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Afrique : A quoi servent les élections présidentielles ?

Publié le jeudi 4 novembre 2004 à 07h25min

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Pour les dirigeants politiques africains, la philosophie des élections se résume dans les propos, désormais célèbres, tenus par le président congolais Pascal LISSOUBA : "on n’organise pas des élections pour les perdre" (1).

Cette année 2004 verra de l’élection présidentielle au Cameroun (elle a déjà même eu lieu le 11/10/04) Paul BIYA, au pouvoir depuis 1982, vient de s’octroyer un autre mandat de sept ans à l’âge de 72 ans devant une opposition divisée. Cela lui fera, si il va au bout de son mandat, 29 ans de pouvoir.

Que se passera t-il après BIYA ?

Il est aussi prévu des élections en Tunisie le 24/10/04 et au Niger le 13/11/04 (surtout présidentielles). En Côte-d’Ivoire, l’élection présidentielle est prévue pour 2005, dans un pays divisé en deux depuis septembre 2002.
Le long règne de Houphouët (33 ans) n’aura servi à rien, sitôt après sa mort, le pays est plongé dans le chaos. Au Tchad, en Guinée Conakry, en Tunisie... les constitutions ont été tripatouillées, tripotées, taillées sur mesure pour que Débi, Conté, Ben Ali... restent éternellement au pouvoir.
Au Gabon, Bongo est au pouvoir depuis le 28 novembre 1967, après la mort de Léon M’BA premier président.
Mobutu, après un long règne de 35 ans fut chassé du pouvoir en 1997, en laissant un pays totalement ruiné qui mettra certainement des générations entières pour retrouver un semblant d’équilibre.

La Somalie est devenue un Etat néant après le départ du Général Siad Barré. Il y a le voisin togolais Eyadéma qui est pratiquement un président à vie et on n’a pas besoin de jouer au sable pour savoir que l’après Eyadéma sera dur pour le Togo et la sous-région (cf les effets collatéraux de la crise ivoirienne en Afrique de l’Ouest).
Au Bénin, des thuriféraires sont en train de pousser Kérékou à tripoter la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Seuls Alpha Omar Konaré et Nelson Mandela ont su résister aux sirènes des pouvoirs éternels. Il faut leur rendre hommage.

Le trucage électoral est massivement pratiqué dans la plupart des pays africains avant, pendant ou après les élections.
Au Burkina Faso, pour l’élection présidentielle qui aura lieu en 2005, il y a des intellectuels du dimanche pour soutenir et prédire que sans Blaise Compaoré, le pays va disparaître comme au temps de Noé.

La candidature de Blaise Compaoré

Il ne se passe pas un jour sans que des groupes de toutes sortes et de toutes natures ne poussent à la candidature de Blaise à travers la presse. Il n’est un secret pour personne que Blaise sera candidat, pas besoin de lire dans le marc de café pour le savoir.

Pourtant l’histoire récente nous enseigne dans le monde et en Afrique que les peuples triomphent toujours des dictatures, cela est une donnée dialectique incontournable.
Dans le monde, on a vu le Chah D’Iran, qui avait la troisième armée du monde (après L’U.R.S.S. et les U.S.A) être vaincu par un vieillard (l’Imam Khomeiny)
Les dictatures sanguinaires de l’Amérique latine (Brésil, Argentine, Bolivie, Pérou..) du "plan condor" ont été emportées par des soulèvements populaires.

En Afrique, l’Empereur Bokassa, Moussa Traoré, Mobutu, Idi Amine Dada, Siad Barré, Charles Taylor, Sani Abacha... qui ont marqué dans la négation l’évolution du continent, sont aujourd’hui dans les poubelles de l’histoire, certains attendent de passer devant des juridictioins internationales.
Tous ces errements des dictateurs africains ont conduit partout sur le continent à des situations explosives (impunité, corruption, misère, chômage massif des jeunes, Sida...) à la désintégration et au délabrement des services essentiels de base sous les injonctions du F.M.I. et de la Banque Mondiale à travers leur P. A. S, (santé, éducation...).

"Le secteur de la santé est un des plus typiques de ce délabrement. Seuls les privilégiés ont une protection et un accès à un minimum de soins de qualité (2) la grande majorité de la population n’a accès qu’à des soins payants et de très mauvaise qualité.

La corruption et le favoritisme règlent partout les relations avec les soignants. Cabinets privés et colportage illicite de médicaments prospèrent alors que le service public de santé est dans la profonde misère.

Mais le tableau de l’enseignement, de plus en plus dégradé du primaire au supérieur n’est guère meilleur. Ni celui de la justice, discréditée par sa vénalité et sa soumission aux ordres du pouvoir. Aucune des fonctions essentielles d’un Etat n’est véritablement remplie en Afrique, aucun des services qu’un Etat doit rendre aux citoyens n’y est assuré de façon tant peu satisfaisante".

DEM Hamadou

Tel : 50 35 19 89

1) Lire "Errements des démocraties balbutiantes"
Des dictateurs africains sortis des urnes.
Le monde diplomatique (Novembre 97 PP 12-13)

2) Lire "L’espoir toujours repoussé d’une démocratie authentique"
"Dramatique déliquescence des Etats en Afrique."
Le monde diplomatique (de Février 2000 par J.P.O.
de SARDAN PP 12-13)

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