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Côte d’Ivoire : C’est la confiance qui manque le plus

Publié le jeudi 4 novembre 2004 à 07h25min

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DDR. C’est le sigle que l’on entend de plus en plus sur le continent africain notamment dans les pays en guerre ou ayant vécu ce genre de situation. Il a été forgé par les Nations unies et signifie désarmement, démobilisation et réinsertion et s’adresse aux anciens combattants.

De la République démocratique du Congo au Liberia en passant par la Côte d’Ivoire, il est actuellement question de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, donc de mise en oeuvre du DDR. Toutefois, son application connaît des fortunes diverses. Le dernier revers en date est le Liberia où, à quelques jours de l’échéance du désarmement des combattants des différentes factions, des heurts ont opposé à Monrovia des éléments du LURD (Libériens unis pour la restauration de la démocratie) à d’autres, présentés comme étant des partisans de l’ancien président Charles Taylor.

Après le retour au calme suite à l’imposition d’un couvre-feu, l’on a dénombré 18 morts et de nombreux blessés. Manifestement, tout le monde n’a pas désarmé ou a feint de désarmer en remettant à la mission de l’ONU dans ce pays une partie de son arsenal, contre quelques dollars, en gardant soigneusement l’autre partie au cas où. Certains combattants se sont même contentés de remettre des pétards mouillés. Qui est fou serait-on tenté de dire ? Il est un fait que la confiance est ce qui manque le plus entre les factions qui se sont combattues pendant longtemps.

Chacune soupçonne l’autre de n’avoir pas remis toutes ses armes et redoute d’être à sa merci si elle désarme complètement. La bataille de la confiance est à gagner impérativement pour que le processus puisse connaître un succès. A ce niveau, on pense à la Côte d’Ivoire où le désarmement, censé se terminer le 15 octobre 2004, n’a pas encore connu le moindre début de commencement. Les Forces nouvelles rechignent à déposer les armes de peur d’être réduites à néant par le camp d’en face, le pouvoir d’Abidjan qui, selon des rumeurs de plus en plus persistantes, se surarme.

Les anciens rebelles, c’est un secret de Polichinelle, redoutent aussi que les réformes à entreprendre ne le soient jamais par Laurent Gbagbo une fois qu’ils auront déposé les armes. Dans cette situation, le DDR est à plaindre et la paix définitive et durable se fait toujours attendre.
Le processus n’est guère mieux en République démocratique du Congo, cet autre Etat qui a mal à sa cohésion depuis la chute du dictateur Mobutu. Les belligérants ont certes été forcés à s’entendre, mais d’autres, qui refusent de rentrer dans les rangs, remettent en cause de temps en temps le fragile climat de paix.

Les armes qui devraient être remises entièrement à l’ONU ne le sont pas, d’où leur crépitement de temps à autre. Au regard de ces exemples, l’on se demande s’il est possible de désarmer complètement les combattants d’un conflit. Jusque-là, on aura essayé beaucoup de choses sans pour autant y parvenir. Même l’argent versé à ceux qui déposent volontairement les armes, ne semble pas toujours être un argument dissuasif pour renoncer à leurs velléités guerrières. Outre la bataille de la confiance évoquée ci-dessus, une autre qui mérite d’être gagnée est celle de la sécurisation générale de l’environnement des combattants. En effet, il faut un contexte sécurisé pour, par exemple, permettre d’investir l’argent du désarmement.

A défaut, l’on assiste à une difficile reconversion des anciens combattants qui finissent par embrasser à nouveau le métier qu’ils savent faire le mieux à savoir celui des armes. Toutefois, ne désespérons pas complètement car la Sierra Leone est un exemple qui éclaire un tableau d’ensemble peu reluisant.

Minutieusement, le retour à la paix s’effectue dans ce pays qui a été aussi ravagé par une guerre civile. Sous la houlette de l’ancienne puissance colonisatrice, le Royaume-Uni, le cessez-le-feu, le désarmement des belligérants, la réconciliation, etc. se sont déroulés sans trop d’accrocs. Sans oublier le jugement des criminels de guerre pour vraiment sceller à nouveau l’unité et la réconciliation nationales. Alors, pourquoi donc ne pas s’inspirer tout simplement de cet exemple ?

Le Pays

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