LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Frédéric Lepez, 2e Conseiller de l’ambassade de France à Ouaga : « J’ai rencontré au Burkina Faso des interlocuteurs de grande qualité »

Publié le mercredi 15 août 2012 à 23h47min

PARTAGER :                          

Frédéric Lepez, deuxième conseiller et conseiller de presse de l’ambassade de France au Burkina Faso fait partie des diplomates français qui s’intéressent à l’Afrique, l’aiment, croient en ses possibilités d’émergence et semble travailler dans cette optique, sans coloration politique. Sur ses 18 ans de fonctionnaire du Quai d’Orsay, Lepez en a passé au total 11 ans sur le continent. Mieux, il s’apprête de nouveau à déposer ses valises diplomatiques dans un autre pays africain, la Guinée Conakry pour au moins trois ans ; cela après la Côte d’Ivoire (1997 -2000), le Sénégal (2000-2004) et le Faso (2008-2012).

Le diplomate français en fin de mission à Ouagadougou (sa mission s’achève ce 21 août 2012) a accepté ce 14 août, de nous livrer ses sentiments sur son séjour burkinabè et bien d’autres aspects de sa longue présence sur le continent. Pour Frédéric Lepez, L’Afrique a beaucoup d’atouts pour être le continent du 21e siècle, à conditions que les efforts en matière de bonne gouvernance soient poursuivis et qu’elle soit épargnée de l’instabilité et des extrémismes.

Lefaso.net : Après quatre ans passés à l’ambassade de France à Ouagadougou, vous vous apprêtez à quitter le Burkina. Globalement, comment appréciez-vous votre séjour au Faso ?

Frédéric Lepez : Mon séjour au Burkina Faso a été, sur le plan professionnel, très riche. S’agissant de la vie quotidienne, mon séjour a été très agréable car les Burkinabè sont très accueillants et ouverts.

Quels bons souvenirs gardez-vous du Burkina ?

Sur le plan professionnel, je voudrais souligner que j’ai rencontré, ici, au Burkina Faso, des interlocuteurs de grande qualité, que ce soit au sein de la classe politique, dans l’administration, au sein de la société civile et dans les médias. Le Burkina Faso compte des femmes et des hommes de grande valeur. C’est un constat que font tous ceux qui connaissent ce pays.

Je citerai aussi les cérémonies organisées à Bobo-Dioulasso pour la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de votre pays, en particulier le superbe défilé qui restera un souvenir inoubliable.
Les nombreuses visites de personnalité françaises ont également été des moments forts. Elles attestent de la qualité de la relation bilatérale entre nos deux pays, du dynamisme de la coopération entre collectivités locales françaises et burkinabè, ainsi que des relations très denses entre les acteurs de la société civile.

Durant mon séjour, j’ai ainsi comptabilisé 16 visites ministérielles, dont tout dernièrement (le 27 juillet 2012), celle du ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius. Il y a eu aussi celles de l’ancien Président de la République, M. Jacques Chirac, dans le cadre du Forum mondial sur le développement durable, de l’épouse de l’ancien chef de l’Etat, Mme Carla Bruni-Sarkozy, de deux prix Nobel (l’écrivain Jean-Marie Le Clézio et le physicien Claude Cohen-Tannoudji), des anciens ministres (Mme Rachida Dati, Mme Ségolène Royal…), des maires de grandes villes (Lyon, Bordeaux, Grenoble…).

Pour ce qui est des loisirs, j’ai aimé visiter les différentes régions du Burkina Faso, qui comptent plusieurs sites remarquables. Sans être exhaustif, je citerai la région de Bobo-Dioulasso, celle de Banfora, Nazenga, les parcs de l’Est, ainsi que mes promenades dominicales au parc urbain de Bangr-Wéoogo de Ouagadougou.

Et les mauvais souvenirs ?

La période des mutineries militaires de mars à juin 2011, que la communauté française a vécue aux côtés des Burkinabè, a bien sûr été difficile, et nous avons ressenti de la tristesse et de la compassion pour les victimes innocentes. Il y a eu aussi les grandes inondations du 1er septembre 2009 à Ouagadougou pendant lesquelles nous avons pu mesurer le courage des populations. Ces quelques semaines n’auront cependant constitué qu’une période assez brève sur les quatre années que j’ai passées ici.

Que retenez-vous de vos relations avec la presse burkinabè ?

J’ai un profond respect pour les media burkinabè en général et la presse en particulier, dont la production, déjà de qualité dans l’absolu, est remarquable si on la rapporte aux moyens dont elle dispose. Les principaux organes de presse burkinabè sont dirigés par de grands professionnels. J’apprécie en particulier, le sens des responsabilités dont la presse fait généralement preuve, en évitant les outrances et les invectives, et son ouverture sur le monde. Pour ce qui est de l’ambassade de France, je me suis efforcé, avec mes collègues du service de coopération et d’action culturelle, chaque fois que nous en avions les moyens, de soutenir les journalistes en finançant des actions de formation continue, sur place à Ouagadougou ou en France.

Vous allez quitter le Burkina Faso dans quelques jours. Quels sont vos sentiments en ce moment ?

Comme tous ceux qui ont eu la chance de vivre dans votre pays, je vais partir avec une image très positive du Burkina Faso et de ses habitants. Je vais aussi emporter quelques beaux objets d’artisanat qui me rappelleront au quotidien mon agréable séjour ici. Je continuerai, d’ailleurs, à suivre avec intérêt l’actualité dans votre pays, par le biais du Faso.net et des sites de vos confrères.

En jetant un coup d’œil sur votre parcours, je me suis rendu compte que vous totalisez déjà plus de dix ans de service en Afrique. Qu’est-ce qui vous motive à servir sur le continent ?

Je fais partie de ces diplomates spécialisés sur l’Afrique qui aiment ce continent et qui croient en son devenir. L’Afrique dispose de beaucoup d’atouts pour être le continent du 21e siècle, pour peu qu’elle poursuive les efforts déjà entrepris en matière de bonne gouvernance et qu’elle soit épargnée par l’instabilité et les extrémismes.

C’est sur votre demande d’ailleurs que vous avez été affecté en 2008 au Burkina Faso. Pourquoi ce choix du Burkina à l’époque ?

Le Burkina Faso est un pays qui a une excellente réputation et tous les témoignages recueillis auprès de mes collègues qui avaient servi dans ce pays étaient très positifs.

Si vous devez faire une comparaison entre les pays africains que vous avez servis jusqu’ici, lequel appréciez-vous le plus ?

Je me suis toujours fixé pour règle de ne jamais établir de comparaisons entre les pays dans lesquels j’ai travaillé ou que je visite à titre privé. Chaque pays à ses attraits et je garde d’ailleurs aussi un très bon souvenir de mes précédentes affectations en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

Pourquoi avez-vous quitté Abidjan en 2000 pour Dakar, votre départ était-il lié aux troubles politiques en Côte d’Ivoire à cette époque ?

J’étais en fonction en Côte d’Ivoire depuis trois ans lorsque j’ai quitté le pays, c’est-à-dire au terme de la durée normale d’une affectation. Et l’un des principaux projets de développement local que je devais mettre en œuvre dans l’ouest de la Côte d’Ivoire était également à son terme. Le contexte politique de l’époque, qui présentait déjà des incertitudes quant à l’évolution du pays, ne me semblait pas en outre propice à la mise en œuvre de nouvelles actions avec la même efficacité dans mon domaine de compétences, au cours d’une éventuelle dernière année.

L’ambassade de France à Conakry est votre prochain poste. Pourquoi la Guinée, l’avez-vous voulu aussi ?

Oui, c’est une affectation que j’ai choisie. La Guinée est un pays qui a un énorme potentiel, tout le monde le reconnaît.

Que pensez-vous de l’affaire Bigot ?

Vos confrères et vous avez interrogé le ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, à ce sujet lors de sa récente venue à Ouagadougou, et le ministre vous a répondu. Je n’ai pas de commentaire à faire à mon niveau puisque, comme le ministre l’a indiqué, lui seul engage la parole de la France.

Etes-vous affilié à un parti politique ?

Non, pas du tout, et de toute façon, un fonctionnaire est astreint à un devoir de neutralité et doit s’efforcer de servir son pays du mieux possible, quel que soit le gouvernement en place.

De quelle région de France êtes-vous originaire et quelle comparaison, si possible, avec le Burkina ou des régions du Faso ?

Je suis originaire du nord de la France, plus précisément de cette partie du Pas-de-Calais que l’on appelle le bassin minier car l’extraction du charbon y a constitué, pendant deux siècles, la principale industrie, et a marqué ses paysages, avec ses chevalets, ses terrils (montagne de charbon) et ses quartiers d’habitation qu’on appelle les corons. Je me réjouis à ce sujet que le bassin minier ait été inscrit le 30 juin 2012, au patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO. C’est une décision très importante pour cette région, qui fait la fierté de ses habitants, comme cela avait été le cas pour le Burkina Faso avec le site de Loropéni. Je vois à cet égard des similitudes de caractère entre les habitants de ma région d’origine et ceux du Burkina Faso, qui ont en commun leur abnégation dans le travail et leur sens de l’hospitalité.

Interview réalisée par Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 août 2012 à 00:11 En réponse à : Frédéric Lepez, 2e Conseiller de l’ambassade de France à Ouaga : « J’ai rencontré au Burkina Faso des interlocuteurs de grande qualité »

    Une manière française de rattraper les propos du "grand diplomate BIGOT" qui a fait couler tant d’encre et de salive. Pas mal la stratégie : opposer un homme de terrain à un homme de dossier.
    Mais mon plus grand reproche à l’ambassade de France (en plus de leur ingérence constante dans notre politique nationale : d’ailleurs ils sont la cause de la destabilisation de la sous région avec leur intervention en Libye), c’est la manière dont elle traite nos compatriotes qui vont pour un visa. Et personne ne dit rien. Tellement humiliant et méprisant !
    Il a fallu que l’on refuse le visa à Halidou Ouedraogo pour qu’il convoque une conférence de presse et dénonce. Comme si c’était nouveau.
    Si les Français aiment les Burkinabè, qu’ils les respectent. C’est notre plus grande valeur dans ce pays.

  • Le 16 août 2012 à 02:27, par gourvernance c’est pas gouvernance En réponse à : Frédéric Lepez, 2e Conseiller de l’ambassade de France à Ouaga : « J’ai rencontré au Burkina Faso des interlocuteurs de grande qualité »

    MR LEPEZ . Quand vous dites que vous n’avez pas la carte d’un parti politique. et qu’un fonctionnaire doit observer la neutralite, là on peut parler de bonne gouvernance, cela sous-entend que vous diplomate de formation. ça c’est bien. Ici il faut pour beaucoup qui veulent la promotion ,etre en contradiction avec ses propres valeurs morale et educative.en conclusion , la logique veut que si on empecher un fonctionnaire d’acceder a une promotion par merite sous pretexte qu’il est imprevisition en terme clair qui refuse d’etre un valet a la solde d’un parti politique du meme coup on comprend aisement qu’ils sont nombreux ceux qui font l’objet de faveur pour avoir des promotions sans merite. des preuves j’en ai.

  • Le 16 août 2012 à 10:36, par artur En réponse à : Frédéric Lepez, 2e Conseiller de l’ambassade de France à Ouaga : « J’ai rencontré au Burkina Faso des interlocuteurs de grande qualité »

    Pauvre de ce journaliste, qu’est ce qu’on a foutre qu’un français aime l’Afrique ou pas ? cet article est fortement teinté de complexe infériorité et de soumission de la part du journaliste, normal qu’on nous traite mal pour les visas si nous même nous nous prenons pour des indigènes !

    • Le 16 août 2012 à 11:53 En réponse à : Frédéric Lepez, 2e Conseiller de l’ambassade de France à Ouaga : « J’ai rencontré au Burkina Faso des interlocuteurs de grande qualité »

      M. Artur, on peut à la limite comprendre que vous soyez anti français ou même aigri contre la France, mais de là à s’en prendre à un simple journaliste qui n’a fait que son travail ; il y a un pas à ne pas franchir. Mais, vous l’avez fait, submergé certainement par votre aigreur. Sachez simplement ceci : le journalisme,ce n’est pas le racisme ;le journalisme, c’est aussi cette possibilité pour le journaliste de donner la parole à toute personne qu’il juge bon, quelle que soit la communauté de cette personne. Sa communauté peut être aimée ou détestée,ce n’est pas un problème pour le journaliste. Cela s’appelle la liberté de presse, mon cher Arthur.Tu peux dire ce que tu veux parce qu’on te reconnaît la liberté d’expression, mais c’est comme ça le metier. Grégoire

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique