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Editorial de Sidwaya : Plantons pour survivre !

Publié le lundi 30 juillet 2012 à 00h18min

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Le Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao a consacré ses deux derniers week-ends à la plantation d’arbres. Loumbila dans la province de l’Oubritenga et Pouni dans le Sanguié, sont les deux localités où M. Tiao s’est rendu pour mettre en terre des plantes. De leur côté, à renfort de couvertures médiatiques, les ministres et leurs collaborateurs ont commencé à planter des arbres sur des grands espaces appartement à leur département.

Cette nouvelle activité gouvernementale est une instruction « ferme » du chef de l’Etat, Blaise Compaoré qui a demandé à chaque ministère et institution du Faso, de planter pendant cette saison hivernale « au moins 1000 arbres » dans la cour ou dans un terrain appartenant audit ministère ou institution.

Mais le Président du Faso ne s’est pas limiter à là. Il a instruit que chaque plant soit entretenu comme il se doit. Voilà qui est clair. Et comme un seul homme, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao et les membres de son gouvernement s’activent depuis quelques jours à travers champs et bois afin que cette instruction du chef de l’Etat prenne corps.

Si l’on compte le nombre d’institutions et de départements ministériels que compte notre pays, c’est au bas mot quelques 40.000 arbres utilitaires ou non qui seront plantés d’ici à la fin août. Même si le chef de l’Etat n’a pas dit ce qu’encourent les contrevenants ou ceux qui traîneraient les pieds, peut-être que le président d’institution ou le ministre qui n’aurait pas atteint cet objectif sera privé de vacances en 2012, où du moins, qu’au lieu de 1000 plantes, le nombre d’arbres à planter passe à 2000 l’année prochaine.

Mais pourquoi tout le monde s’alarme, le président Compaoré en premier, de la disparition du couvert végétal dans notre capitale et dans nos villes ? Depuis un certain temps, la plupart des ministères, institutions, services privés et publics ont entrepris la pose de pavés dans le cadre de la propreté, de l’assainissement et de l’esthétique. Cette mesure qui est à saluer et à amplifier ne s’est pas toujours fait au bénéfice de la protection de l’environnement, bien au contraire. Certains ont fait arracher les arbres, d’autres les ont tellement mal taillés que la saison sèche venue, ces arbres ont simplement crevé. Par ailleurs, l’exécution des travaux publics telles que les constructions de routes, d’ouvrages hydroagricoles, de bâtiments administratifs ou d’immeubles privés ou publics a toujours été accompagnée d’une transformation radicale de l’écosystème avec son lot de destructions d’arbres qui ne sont ensuite peu ou plus replantés malgré les recommandations des cahiers des charges.

En clair, l’urbanisation fulgurante des villes comme Ouagadougou, qui s’étendent de long en large en engloutissant des villages entiers sur leur passage, s’accompagne malheureusement de la disparition du couvert végétal, des biotopes et des ressources naturelles. Ce n’est pas "au temps du colon", où chaque cour de bâtiment administratif ou chaque résidence officielle ou privée ressemblait à un mini-bosquet.
Bien que les cahiers des charges le prévoient le plus souvent, personne ou presque, ne songent jamais à reconstituer ou même à replanter les arbres qui ont été coupés, arrachés ou détruits pour ériger ces infrastructures. De même, l’accroissement des quartiers précaires, communément appelés « zones non loties » aggravent la dégradation de la nature car, non seulement le couvert végétal est détruit pour faire place aux habitats précaires mais aussi les arbres sont détruits pour être transformés en poutres, en bois de chauffe ou en charbon de bois.

Plus grave, nos maires, sous le prétexte de pressions des demandeurs de parcelles, ont trouvé comme sport favori, la déclassification, puis la parcellisation de nos espaces verts, soit par simple cupidité, soit pour satisfaire amis, proches, camarades de partis, ou simplement pour répondre aux désidérata d’un gros opérateur économique ou d’un nouveau riche.
A Ouagadougou, la ceinture verte qui était censée protéger la capitale contre la pollution, les intempéries notamment les tempêtes de sable qui accompagnent l’harmattan a été malheureusement en partie parcellée dans certains arrondissements. Cette ceinture verte est aujourd’hui menacée de disparition si aucune action n’est entreprise pour sa réhabilitation. D’ailleurs, cette ceinture insuffisamment protégée est le lieu où certaines familles vont récolter leurs bois de chauffe.

Dans un tel contexte, l’appel du chef de l’Etat à planter des arbres et surtout à les protéger à travers le slogan « Plantons utile » est la bienvenue. Au lendemain du Sommet Rio+20 où les dirigeants du monde ont montré leur peu de souci pour l’avenir de la Planète, l’action du chef de l’Etat est un engagement important dans la protection de l’environnement.
Dans un pays aussi désertique que le Burkina Faso, les actions de ce genre peuvent aider à redonner de l’allant au couvert végétal. Ce projet « Un ministère et une institution, un bosquet » est une suite logique de celui lancé en 1994 par le chef de l’Etat dans le cadre des Engagements nationaux. L’opération « Plantons utile » pourrait être une belle opportunité pour les ministères de l’Administration territoriale et de l’Environnement de faire l’évaluation du projet « Un village, un bosquet ».

Ce projet visionnaire gagnerait à être (re)dynamiser par les différents conseils municipaux car, tous les spécialistes s’accordent à dire que le Burkina Faso est fortement exposé aux effets néfastes des changements climatiques. Rien que mardi dernier, la pluie qui s’est abattue dans la capitale a ravivé chez bon nombre de Ouagavillois, les angoisses du 1er septembre 2009 qui avaient détruit 24.372 habitations et fait plus de 110.00 sinistrés.

A une grande échelle, la raréfaction et l’épuisement des ressources naturelles pourraient causer à moyen ou à long terme une baisse de la production alimentaire, et par conséquent exacerber l’insécurité alimentaire comme celle que nous vivons actuellement. De même, le manque de couvert végétal, risque de provoquer les conflits agriculteurs-éleveurs et autochtones-allogènes. Car, tant que les ressources naturelles sont insuffisantes à partager entre différents groupes, on s’exposera tôt ou tard à des conflits plus ou moins graves.

Nul besoin de le rappeler d’ailleurs, que l’économie du Burkina Faso basée essentiellement sur l’agriculture, donc sur les ressources naturelles peut s’écrouler à tout moment si nous poursuivons la même gestion de ces ressources. En effet, outre les conflits de tout genre auxquels nous pourrions être exposés en cas de protection insuffisante des ressources naturelles, notre système économique pourrait s’effondrer à telle point que n’importe quelle aide extérieure, même des plus importantes ne pourrait nous tirer d’affaire. Pour nous Burkinabè qui devons pour notre survie par la protection de l’environnement, protéger la nature revient à assurer notre propre destin. L’appel donc du chef de l’Etat sonne comme un hymne.
Peut-être qu’il est temps que les espaces verts soient davantage encadrés et que l’on durcisse davantage les conditions de déclassification afin d’éviter les "deal" sur ces espaces, sources d’oxygène pour les populations.

Comme certaines espèces végétales qui bénéficient déjà d’une protection spécifique dont la transgression donne droit à de sévères sanctions aux contrevenants, le Burkina Faso devrait déclarer tous les arbres des villes, espèces protégées à ne couper que par des réglementations strictes. Comme cela, nos villes seront mieux reverdies. Il en est de même des bosquets. Chaque conseil communal dès la première année d’exercice devrait pouvoir en ériger un ; Ainsi, il aura le temps et s’accordera les moyens de l’entretenir jusqu’à la fin de son mandat. "Un conseil municipal, un bosquet" pourrait renforcer le projet "une commune, un bosquet".
Pour le cas présent, à travers ces appels en faveur de la protection de l’environnement, le chef de l’Etat souhaite un changement total dans les habitudes, les politiques, stratégies et programmes de développements des villes et campagnes du Burkina Faso mais aussi dans les institutions et départements ministériels de notre pays.

En effet, lui-même incarne cette protection de l’environnement. Il suffit simplement de faire un tour du côté de Kosyam, à la présidence du Faso, pour se rendre compte de la symbiose et cet amour parfait entre l’homme et la nature

Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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