de calculs politiciens à des fins égoïstes. A-t-on besoin d’alourdir nos maigres charges budgétaires dans un pays où on a besoin de ressources pour affronter les défis du chômage, de la faim et la maladie ?

Lefaso.net : Le débat enfle sur une éventuelle pension des députés, quel est votre avis sur la question ?

Tahirou Barry : Une mesure des plus inopportunes. C’est certainement le résultat du mimétisme législatif avec ce qui se passe actuellement en France. On ne doit pas oublier que le mandat de député n’est ni un métier ni un emploi. C’est un sacerdoce qui a même été pendant longtemps gratuit en Angleterre. Ce n’est qu’une fonction temporaire qui ne s’accommode pas avec une pension de retraite. Imaginez d’ailleurs ce que ça coutera pour le budget de l’Etat surtout quand on considère la récente augmentation du nombre de députés comme si notre assemblée avait mal dans ses effectifs alors qu’elle est gravement malade dans sa représentativité.


Lefaso.net : Un coup de cœur ?

Tahirou Barry : Dans le cadre de ces élections, il faut que nos vaillantes populations apprennent à déterminer librement le port à atteindre et les voies à emprunter au lieu de se laisser berner par des vendeurs d’illusions sans foi ni loi qui ne pensent qu’à se servir et non servir l’intérêt général. Je vous dis aussi merci pour ce que lefaso.net accomplit comme travail riche et impartial dans le paysage médiatique. Que dieu vous bénisse.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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