Venu avec une horde de militants acquis à sa cause, le patron de l’ADF-RDA et ses ouailles ont transformé cette cérémonie qui se voulait administrative en une opération de marketing politique. Après avoir rempli les formalités, Gilbert Noël Ouédraogo et ses lieutenants ont convergé vers le village de Soubo, pour l’enrôlement du président d’honneur du parti, Gérard Kango Ouédraogo.

Comme s’ils s’étaient laissé surprendre, les responsables du CDP ont voulu donner la réplique en se mobilisant massivement aux environs de 14 heures pour marquer l’enrôlement de leur nouveau mentor, Yacouba Barry.

Accompagnés par le maire de la commune, également secrétaire général de la section provinciale du CDP au Yatenga, le président du Conseil régional, Aboubacar R. Savadogo, les CDPistes ont aussi exigé que l’enrôlement de leur répondant au sein du bureau exécutif national se fasse officiellement. Il a fallu patienter pour attendre l’arrivée du Secrétaire général de la région, celui-là même qui était à côté de Gilbert le matin avant que le ministre de l’Habitat ne remplisse les différentes formalités consacrant son enrôlement. Ces spectacles que les leaders des deux partis ont donnés à voir augurent déjà la chaude ambiance qui règnera au cours de la campagne de ces élections couplées de décembre 2012. Retirer la gestion du conseil municipal des mains de son rival au soir de ces élections, c’est l’ambition du parti de l’éléphant et il multiplie des dotations pour s’attirer des militants (don de vivres par le président du parti aux différentes communautés religieuses, offre de plus d’une trentaine de vélos aux accoucheuses villageoises de la commune de Ouahigouya par son épouse).

A vrai dire, si l’enrôlement des deux responsables des partis adverses a été une démonstration de force, ils n’ont pas mis le même enthousiasme dans la mobilisation de la population à suivre leur exemple. A la suite de Yacouba Barry, Boureima Badini, pressenti pour diriger la campagne électorale au compte du parti au pouvoir, s’est attribué au cours de la matinée du mercredi 1er le sésame qui lui ouvrira les portes d’un des bureaux de vote au secteur 9 de Ouahigouya. L’ancien leader de ce parti au Yatenga , Salif Diallo est venu sans tambours ni trompettes remplir son devoir, le vendredi 03 août au secteur 10 de Ouahigouya . Jouissant toujours d’une aura, l’ancien maître à penser du CDP dont la cour à été prise d’assaut à son arrivée a été accompagné par certains de ses fidèles à son lieu d’enrôlement.

A entendre les agents des démembrements de la CENI, dans les bureaux de vote des différents secteurs de la commune de Ouahigouya, le bilan de l’enrôlement est en deçà des attentes. Les grands cadres des partis en compétition n’auront pas montré beaucoup de dévouement dans la mobilisation de la population pour l’enrôlement.

Grosses suspicions de fraudes

Des le premier jour du lancement de l’enrôlement biométrique à Ouahigouya, des bruits ont commencé à courir dans la ville invoquant des fraudes. Les partis politiques d’opposition se sont mis aux aguets. Dans certains milieux, on susurre que des piles d’extraits de naissance ont été remis à des mineurs pour se faire enrôler. Ces soupçons ont été confirmés le mercredi 2 août 2012. Une fillette, mineur de surcroit a été pris dans un bureau de vote au secteur 5. Elle possédait par devers elle un extrait de naissance ne appartenant pas. Elle a été conduite à la gendarmerie. Les responsables des partis politiques se rejettent la responsabilité de ces fraudes. L’enquête engagée par les forces de l’ordre nous en dira plus. Des militants des deux partis rivaux, l’ADF-RDA et le CDP auraient été entendus par la gendarmerie. Un de l’ADF-RDA tombé malade chez les pandores a été évacué par les sapeurs pompiers au CHR de Ouahigouya.

Le danger dans cette affaire, selon un des commissaires de la CENI, est que les mineurs qui se laissent embarquer dans cette histoire risquent de compromettre leur avenir à jamais. Leurs empreintes digitales seront affichées dans les bases de données de l’Office nationale d’identification et il sera impossible pour ces complices de la fraude électorale de se faire établir une pièce d’identité quand ils seront majeurs. Comme pour dire qu’ils traineront leurs fausses identités à vie. On a l’impression que la fraude électorale fait partie des mœurs de deux grands rivaux à Ouahigouya. Lors des élections précédentes, cette pratique n’offusquait personne. Voilà encore qu’on vient de mettre à nu les limites de la biométrie au nez et à la barbe des commissaires de la CENI. Quelle honte pour les acteurs des deux partis rivaux l’ADF-RDA et le CDP qui se dénoncent, alors qu’au fond tous les deux s’adonnent allègrement aux pratiques frauduleuses.

Le secteur 7 l’épicentre des altercations et de la fraude électorale au cours des consultations électorales passées, n’a pas failli à sa réputation. C’est de ce secteur que les dénonciations de détention d’actes de naissance par des mineurs ont commencé avant de se repandre comme une trainée de poudre dans les autres secteurs (8, 6 , 5, 9). La gendarmerie y a fait tour à plusieurs reprises suite à des appels téléphoniques. Dans les différents bureaux d’enrôlement, des opérateurs disent avoir eu à refuser d’enrôler des jeunes munis d’actes de naissances de personnes ayant le double de leurs âges. Les tentatives de fraude sont loin d’être une vue de l’esprit dans la cité de Naba Kango. Espérons que les réseaux seront démantelés et les commanditaires recevront une punition conformément aux dispositions du code électorale.

Par Ben Ahmed Ouédraogo

Peu d’engouement au 5ème jour

Le bilan de l’enrôlement biométrique dans la province du Zondoma à la date du mercredi 1er août 2012 (il a débuté le 27 juillet 2012) ne donnait pas beaucoup de satisfaction. A cette date, le président de la commission électorale provinciale (CEPI) du Zondoma, Oumar Ouédraogo, estimait à environ 24625, les personnes qui se sont fait enrôler pour un potentiel de plus 88000 électeurs.

Le commissaire Abdoul Sango a, de ce fait, invité les responsables de la CEPI à redoubler d’initiatives pour que les citoyens en âge puissent se faire établir leur carte d’électeur. Le premier responsable de la commission provincial et les membres de la commission communale avaient pris les devants en initiant une rencontre avec les leaders locaux des partis politiques pour leur faire le bilan de l’enrôlement au cours des 05 jours et les inviter à jouer le rôle qui est le leur pour amener les électeurs à s’enrôler. Une liste de villages où la situation était critique a été remise aux représentants des partis. Aux dires du président de la CEPI du Zondoma, la faible mobilisation des électeurs n’est pas liée à des pannes techniques. Il a précisé que quelques pannes constatées au départ dans des villages comme Kontigué, Minima ont été réparées.

La CEPI a eu la confirmation avec le commissaire de la CENI de la possibilité de s’enrôler avec les actes de naissances établis en Côte d’ Ivoire. Le président de la CEPI/Zondoma ne cache pas le dévouement de ses camarades pour la réussite du processus d’enrôlement. Seul fait handicapant, le manque de carburant pour les déplacements. Abdoul Karim Sango tout en reconnaissant la justesse de la revendication a vite fait de préciser que même au niveau national, les commissaires vivent ce problème. Il a invité les agents des structures décentralisées au Zondoma à faire de leur mieux en attendant une dotation qui ne saurait tarder.

Au moment de notre passage dans un des sites d’enrôlement au secteur 3 de Gourcy, lieu où le député Tahéré Ouédraogo, annoncé comme prétendant au fauteuil de la mairie de Gourcy a accompli son devoir civique, on enregistrait environ 800 personnes enrôlées. Les opérateurs chargés de la conduite de l’exercice jugent la participation satisfaisante. Visiblement au 5éme jour, certains opérateurs montraient des signes de fatigue. L’équipe de santé de la CENI se démenait pour leur apporter les soins nécessaires. Abdoul Karim Sango, lui ne cessait de faire appel aux suppléants pour qu’ils occupent les places de ceux qui sont indisposés.

Dans les secteurs de la commune de Gourcy agents des démembrements de la CENI tout comme les représentants des partis politiques trouvent le taux de participation à l’enrôlement acceptable. Ils ont par contre des appréhensions quant à la participation dans les villages. Tous ceux qui échangeaient avec le commissaire de la CENI, voulaient s’assurer de l’organisation d’une deuxième opération d’enrôlement après celle-ci. Une éventualité que le commissaire Sango n’écarte pas. Mais avant dira-t-il, il faut faire le bilan de la première phase avec l’ensemble des acteurs, avant de se prononcer sur les modalités pratiques d’une deuxième opération.

Par Bendré