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Thèse de Doctorat en médecine : Dr Seydou Nakanabo-Diallo s’attaque à la pharmacovigilance combinaison Artesunate-Amodiaquine (ASAQ)

Publié le mercredi 1er août 2012 à 00h18min

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Le paludisme est l’une des principales causes de mortalité en Afrique. Au Burkina Faso, le médicament le plus souvent administré aux patients est la combinaison Artésunate + Amodiaquine (ASAQ). L’efficacité de ce traitement est, certes, avérée, mais sa prise est quelques fois accompagnée d’effets indésirables (vertiges, les céphalées, l’anorexie…) chez certains patients. Dans le cadre de la soutenance de sa thèse en vue de l’obtention du grade de Docteur en médecine, Seydou Nakanabo-Diallo s’est intéressé à ces effets indésirables à travers le thème : « La pharmacovigilance de la combinaison Artesunate-Amodiaquine (ASAQ) dans le traitement du paludisme simple dans le district sanitaire de Nanoro au Burkina Faso ». Ce travail scientifique présenté le 30 juillet 2012 à l’université de Ouagadougou a valu à l’impétrant la mention très honorable avec les félicitations du jury.

Son travail a consisté à suivre des patients qui ont reçu la combinaison Artesunate-Amodiaquine (ASAQ) pendant 28 jours pour collecter l’ensemble des manifestations indésirables qui surviennent après la prise de ce médicament. Une étude qu’il a menée en deux volets. Le premier a consisté en « une surveillance active où on inclut le patient et on le suit pendant 28 jours avec des rendez-vous obligatoires aux 7e, 14e et 28e jours pour collecter les effets indésirables ». Pour le second volet, « nous avons juste sensibilisé le patient et l’avons encouragé à revenir rapporter la survenue d’un évènement indésirable après la prise du médicament ». 1305 patients étaient concernés dans le groupe des patients suivis activement et 3014 patients dans celui des patients suivis passivement, mais seulement 101 sont revenus rapporter des évènements indésirables. C’est donc 1406 patients qui ont constitué l’échantillon qui a servi à Seydou Nakanabo-Diallo pour son analyse.

Pour une étude qui doit durer deux ans, l’impétrant a procédé à l’analyse des données de mai 2010 à mai 2011 qui constituent les résultats à mi-parcours. L’analyse des données montre que ce sont les vertiges, les céphalées, l’anorexie… qui étaient les effets indésirables les plus fréquemment rencontrés chez les adultes. Ce qui permet au désormais Docteur Nakanabo-Diallo de soutenir que « les effets indésirables de ces médicaments sont de faible intensité, essentiellement d’effets légers à modérés à 94% ».

Par contre, chez les enfants, « il y a une difficulté d’évaluation des effets indésirables des médicaments ce d’autant plus que les enfants ne peuvent pas s’exprimer. Il y a donc une pauvreté en termes d’effets indésirables chez les enfants. Ce qui fait que les tendances ne sont pas objectivement interprétables pour le moment », précise-t-il.

Au nombre des difficultés rencontrées dans la réalisation de cette thèse, il y a le fait que les patients suivis passivement ne reviennent pas spontanément pour rapporter les résultats, d’où « une sous-notification des effets indésirables ». Autre difficulté : c’est la rupture de l’ASAQ dans les formations sanitaires observée au début de l’étude. Une rupture qui aura duré entre 2 et 3 mois, « ce qui a fait que l’étude n’a pas atteint la taille de l’échantillon prévu », reconnait-il.
« Le document est très bien rédigé, agréable à lire… c’est suffisamment rare pour être souligné », ont reconnu l’ensemble des membres du jury. Certains ont même soutenu que c’est la première fois qu’ils participent à la soutenance d’une thèse aussi bien rédigée au sein de la faculté de médecine.

Aucune faute d’orthographe ou de syntaxe n’a été relevé et l’analyse des données a été jugée digne d’un chercheur. Le candidat a donc été déclaré digne du grade de docteur en médecine avec la mention très honorable avec les félicitations du jury. Il a immédiatement sacrifié à la prestation du serment d’Hippocrate.

Ce travail scientifique de haut vol était co-dirigé par un médecin (le Général de division, Pr Robert T. Guiguemdé) et un pharmacien (Halidou Tinto, maître de recherche) d’autant plus que le thème se rapporte aussi bien à la pharmacie qu’à la médecine. « C’est le médecin qui prescrit le médicament, il faut donc qu’il maîtrise le médicament en termes d’effets thérapeutiques, en termes d’efficacité escomptée mais aussi, bien maîtriser les effets indésirables », estime Dr Nakanabo-Diallo.

Désormais docteur en médecine, Seydou entend avancer dans la recherche, et surtout le côté tolérance des médicaments, avec l’œil du médecin. Ce domaine est peu exploré car « la tolérance ne fait pas partie des priorités des laboratoires le plus souvent ». « Mon souhait, c’est de pouvoir mieux m’outiller dans ce domaine pour pouvoir apporter ma contribution dans le renforcement et dans le dynamisme de la pharmacovigilance au Burkina Faso », conclut-il.

A 29 ans, Seydou Nakanabo-Diallo offre au Lycée départemental de Kiembara (ouvert en 1995) dans la province du Sourou son premier « Docteur ». Parents, amis et anciens de cet établissement n’ont ménagé aucun effort pour être des témoins privilégiés de l’évènement.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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